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Le pétrole, pillier de l'économie

Amira Samir, Mardi, 13 janvier 2015

L'économie de l'Arabie saoudite reste basée sur son industrie pétrolière. Le Royaume n’est pas impacté par la baisse des cours grâce à ses réserves en devises étrangères.

Le Petrole
En raison de la baisse des cours du brut, le Royaume s'attend à un déficit budgétaire de 39 milliards de dollars en 2015.

Les chiffres de l’économie saou­dienne se réfèrent au pétrole. Le pays est aujourd’hui le plus grand produc­teur de pétrole au monde, même s’il a parfois été devancé par la Russie. Zahran (à l’est du pays) est devenue depuis 1938 la capitale du pétrole arabe.

Le Royaume est ainsi la première puissance économique du Moyen-Orient et le plus riche pays arabe, grâce au pétrole qui compte pour plus de 90% des exportations du pays et près de 80% des revenus du gouver­nement. Bref, l’économie du pays est basée sur le pétrole. Le secteur indus­triel est dominé par les activités non manufacturières (extraction du pétrole) et représente près de 60% du PIB.

Dans les secteurs non pétroliers, les services représentent près de 38% du PIB. Ce secteur est surtout dominé par le tourisme qui génère des revenus très importants (le pays accueille près de 4 millions de touristes par an), exclusivement grâce au pèlerinage à La Mecque.

L’agriculture ne représente que 2,5% du PIB du pays et emploie 4% de la population active. Ce secteur bénéficie, depuis les années 1960, d’aides gouvernementales massives. « Effectivement, l’Arabie saoudite importe la majeure partie de ses besoins en produits agricoles et agroalimentaires », explique Ahmad Abdel-Hafez, économiste et directeur du département d’économie à l’Uni­versité du 6 Octobre.

Le niveau de vie est un des plus élevés de la région avec un PIB/habi­tant de plus de 20000 dollars. Cependant, l’Arabie est marquée par un taux de chômage d’environ 12 % affectant surtout les jeunes. « Le gou­vernement a entamé un programme d’investissements quinquennal, cou­plé d’une politique de saoudisation du marché du travail et d’une campagne de lutte contre l’immigration clandes­tine », explique Abdel-Hafez.

Le commerce représente environ 80% du PNB du pays. Le Royaume est ainsi le 15e exportateur mondial et ses principaux partenaires à l’exporta­tion sont les Etats-Unis, la Chine et le Japon. Il exporte principalement du pétrole brut: 90% de ses exporta­tions, ainsi que des produits chimiques et plastiques.

Ses principaux partenaires à l’im­portation sont les Etats-Unis, le Japon, la Chine et la Corée du Sud. Le Royaume importe principalement des véhicules, des équipements élec­triques, de l’acier, du fer et des pro­duits alimentaires. Toutefois, la balance commerciale fluctue en fonc­tion des cours pétroliers et de la demande mondiale. Selon l’écono­miste, « la part du secteur industriel hors-pétrole est en train de croître », se basant notamment sur des investis­sements de l’Etat saoudien pour la diversification de l’économie: à titre d’exemple des plans pour construire 4 villes économiques dans différentes régions du pays.

Pour 2014, le pays a annoncé un budget record (culminant à 228 mil­liards de dollars) mettant l’accent sur l’éducation et la santé, qui comptent pour 38% des dépenses totales, ainsi que sur les projets d’infrastructures.

Pour 2015, le gouvernement a annoncé, le 25 décembre dernier, un budget de l’Etat prévoyant des dépenses de 229,3 milliards de dollars et des revenus de 190,7 milliards de dollars. Il s’agit d’un déficit important de 38,6 milliards de dollars en raison de la chute des cours du brut, mais aussi en raison de dépenses en hausse.

L’Arabie saoudite est considérée comme le gendarme du prix du pétrole au sein de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP). Au vu de la chute des cours du brut, les intervenants des marchés financiers s’étaient mis à redouter une baisse des dépenses publiques. Mais « le budget de 2015 illustre clairement la confiance du gouvernement en sa capacité à faire face à la chute du prix de l’or noir », estime Ahmad Abdel-Hafez.

Le pétrole au plus bas

En effet, vers la fin de l’année 2014, le prix du baril de brut a atteint son plus bas niveau en quatre ans. Il est passé sous la barre des 80 dollars et l’Arabie saoudite n’a pas bougé le petit doigt. Pour Riyad, il n’y a rien de surprenant. « C’est une simple ques­tion d’offre et de demande. C’est uni­quement économique », affirmait le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al-Néimi, ajoutant qu’il ne fallait pas croire que l’Arabie cherche à politiser le pétrole.

Pour certains experts, cette stratégie baissière du Royaume, qu’ils estiment presque suicidaire, consiste à inonder le marché mondial de pétrole pour le saturer dans une sorte de fuite, en évitant des menaces à brève échéance comme le pétrole et le gaz de schiste américains.

Mais cette politique reste à risque pour le pays: les dépenses publiques du Royaume augmentent et, avec la baisse des cours du pétrole, les diffi­cultés sociales ne pourront que s’am­plifier. Jusqu’à présent, la baisse du cours du brut n’a pas altéré la capacité de dépense publique du gouverne­ment.

Autre danger qui menacerait l’éco­nomie du Royaume: la baisse de la demande en pétrole des pays indus­trialisés. Les Etats-Unis devraient, selon les analyses de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), par­venir à leur indépendance énergétique vers 2020 et seraient en passe de ne plus avoir besoin du pétrole du Golfe en général, et du pétrole saoudien en particulier.

D’autres avis estiment que l’écono­mie saoudienne est assez forte pour résister à la baisse des prix et peut tenir longtemps. « L’Arabie saoudite est dans une bonne position pour financer ses déficits. Les réserves en devises du gouvernement au sein de la Banque Centrale, alimentées par quatre années de prix du pétrole très élevés, représentaient environ 770 milliards de dollars, somme suffisante pour couvrir le déficit projeté pour 2015. Le pays pourrait se permettre un cours similaire du pétrole pendant un an mais pas plus », estime Ahmad Abdel-Hafez.

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