Rien ne va plus à la frontière syro-libanaise où, depuis samedi dernier, la ville libanaise d’Ersal est la cible de combats acharnés entre les combattants islamistes venus de Syrie et l’armée libanaise qui cherche à les repousser. Mardi, un convoi transportant 5 dignitaires religieux sunnites a été la cible de tirs à Ersal, où il tentait une médiation. Au moins 16 soldats libanais ont été tués et 22 disparus dans les combats, qui ont éclaté dans cette ville libanaise de la plaine de la Bekaa après la prise d’un commissariat de police par les islamistes qui voulaient protester contre l’arrestation de l’un des chefs du front Al-Nosra, le Syrien Imad Ahmad Joumaa, par l’armée libanaise. Un nombre inconnu de civils et d’islamistes ont également été tués dans les combats. Selon les services de sécurité, parmi les combattants islamistes qui sont à Ersal figurent des membres de l’Etat Islamique (EI) et des combattants du front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaëda.
Il s’agit des affrontements les plus importants en territoire libanais depuis le début de la guerre civile en Syrie, dont le Liban subit le contrecoup. Les combats à Ersal ont aussi ravivé les tensions à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, qui compte des partisans de la rébellion syrienne et d’autres soutenant le régime de Bachar Al-Assad. « Le Liban a connu des attentats suicides, des tirs de roquettes, des enlèvements liés au conflit en Syrie, mais c’est la première fois que des activistes s’emparent d’un bâtiment officiel et, aussi, ces combats sont le premier affrontement direct entre l’armée libanaise et les rebelles syriens », explique Aymane Abdel-Qader, analyste au Centre des études arabes au Caire. Pour défendre son pays, le Hezbollah chiite libanais a déployé ses combattants autour d’Ersal, ville à majorité sunnite prise en tenailles entre des territoires contrôlés par le gouvernement syrien et les zones chiites libanaises acquises par le Hezbollah. Dans un communiqué publié dimanche, le Hezbollah dit être aux côtés de l’armée libanaise face à ce qu’il dit être une menace pour « l’unité, la souveraineté et la stabilité du Liban ».
De son côté, l’armée libanaise a promis, lundi, d’agir de façon résolue et ferme, affirmant qu’elle ne permettrait à personne de transférer le conflit de la Syrie vers le territoire libanais. Profondément divisé sur la guerre en Syrie, le Liban a fait preuve cette fois-ci d’une unité peu commune, en assurant l’armée de son soutien et en rejetant tout compromis avec des djihadistes. « Il ne peut y avoir de compromis avec des terroristes assassins, avec ceux qui ont violé le territoire libanais et insulté ses habitants », a affirmé à la presse le premier ministre Tammam Salam, à l’issue d’une réunion extraordinaire du gouvernement.
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