Le nouveau dirigeant de la Syrie, Ahmad Al-Chareh, (connu sous son nom de guerre, Abou Mohammed al-Joulani), a exposé sa vision pour l'avenir du pays après l'éviction de Bachar Al-Assad le 8 décembre, notant qu’il n’est pas « le libérateur du pays ».
« Je ne me considère pas comme le libérateur de la Syrie, car tous ceux qui ont fait des sacrifices ont libéré le pays », a dit Al-Chareh, ex-chef du groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et nouvel homme fort de la Syrie. Il a estimé que le peuple syrien s'est sauvé lui-même. « Nous avons essayé de faire en sorte que la transition du pouvoir soit fluide », a-t-il encore affirmé.
Il a considéré que la libération de la Syrie « garantit la sécurité de la région et du Golfe pour les cinquante prochaines années ».
Constitution et élection
Le nouveau dirigeant de la Syrie a expliqué que la préparation et la rédaction d'une nouvelle constitution pourraient durer environ trois ans, et l'organisation d’élections pourrait également nécessiter quatre années supplémentaires.
Al-Joulani a souligné que « toute élection nécessite au préalable un recensement complet de la population ce qui prendra du temps ».
Il a estimé que la Syrie est en phase de reconstruction de la loi, insistant sur le fait que le dialogue national sera inclusif et englobera toutes les composantes de la société.
« La Syrie a besoin d'un an pour que les citoyens ressentent des changements radicaux au niveau des services ».
En ce qui concerne les manifestations, il a insisté sur le fait qu'elles sont un droit légitime pour tout citoyen souhaitant exprimer son opinion, sans porter atteinte aux institutions.
Les nominations au sein du gouvernement
Concernant les nominations de la même tendance politique dans le gouvernement de transition actuel, Al-Chareh a expliqué que cette situation était nécessaire car la phase actuelle nécessite une harmonie entre les membres de la nouvelle autorité. « Il ne s’agit pas d’une exclusion de quiconque ».
Il a estimé que « le partage des pouvoirs en cette période aurait détruit le processus de transition ».
En ce qui concerne certaines opérations de vengeance en cours, il a indiqué qu'elles sont « moins nombreuses que prévu compte tenu de l'ampleur de la crise », ajoutant que « l’ancien régime a laissé de profondes divisions au sein de la société syrienne ».
Cependant, le nouveau dirigeant de la Syrie a affirmé qu'il n'y a pas d'inquiétude à l'intérieur de la Syrie, car les Syriens cohabitent insistant sur le fait que « tous les criminels seront punis ».
Hayat Tahrir al-Sham (HTS)
En ce qui concerne la dissolution des factions, y compris Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Al-Chareh a déclaré : « La dissolution de l'organisation sera annoncée lors du dialogue national ».
Il a également souligné que la nouvelle autorité dirigera le pays avec l’esprit et la mentalité d'un Etat, affirmant que « la Syrie ne sera une source de nuisance pour personne ».
Al-Chareh a ajouté que l'administration actuelle négocie avec les « Forces démocratiques syriennes » (FDS) pour résoudre la crise dans le nord-est de la Syrie et les intégrer plus tard aux forces armées gouvernementales.
Il a affirmé que les Kurdes font partie des composantes syriennes, insistant sur le fait qu'il n'y aura pas de division du pays.
Politique étrangère
Al-Chareh a déclaré que la position de l'Arabie saoudite à l'égard des changements en cours dans son pays était très positive et reflétait la volonté de Riyad de rétablir la stabilité en Syrie.
Il a souligné que l’Arabie saoudite dispose d’importantes opportunités d’investissement en Syrie. « Je suis fier de tout ce que l'Arabie saoudite a fait pour la Syrie, et elle joue un rôle important dans l'avenir du pays ».
Il a également exprimé sa fierté d'être né à Riyad, expliquant qu'il y a vécu jusqu'à l'âge de sept ans et qu'il aspire à la visiter à nouveau.
Le dirigeant de la Syrie a exprimé l’espoir que l’Iran, soutien du régime déchu de Bachar al-Assad, reconsidère ses interventions dans la région et révise ses politiques.
« Nous nous attendions à des déclarations positives de Téhéran et à un rôle iranien positif dans la région », a-t-il déclaré, ajoutant que la direction des opérations militaires « a fait son devoir envers les bases iraniennes malgré les blessures ». Il a dit : « Nous attendions des déclarations positives de Téhéran ».
Al-Chareh a également souligné qu'il ne voulait pas que la Russie, autre soutien majeur du régime de Bachar, retire ses forces du pays d'une manière qui ne soit pas digne des relations avec la Syrie.
« La Russie est le deuxième pays le plus puissant du monde et Damas a des intérêts stratégiques avec Moscou », a-t-il ajouté.
Il est à noter qu'avec la chute du président Bachar Al-Assad le 8 décembre, l'Iran a perdu un allié important dans la région, ainsi qu'un corridor vital pour soutenir le Hezbollah au Liban avec des armes.
Moscou a également perdu un allié à Damas après des années de défense de ce dernier, mais les récentes déclarations russes ont semblé très positives à l'égard de la nouvelle autorité qui a pris en charge la gestion du pays temporairement pendant cette phase de transition.
Lors de l’entretien, Abou Mohammed al-Joulani a également exprimé l'espoir que la nouvelle administration américaine dirigée par Donald Trump lève les sanctions contre le pays.
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