Les intenses frappes israéliennes contre le Hezbollah ont fait plus de 350 morts lundi au Liban, parmi lesquels 24 enfants, selon les autorités de ce pays, qui a vécu sa journée la plus meurtrière en près d'un an d'échanges de tirs entre les deux parties en marge de la guerre à Gaza.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, est "très sérieusement inquiet" du nombre de victimes civiles dans le sud et l'est du Liban, pilonnés par l'armée israélienne, a indiqué lundi son porte-parole, au moment où la communauté internationale redoute que cette escalade entre Israël et le puissant Hezbollah libanais, soutenu par l'Iran, n'entraîne la région dans une spirale incontrôlable.
Le bilan humain n'a cessé de s'alourdir au fil des heures. Les frappes israéliennes ont fait 356 morts, parmi lesquels 24 enfants, et plus de 1.240 blessés, a annoncé le ministère libanais de la Santé dans un nouveau décompte en soirée.
L'armée israélienne a elle fait état d'un "grand nombre" de membres du Hezbollah tués dans la journée.
Dans une vidéo, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a recommandé en fin de journée aux Libanais de "s'éloigner des zones dangereuses" dans l'attente de la fin de "l'opération".
Son homologue libanais, Najib Mikati, a dénoncé "un plan de destruction" de son pays, où les écoles resteront fermées mardi.
"Les frappes n'arrêtent pas"
"C'est une catastrophe, un massacre", affirme à l'AFP Jamal Badrane, un médecin de l'hôpital du Secours populaire à Nabatiyé, une ville du sud. "Les frappes n'arrêtent pas, ils nous ont bombardés alors qu'on retirait des blessés", dit-il.
Des milliers de familles ont fui les zones bombardées, selon le ministère de la Santé.
Des déplacés du sud ont afflué dans la capitale et à Saïda, accueillis dans des structures d'accueil, ont constaté des photographes de l'AFP.
Réfugié dans une école de Saïda, Hassan Banjak n'avait pas quitté sa région "depuis le début de la guerre et des bombardements de l'ennemi israélien". "Mais lorsque les frappes se sont intensifiées et rapprochées, les enfants ont eu peur et nous avons décidé de partir", dit-il.
L'armée israélienne a indiqué dans la soirée avoir frappé ces dernières 24 heures 1.300 cibles du Hezbollah, qui tire des roquettes depuis près d'un an vers le territoire israélien en soutien au Hamas palestinien, en guerre contre Israël dans la bande de Gaza.
L'armée a aussi annoncé une "frappe ciblée" à Beyrouth, visant, selon une source proche du Hezbollah, le commandant pour le front sud de cette formation, qui a annoncé qu'il allait "bien", "en lieu sûr".
En une journée, l'armée a "neutralisé des dizaines de milliers de roquettes et de munitions", a affirmé le ministre de la Défense, Yoav Gallant, estimant que le Hezbollah vivait sa "semaine la plus difficile depuis sa création" en 1982.
M. Netanyahu a affirmé qu'Israël était en train d'inverser le "rapport de forces" dans le nord du pays, où il est déterminé à permettre le retour des dizaines de milliers d'habitants déplacés, lors d'une rencontre sécuritaire à Tel-Aviv, selon son bureau.
Sirènes d'alerte à Haïfa
Le Hezbollah a de son côté affirmé avoir riposté avec des dizaines de roquettes tirées dans le nord d'Israël, précisant avoir visé "les principaux entrepôts" de l'armée dans la zone, et une caserne militaire.
En début de soirée, les sirènes d'alerte ont retenti à Haïfa, le grand port du nord d'Israël, dont les environs avaient été atteints dimanche pour la première fois par des tirs de roquettes.
Les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah - qui a juré de continuer à attaquer Israël "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza" - ont gagné en intensité depuis la vague d'explosions des appareils de transmission du mouvement, attribuée à Israël, qui a fait 39 morts, selon les autorités libanaises, les 17 et 18 septembre au Liban.
Vendredi, une frappe israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth a tué 16 membres de la force d'élite du Hezbollah, dont son chef, Ibrahim Aqil.
"Guerre régionale globale"
L'Egypte a demandé lundi l'intervention du Conseil de sécurité de l'ONU pour mettre fin à "la dangereuse escalade israélienne", mettant en garde, comme l'a aussi fait la Jordanie, contre le risque d'une "guerre régionale globale".
L'Irak a dit vouloir une "réunion urgente" des pays arabes en marge de l'Assemblée générale de l'ONU pour "stopper" Israël, que la Turquie a accusé de vouloir "mener toute la région au chaos".
Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a également imputé à Israël, ennemi juré de Téhéran, de vouloir "élargir" le conflit.
Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont eux "exhorté" leurs ressortissants à quitter le Liban et annoncé envoyer "un petit nombre" d'effectifs militaires supplémentaires au Moyen-Orient.
Le président américain, Joe Biden, a réaffirmé lundi "travailler à une désescalade", un objectif que s'est aussi fixé le nouveau chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, selon son ministère.
La Chine a appelé lundi ses ressortissants à quitter Israël "au plus vite" tandis que le Kremlin s'est dit très inquiet.
Dimanche, M. Guterres s'était inquiété que le Liban devienne un "autre Gaza".
En près d'un an, les violences entre Israël et le Hezbollah ont fait des centaines de morts au Liban, principalement des combattants, et des dizaines de morts en Israël et dans le Golan occupé.
Depuis le début de la guerre, Israël a tué au moins 41.455 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU. Elle y a aussi provoqué un désastre humanitaire.
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