« Nous resterons
, avec la force de Dieu, sur le chemin droit que cet Etat a suivi depuis sa création par le roi Abdel-Aziz bin Saoud et ses fils après lui ». Telles ont été les premières déclarations du nouveau souverain saoudien, Salmane bin Abdel-Aziz, intronisé roi suite au décès de son frère, le roi Abdallah, vendredi dernier. Agé de 79 ans, Salmane est le sixième frère à régner depuis la fondation de la dynastie par Abdel-Aziz Al-Saoud (1876-1953), dont il est le 25e fils.
Prince héritier depuis juin 2012, Salmane s’est placé sur le devant de la scène ces dernières années, présidant souvent le Conseil des ministres et représentant à l’étranger le roi Abdallah qui, du fait de son état de santé, avait considérablement réduit ses activités publiques. Il était aussi premier vice-premier ministre, poste obtenu en même temps que celui d’héritier du trône en 2012, à la mort de son frère Nayef. Il cumulait également les fonctions de ministre de la Défense depuis octobre 2011.
Les premières décisions de Salmane ont été de nommer Mohamad bin Nayef comme futur prince héritier, c’est-à-dire deuxième dans l’ordre de succession après Moqren, et de désigner son fils Mohamad à sa place, comme ministre de la Défense. Des nominations qui renforcent son « clan » au sein de la famille royale.
C’est donc dans la continuité que semble s’inscrire la politique du nouveau souverain, ce qui ne cache cependant pas qu’une guerre des clans est susceptible d’éclater en Arabie saoudite, d’autant plus que le roi Salmane a 79 ans, et que sa santé est fragile.
Pour l’heure, il ne faut pas s’attendre à des bouleversements cruciaux en Arabie saoudite, un pays où les changements, lorsqu’ils ont lieu, ne se font que très lentement, et où l’opacité est le mot d’ordre.
Pour commencer, le premier dossier, sur lequel le roi Salmane est attendu, est les relations avec les Etats-Unis. A ce sujet, l’alliance entre les deux pays reste solide (voir encadré).
Viennent ensuite les questions clé de la région: Yémen, Syrie, lutte antiterroriste. Après avoir été accusé de financer des groupes djihadistes contre Bachar Al-Assad, le président syrien, dont Riyad a juré la perte, les Saoudiens, sur pression américaine, ont rejoint la coalition internationale pour bombarder les groupes liés à Daech. L’actuel prince héritier, le prince Moqren, hier responsable des renseignements intérieurs et extérieurs, a mené à ce titre une guerre totale au terrorisme. Le roi Salmane devrait poursuivre cette politique.
Certains analystes estiment cependant qu’il peut y avoir quelques changements, en ce qui concerne l’Iran et la Syrie. Il existe, en effet, des voix au sein du régime saoudien qui estiment qu’il est préférable de négocier avec Bachar Al-Assad, tant qu’il est faible, plutôt que d’avoir demain à négocier avec lui et avec un Iran devenu fort, si Téhéran se réconcilie avec les Américains. C’est pourquoi ces voix tendent à jouer la carte de l’apaisement avec Téhéran.
Enfin, le dossier du pétrole n’est pas négligeable. Après les propos du nouveau souverain sur la continuité dans la politique du principal producteur de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP), les cours du brut ont ouvert en baisse, vendredi, à New York et ont terminé à un niveau inédit en clôture, depuis presque six ans. L’Arabie défend fermement le maintien à son niveau actuel de la production de l’Opep, au risque de voir s’accélérer cette chute des prix du brut (-50 % depuis juin). La question est aujourd’hui de savoir si le nouveau roi va poursuivre la politique du Royaume, qui consiste à conserver un niveau élevé de production de l’or noir pour faire chuter les prix et rester maître du marché. Selon les observateurs, là encore, il ne semble pas qu’il y ait de changements, au moins à court terme.
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