La France devrait dévoiler ce 21 janvier une série de nouvelles mesures sécuritaires. Il s’agirait notamment d’une meilleure coopération internationale en matière de renseignement, de davantage de lutte contre la radicalisation en prison ou du renforcement de l’équipement des forces de l’ordre. D’autres mesures, plus radicales, sont aussi envisagées comme la déchéance de nationalité française pour les binationaux condamnés pour des actes de terrorisme sur le sol français. Une mesure qui, d’office, instaure une ségrégation entre les Français de souche et les Français d’origine étrangère. Ce qui remet sur le tapis la question des limites de l’antiterrorisme, aussi bien en France que dans le monde occidental.
D’ores et déjà, les premières mesures prises en France et en Europe aux suites des attaques contre Charlie Hebdo et contre la supérette casher ont suscité un certain nombre de critiques et a posé la question suivante: La France en fait-elle trop dans sa lutte contre le terrorisme ? En effet, au moins 69 personnes ont été arrêtées récemment en France pour « apologie du terrorisme ». Plusieurs procédures ont été engagées ces derniers jours, notamment contre l’humoriste Dieudonné, mais aussi un homme qui a hurlé en pleine rue: « Je suis fier d’être musulman, je n’aime pas Charlie, ils ont eu raison de faire ça », ou un individu arrêté pour conduite en état d’ivresse qui aurait crié aux policiers : « Il devrait y en avoir plus, des Kouachi. J’espère que vous serez les prochains ».
Des arrestations qui reposent sur « une infraction dont la définition reste vague », dénonce l’association de défense des droits de l’homme, Amnesty International qui voit « un test décisif » dans la manière dont la France va agir dans ces affaires. Evoquant la liberté d’expression, John Dalhuisen, directeur du programme Europe d’Amnesty, a déclaré : « Les autorités françaises doivent veiller à ne pas violer elles-mêmes ce droit ». En effet, en matière de liberté d’expression, il semble qu’il y ait deux poids, deux mesures.
Outre les différentes interprétations de la liberté d’expression, la lutte antiterroriste pose aussi le dilemme des limites des libertés individuelles et de la protection de la vie privée. Interrogé sur ce point, le porte-parole du président américain Barack Obama, Josh Earnest, est resté assez évasif: « Il faut trouver un équilibre entre la nécessité pour les gouvernements et les agences de renseignements d’obtenir un certains nombre d’informations (...) et l’importance pour les gouvernements de protéger la vie privée de leurs citoyens ». Cette déclaration est intervenue alors que M. Obama et le premier ministre britannique, David Cameron, ont annoncé une coopération renforcée entre les deux pays contre la « nouvelle menace » de la cybercriminalité. Une question qui donne lieu à des interrogations, notamment au sujet de la coopération attendue des géants américains d’Internet tels que Facebook, Twitter ou Google afin de déceler d’éventuelles menaces.
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