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A Gaza, un blogueur de cuisine veut servir aux enfants "de l'espoir dans une assiette"

AFP , Vendredi, 02 août 2024

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Archives - Des Palestiniens déplacés collectent de la nourriture donnée.Photo : AFP

Assis sous sa tente dans le sud de la bande de Gaza, Hamada Shaqoura, blogueur de cuisine palestinien déplacé par la guerre, met au point des recettes pour servir aux enfants ce qu'il appelle "de l'espoir dans une assiette".

Avant que sa maison ne soit détruite et sa famille déplacée trois fois depuis le début de la guerre le 7 octobre, cet homme de 32 ans était un YouTubeur qui passait en revue les endroits les plus branchés de Gaza-ville en goûtant des hamburgers, pizzas, nouilles et autres mets.

Pour manger autre chose que des rations alimentaires en temps de guerre, il a appris à cuisiner.

"J'ai eu l'idée de transformer les conserves que nous mangeons depuis des mois en quelque chose de nouveau, de préparer de la nourriture délicieuse pour les enfants", a-t-il expliqué à l'AFP lors d'un appel vidéo depuis Khan Younès, ville du sud de la bande de Gaza.

A partir de colis d'aide humanitaire et de légumes frais qu'il a pu dénicher, M. Shaqoura a inventé des tacos de boeuf "à la gazaouie", des pizzas roulées et le "sandwich doré" frit.

"Persévérance"

Il s'est filmé en train de cuisiner et de partager ses innovations avec des enfants affamés d'un camp de déplacés. "Zakee (délicieux)!", lance un garçon dans une vidéo après avoir croqué une crêpe sucrée avec des pommes et de la sauce au chocolat.

Coincé dans la bande de Gaza avec son téléphone portable et une connexion internet irrégulière, le blogueur montre une autre facette de la guerre et de ses multiples difficultés en mettant en avant "la résilience et la persévérance".

M. Shaqoura, ou Hamada Shoo comme on l'appelle en ligne, compte aujourd'hui près d'un demi-million d'abonnés sur Instagram. Au fur et à mesure que le nombre de vues de ses vidéos augmente, les dons se multiplient, tout comme ses ambitions.

Cherchant à "nourrir autant de bouches que possible", il fait chauffer d'énormes cuves sur des feux à ciel ouvert, mélangeant du ragoût de pois dans les ruines de Khan Younès. Des enfants courent pieds nus à travers un terrain vague portant des pots, des bols et des cruches vides.

Après bientôt dix mois de guerre, le petit territoire palestinien assiégé par Israël est menacé de famine, selon l'ONU.

"Je suis hanté par l'idée qu'un enfant, dans de telles circonstances, puisse venir me voir et ne pas trouver de nourriture ou d'eau potable. Si je peux aider ces enfants, c'est ce qui me motive", a-t-il dit.

Quand la guerre a éclaté le 7 octobre après l'attaque sanglante du Hamas ce jour-là en Israël, M. Shaqoura venait de se marier et préparait à une carrière dans la restauration.

Il a lancé un financement participatif dans l'espoir de faire sortir sa femme enceinte de la bande de Gaza, mais le dernier point de passage a été fermé juste avant la naissance de son fils, en mai.

"Continuer d'exister"

La guerre actuelle du 7 octobre a entraîné la mort de plus de 39.400 morts, selon des données du ministère palestinien de la Santé à Gaza.

Située au carrefour des échanges méditerranéens, peuplée de réfugiés et séparée du reste des territoires palestiniens, la bande de Gaza a développé une cuisine différente, dont l'esprit d'innovation a été forgé par deux décennies de blocus et de sièges israéliens, explique Laila El Haddad, experte culinaire de Gaza.

M. Shaqoura est l'un des nombreux blogueurs à Gaza qui se sont intéressés à la cuisine, notamment pour trouver un peu de réconfort dans les circonstances très difficiles de la guerre.

A l'occasion de la fête musulmane de l'Aïd al-Adha, il fait frire des beignets pour que les enfants sentent que "quelque chose vaut la peine d'être célébré". Les jours de canicule, il leur sert un granité de citron.

Pour recréer la joie de croquer dans une pomme confite pour un goûter à l'école, il renouvelle l'expérience pour une flopée d'enfants.

Grâce à ses vidéos, M. Shaqoura espère que les gens verront que "nous sommes tenaces et forts. Nous faisons de notre mieux pour continuer d'exister".

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