La mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban (Finul) a alerté vendredi sur "les vastes destructions" de villes et villages dans le sud du pays, où Israël et le mouvement islamiste Hezbollah sont en guerre ouverte.

"L'escalade le long de la Ligne Bleue" entre le Liban et Israël "provoque de vastes destructions de villes et de villages dans le sud du Liban, tandis que des roquettes continuent d'être lancées en direction d'Israël, y compris sur des zones civiles", a déclaré le porte-parole de la Finul, Andrea Tenenti, lors du point de presse régulier de l'ONU à Genève.

"La dévastation et les destructions de nombreux villages le long de la Ligne Bleue et même au-delà sont choquantes", a-t-il témoigné.

Le Hezbollah a ouvert en octobre 2023 un front au nord d'Israël en "soutien" au Hamas, après l'attaque meurtrière du 7-Octobre qui a déclenché la guerre à Gaza. Après un an d'échanges de tirs frontaliers, Israël a lancé le 30 septembre une offensive au sol dans le sud du Liban.

S'exprimant depuis Beyrouth, M. Tenenti a souligné le "rôle plus important que jamais" de la Finul.

"Il est important que le drapeau des Nations unies continue de flotter là-bas", a-t-il ajouté. "Nous devons essayer de ramener la stabilité et la paix dans cette région".

"C'est une situation très difficile", les Casques bleus "passent de longues heures dans des abris pour garantir leur sécurité" mais "le moral reste très élevé", a-t-il dit.

"Ciblés à plusieurs reprises" 

La semaine dernière, la Finul - qui compte 10.000 Casques bleus - a accusé les troupes israéliennes de tirer "de façon répétée" et "délibérée" sur ses positions.

"Nous avons été très clairs, il s'agit d'attaques délibérées contre la mission", a déclaré M. Tenenti.

"Nous avons été pris pour cible à plusieurs reprises, cinq fois", a-t-il précisé.

Le porte-parole de la Finul a affirmé que les Casques bleus disposent du droit à la "l'autodéfense" mais a souligné l'importance d'être "pragmatique" et "rationnel" : "Si une réponse déclenche plus de violence, il est important de déconflictualiser la situation au lieu de l'aggraver".

"C'est aux commandants sur le terrain de décider quand il est temps de recourir à l'autodéfense, mais il est très important pour le moment de réduire la violence, de réduire la tension, et c'est ce que nous avons fait jusqu'à présent", a-t-il observé.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé dimanche le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à mettre les Casques bleus "à l'abri immédiatement" mais les Nations unies ont "décidé que la Finul conserverait toutes ses positions en dépit des appels israéliens", a déclaré lundi le chef des Casques bleus, Jean-Pierre Lacroix.

En plus de rétablir la paix, la Finul a pour mission de travailler au déploiement unique de l'armée libanaise à ses côtés dans le sud du Liban et de coordonner le travail humanitaire dans la zone.

"Nos capacités de patrouille sont limitées pour l'instant, mais nous continuons à le faire", a indiqué M. Tenenti.

"Des milliers de personnes sont toujours bloquées dans les villages du sud de Liban, sans pouvoir subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. C'est ce à quoi nous nous employons ces jours-ci, pour tenter d'apporter cette assistance", a-t-il expliqué.

Au moins 1.418 personnes ont été tuées au Liban depuis le 23 septembre, d'après un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. L'ONU a recensé près de 700.000 déplacés.