Comme prévu, le bloc du premier ministre iraqien sortant est arrivé en tête aux élections législatives du 30 avril, mais sans obtenir la majorité des sièges. Selon les résultats annoncés par la Haute commission électorale iraqienne (IHEC), l’Alliance pour l’Etat de droit de Nouri Maliki a obtenu 92 sièges sur les 328 que compte le Parlement iraqien, loin devant les autres formations. Les principales autres formations ont obtenu entre 16 et 33 sièges chacune. En effet, le Bloc des citoyens, anciennement appelé Conseil suprême islamique iraqien et considéré comme proche de l’Iran, a remporté 29 sièges, ensuite le Parti démocratique du Kurdistan dirigé par Massoud Barzani, président de la région autonome du Kurdistan, a gagné 25 sièges. Juste après vient le
Mouttahidoun, un bloc arabe sunnite dirigé par le président du Parlement, Oussama Al-Noujaifi, avec 23 sièges. Quant au parti de l’ancien premier ministre Iyad Allawi, un chiite laïc,
Wataniya, il a gagné 21 sièges. L’Union patriotique du Kurdistan, parti dirigé par le président Jalal Talabani, a remporté 19 sièges. Et enfin,
Arabiya, parti de l’actuel vice-premier ministre Saleh Moutlak, un sunnite, a gagné 10 sièges. Candidat à Bagdad, le premier ministre reste néanmoins populaire parmi son électorat : il a remporté sur son nom propre 721000 voix, le plus gros score au niveau national, favorisant néanmoins la perspective d’un troisième mandat. «
Ces résultats reflètent l’espoir des Iraqiens: ils désirent l’unification de leur pays. C’est une message envoyé à leurs dirigeants pour exprimer leurs priorités et leurs revendications. Les Iraqiens souffrent de violence et de l’insécurité qui planent sur leur pays et veulent la stabilité », explique Ayman Abdel-Wahab, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’
Al-Ahram au Caire. Cependant, ces résultats ne seront pas suffisants pour former un gouvernement, et le camp de Maliki va devoir poursuivre les négociations déjà entamées avec d’autres formations politiques, notamment sunnites et kurdes, pour être reconduit à la tête du gouvernement pour un troisième mandat. Ses détracteurs l’accusent de dérive autocratique et de renforcement de son pouvoir, surtout au sein des services de sécurité, et lui reprochent l’énorme détérioration de la sécurité au cours des derniers mois. La montée de violence a fait plus de 3500 morts depuis le début de l’année. Plusieurs partis, dont celui de l’ancien premier ministre Iyad Allawi, celui de l’influent chef chiite Moqtada Sadr et celui du président de la région autonome du Kurdistan, Massoud Barzani, refusent l’idée d’un troisième mandat de Maliki.
Déjà son second mandat a été marqué par les tensions avec la région autonome du Kurdistan, l’impossibilité manifeste de faire voter des lois d’importance au Parlement et la résurgence des dissensions entre sunnites et chiites. La formation d’un gouvernement pourrait durer longtemps. Après les dernières législatives en 2010, les tractations entre groupes politiques avaient pris plus de six mois. Le premier ministre estime, pour sa part, que ce sont ses partenaires au sein de la coalition hétéroclite qui l’ont empêché de mener à bien son action, en bloquant notamment des lois au Parlement. Il a ainsi fait campagne sur la nécessité d’en finir avec les gouvernements d’unité nationale, et le besoin d’une majorité claire. Mais, consciente qu’une alliance serait plus probable qu’une majorité, l’Alliance pour l’Etat de droit avait appelé ses rivaux à s’unir en leur proposant un programme pour le futur gouvernement. Ce programme en 18 points appelant aussi les partenaires potentiels au soutien des droits de la femme, à une distribution équitable des richesses et au rejet des politiques sectaires. Il a proposé aussi la décentralisation et l’approbation rapide de trois lois-clés sur les partis politiques, le secteur énergétique et la création d’une chambre haute du Parlement.
Outre le choix d’un premier ministre, les différents partis vont également devoir s’accorder sur les nominations des prochains présidents de la République et du Parlement. Selon un accord non écrit mais accepté de facto par les trois principales communautés d’Iraq, la présidence de l’Etat revient à un Kurde, celle du gouvernement à un chiite et celle du Parlement à un sunnite.
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