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Le Qatar accueille des discussions en vue d'une trêve à Gaza, le Hamas demande à revenir au plan Biden

Ahraminfo avec AFP, Jeudi, 15 août 2024

Les négociateurs arabes jouent la carte d'éviter une escalade d'hostilités régionales, alors que Biden reconnait que les négociations sont devenues difficiles.

Gaza
Un garçon traverse une flaque d’eau d’égout, passe devant des tas de déchets et de gravats le long d’une rue du camp de réfugiés palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza. Photo : AFP

Des discussions à haut niveau en vue d'une trêve dans la bande de Gaza se tiennent jeudi 15 août au Qatar à l'heure où le territoire palestinien, ravagé par plus de dix mois de guerre, subit de nouveaux bombardements intensifs de l'armée israélienne.

Un cessez-le-feu de la guerre menée par Israël à la petite langue de terre côtière détruite et sa population majoritairement sans abri, est réclamé avec force par la communauté internationale.

Ce nouveau cycle de négociations indirectes se tient à l'appel des médiateurs -- Egypte, Qatar, et Etats-Unis -- alors que les craintes d'une escalade militaire au Moyen-Orient s'amplifient.

Le président Joe Biden a estimé qu'un cessez-le-feu pourrait permettre d'éviter une attaque iranienne en riposte à l'assassinat, que Téhéran impute à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh dans la capitale iranienne le 31 juillet.

Biden a reconnu cependant que les négociations pour une trêve deviennent « difficiles », après des mois de blocage.

Un porte-parole de la Maison Blanche a évoqué jeudi un "début prometteur" des discussions qui viennent de commencer à Doha sur un cessez-le-feu et une libération des otages dans la bande de Gaza.

Début "prometteur"

Un porte-parole de la Maison Blanche a évoqué jeudi un "début prometteur" des discussions qui viennent de commencer à Doha sur un cessez-le-feu et une libération des otages dans la bande de Gaza.

John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, a indiqué s'attendre à ce que les discussions continuent vendredi, ajoutant: "Nous en sommes à un point où le cadre de l'accord est généralement accepté et où les lacunes à combler concernent sa mise en oeuvre".

"Il faut que les otages soient libérés, il faut du répit pour les civils palestiniens à Gaza, de la sécurité pour Israël et une baisse des tensions dans la région, et tout cela le plus vite possible", a-t-il dit.

Dans le même contexte, le mouvement palestinien Hamas a annoncé le 11 août qu’il acceptait le plan Biden lancé en juin dernier et la résolution du Conseil de sécurité sur la guerre à Gaza.

Mercredi, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, et le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, ont appelé toutes les parties à ne pas les "saper", un avertissement voilé à l'Iran, au Hamas et à Israël.

Il n'y a "plus de temps à perdre", a affirmé le même jour à Beyrouth l'émissaire américain Amos Hochstein, un cessez-le-feu qui pourrait aussi mettre fin aux échanges de tirs meurtriers entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, allié du Hamas et de Téhéran.

La formation libanaise a annoncé mercredi soir la mort de deux de ses combattants dans de nouvelles frappes israéliennes dans le sud du Liban, frontalier du nord d'Israël.

Les nouvelles discussions en vue d'un cessez-le-feu se basent sur un plan annoncé le 31 mai par Joe Biden. Une première phase prévoit une trêve de six semaines accompagnées d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, et de la libération d'otages - enlevés lors de l'attaque du Hamas - contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Les responsables américains indiquent qu'Israël a en fait atteint la « fin du chemin » dans sa guerre contre la bande de Gaza, dans un rapport publié jeudi à New York Times.

Ils doutent également que la stratégie de Tsahal dans la bande de Gaza conduise à des résultats décisifs.

Les responsables américains affirment que bien qu'Israël ait frappé le vaste réseau de tunnels du Hamas, il n'a pas réussi à le détruire.

Ils notent cependant que certains complexes de tunnels, que le Hamas utilisait comme centres de commandement, sont maintenant inutilisables « mais le réseau de tunnels dans la bande de Gaza est beaucoup plus grand qu'Israël ne l'avait prévu et reste un moyen efficace pour le Hamas de cacher ses dirigeants et de déplacer ses membres », estiment les responsables américains.

Les négociations à Qatar se tiennent en présence du directeur de la CIA William Burns, selon une source américaine proche des négociations, ainsi que des chefs du Mossad, le service de renseignement israélien, et du Shin Bet, le service de sécurité intérieure, selon le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Netanyahu essaye de bloquer les négociations

Selon la chaîne Al-Qahera News, les médias américains ont révélé que le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait émis de nouvelles conditions aux négociations visant à échanger les détenus et les prisonniers et à parvenir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Parmi les nouvelles conditions émises par Netanyahu, il y a notamment des restrictions pour les Palestiniens qui cherchent à retourner dans leurs foyers à Gaza. Il a également appelé à renforcer la sécurité dans les zones frontalières de la bande de Gaza et à veiller à ce que les éléments armés ne retournent pas au nord de l’enclave palestinienne.

En outre, Netanyahu a souligné la nécessité d’empêcher l’entrée des armes dans le secteur par n’importe quel moyen.

Ces conditions supplémentaires ont suscité des préoccupations parmi les médiateurs internationaux quant à la complexité du processus de négociation et au prolongement du conflit.

Les responsables américains ont confirmé que ces nouvelles demandes sont venues à un moment où les pourparlers avaient fait des progrès remarquables vers un accord.

" Alerte élevée "

La participation du Hamas reste incertaine. Un cadre du mouvement a indiqué mercredi que les négociations "avec les médiateurs (...) se sont intensifiées", réaffirmant que le Hamas "veut l'application du plan Biden et pas négocier pour négocier".

La guerre actuelle à Gaza a entraîné la mort d’au moins de 39.965 morts, d'après des données du ministère palestinien de la Santé du gouvernement à Gaza.

Les médiateurs n'ont jusque-là arraché qu'une seule et unique trêve d'une semaine en novembre. Elle avait permis la libération d'une centaine d'otages et de 240 Palestiniens.

Les tensions régionales ont redoublé après l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh, et celui, le 30 juillet, de Fouad Chokr, le chef militaire du Hezbollah, tué dans une frappe israélienne près de Beyrouth.

L'Iran a rejeté mardi un appel de plusieurs pays occidentaux à renoncer à attaquer Israël. Ses alliés au Liban, en Irak et au Yémen menacent aussi de riposter à l'assassinat de Haniyeh et Chokr.

Le président israélien Isaac Herzog a lui affirmé que son pays restait "en alerte élevée".

Dans le cadre des efforts en cours pour une désescalade, le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné est attendu jeudi à Beyrouth.

Le site d'informations américain Axios, citant des responsables américains, a rapporté que l'ancien président Donald Trump, candidat à la Maison Blanche, s'était entretenu mercredi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et avait discuté de l'accord sur les otages et le cessez-le-feu à Gaza.

Activistes "éliminés" 

L'armée israélienne poursuit pendant ce temps son offensive dans la bande de Gaza. Au cours de la journée écoulée, les soldats ont "identifié et éliminé" une vingtaine d'activistes à Rafah (sud), selon l'armée.

Dans le sud du territoire, une source médicale à l'hôpital Nasser de Khan Younès a fait état d'un mort et trois blessés dans un bombardement israélien à Khan Younès.

Des blindés israéliens ont par ailleurs fait une incursion dans le sud de la ville de Gaza (nord), alors que résonnaient des tirs d'artillerie et des frappes aériennes, a constaté un correspondant de l'AFP.

Trois morts et plusieurs blessés ont été amenés à l'hôpital Al-Ahli de Gaza-ville après des raids aériens, rapportent des secouristes.

L'armée israélienne a indiqué pour sa part jeudi avoir démantelé à travers la bande de Gaza plus de 30 sites abritant des infrastructures du Hamas, dont certaines équipées d'explosifs et des installations de stockage d'armes.

La guerre a plongé le territoire, assiégé par Israël, dans un désastre humanitaire et entraîné le déplacement de la quasi-totalité de ses 2,4 millions d'habitants.

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