Vendredi, 14 février 2025
International > Monde Arabe >

Le gouvernement syrien envisage de privatiser les entreprises publiques déficitaires : ministre syrien

Ahraminfo , Dimanche, 05 janvier 2025

Le PIB syrien a chuté de 60 milliards de dollars et la réhabilitation des infrastructures, telles que l'énergie et les transports, est nécessaire pour relancer l'économie, avec un besoin de fonds et d'aides internationales, a annoncé, dimanche 5 janvier, Mohamed Aba-Zeid, ministre syrien des Finances.

s
Vue générale de la ville de Sweida, dans le sud de la Syrie. Photo : AFP

Le gouvernement intérimaire syrien envisage de privatiser les entreprises publiques déficitaires, qui représentent environ 70 % du secteur public et ce « en dépit de leur rôle crucial dans la fourniture des services exclusifs à l'Etat », a déclaré le ministre syrien des Finances, Mohamed Aba-Zeid, dans un entretien avec Al-Sharq Bloomberg, publié dimanche 5 janvier.

« Cette décision marque une rupture avec le modèle socialiste précédemment adopté par le régime de Bachar Al-Assad », a indiqué Aba-Zeid.

Après la chute du régime syrien fin 2024, le nouveau gouvernement intérimaire a commencé à faire part de sa vision économique à travers les déclarations du chef du gouvernement, Ahmed Al-Chareh, qui a affirmé dans une récente interview télévisée que son pays avait besoin d'une « structure économique moderne ». Il a expliqué que l'environnement économique en Syrie est mené par le secteur agricole, suivi par le secteur industriel, celui des services et le secteur bancaire.

Le ministre des Finances a estimé en outre que la reconstruction de l'économie est « complexe » et nécessitera sans doute beaucoup de temps ».

Perspectives et défis

Plusieurs initiatives ont été prises dans ce contexte, a affirmé le ministre notamment la nomination de Maysa Sabrin comme première femme gouverneure de la banque centrale, la remise en service des distributeurs automatiques de billets, la reprise des activités dans les principaux aéroports syriens, et la reprise des échanges commerciaux avec la Jordanie, ce qui permettra de redresser le taux de change de la monnaie syrienne, a-t-il ajouté. 

Le gouvernement entend aussi augmenter les salaires des employés de l'État et relever le salaire minimum.

Reuters a rapporté que les réserves d'or de la Syrie s'élèvent à 26 tonnes, soit environ 2,2 milliards de dollars, et que Damas possède « une petite somme en devises étrangères ».

La réhabilitation des infrastructures est une priorité, incluant les secteurs de l'énergie, des transports, des réseaux d'eau, d'assainissement, et des télécommunications, a indiqué le ministre des Finances. Les coûts de reconstruction sont estimés selon la Banque mondiale et les Nations Unies entre 250 et 300 milliards de dollars, ce qui nécessite des fonds et des aides internationales.

« Le gouvernement est en contact avec plusieurs instances internationales et régionales pour obtenir de l'aide », a dit Aba-Zeid qui a affirmé que la reconstruction de l’économie portera sur plusieurs secteurs surtout les secteurs agricole et industriel. « Le secteur industriel a perdu 70% de ses capacités à cause de la guerre, mais la reconstruction est cruciale pour créer des emplois et améliorer la balance commerciale syrienne », a noté le ministre syrien des Finances. Selon lui,  le secteur agricole sera essentiel pour réaliser l'autosuffisance alimentaire et revitaliser l'économie. 

Selon les données de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), 32% des terres en Syrie sont arables, et le secteur agricole contribue à hauteur de 28% du PIB. Aba-Zeid a précisé que les pertes de ce secteur se sont élevées à plus de 16 milliards de dollars au cours des six premières années de la guerre, notant que ce secteur fait face à des défis majeurs tels que le manque de financement et la pénurie d'eau.

Quant au secteur pétrolier, le ministre des Finances l’a qualifié de « secteur vital pour la relance économique », mais il souffre car les zones riches en pétrole sont sous le contrôle des Forces Démocratiques Syriennes FDS (Ndlr : coalition militaire formée en 2015 au nord de la Syrie qui visait à chasser l'État islamique et la Turquie de la zone. Elles sont largement dominées par les Kurdes et les Unités de protection du peuple (YPG). Elles regroupent également des rebelles arabes proches de l'Armée syrienne libre, des tribus locales et des chrétiens du Conseil militaire syriaque). Le ministre n'a pas précisé comment ce dossier serait géré, mais a insisté sur l'importance de récupérer ces ressources pour la trésorerie syrienne.

D'après Asharq Bloomberg, la Syrie se trouve à la croisée des chemins, et les décisions du nouveau gouvernement influencent les perspectives politiques et économiques du pays.

« La coopération internationale sera cruciale pour la reconstruction du pays », dit Aba-Zeid.

Le président américain Joe Biden a affirmé que les actions du nouveau gouvernement syrien seront « surveillées de près » par la communauté internationale.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique