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Entre Israël et le Hezbollah, une guerre ouverte est-elle inévitable?

AFP , Vendredi, 07 juin 2024

Liban
Archive - Des fumées lors du bombardement israélien sur un village au sud du Liban. Photo : AFP

Les dirigeants israéliens multiplient les avertissements à l'égard du mouvement libanais Hezbollah et les violences entre les deux parties se sont intensifiées au cours des derniers jours, mais le risque d'une guerre ouverte reste limité, selon des analystes.

Vraie escalade ?

Le Hezbollah a affirmé avoir ouvert dans le sud du Liban, à la frontière avec Israël, un "front de soutien" au Hamas dès le déclenchement de la guerre dans la bande de Gaza le 7 octobre.

Au cours des derniers jours, la formation pro-iranienne a eu intensivement recours à des drones d'attaque contre des positions militaires israéliennes, provoquant d'importants incendies. Jeudi soir, elle a pour la première fois employé des missiles de défense aérienne contre des avions israéliens.

"Il y a eu une vraie escalade ces dernières semaines, avec des tirs de roquettes bien plus importants", note Michael Horowitz, analyste géopolitique pour Le Beck, une société de conseil basée au Moyen-Orient, précisant que le nombre de roquettes tirées sur le nord d'Israël avait triplé en mai par rapport à janvier.

"Le Hezbollah utilise aussi de nouvelles armes plus efficaces, notamment les drones kamikazes, tout en étendant sa zone d'opération", ajoute-t-il.

Mais le mouvement libanais se garde de frapper en profondeur Israël et son chef, Hassan Nasrallah, a averti qu'il n'avait encore employé qu'une partie de son puissant arsenal.

Israël a de son côté intensifié ses frappes contre des combattants du Hezbollah et ses raids contre des positions éloignées de la frontière, dans la plaine de la Békaa (est) où le mouvement a un réseau de bases et de tunnels.

Huit mois de violences ont fait au moins 455 morts au Liban, dont environ 90 civils et près de 300 combattants du Hezbollah, soit plus que les pertes du mouvement libanais lors de sa dernière guerre avec Israël en 2006.

Côté israélien, au moins 15 soldats et 11 civils ont été tués, selon les autorités.

Menaces réelles ? 

Les responsables israéliens multiplient les déclarations belliqueuses. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé qu'Israël était "prêt pour une opération très intense" à sa frontière nord.

Son allié d'extrême droite, Bezalel Smotrich, a déclaré que l'armée israélienne devrait envahir le Liban et repousser "des centaines de milliers de Libanais" de la zone frontière.

Le chef de l'armée israélienne, le lieutenant général Herzi Halevi, a pour sa part annoncé qu'Israël était "prêt à passer à l'offensive dans le nord".

Le numéro deux du Hezbollah, Naïm Qassem, a cependant assuré cette semaine que le but n'était "pas d'élargir la bataille". "Nous ne voulons pas d'une guerre totale" mais "si elle nous est imposée, nous sommes prêts", a-t-il ajouté.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à la cessation des hostilités entre les deux parties, s'inquiétant d'un risque de "conflit plus large aux conséquences dévastatrices pour la région".

Préparatifs de guerre ou de négociations ?

Michael Young, analyste du centre Carnegie pour le Moyen-Orient, estime qu'Israël et le Hezbollah procèdent à une "escalade contrôlée".

"Ce ne sont pas tant des préparatifs de guerre", bien qu'elle "reste toujours une possibilité réelle, mais plutôt des préparatifs pour des négociations", explique Michael Young.

Il indique que les deux parties anticipent une fin des combats à Gaza, "et par conséquent qu'une solution doit être trouvée" à la frontière israélo-libanaise.

Pour Michael Horowitz, "les tensions internes jouent un rôle dans les déclarations des dirigeants israéliens", sans oublier la "pression publique" due aux milliers d'Israéliens déplacés du nord.

"Malgré ces déclarations belliqueuses, je crois que Netanyahu sait qu'une guerre avec le Hezbollah serait un pari extrêmement risqué", estime M. Horowitz.

En juillet 2006, la guerre entre Israël et le Hezbollah avait fait en 34 jours près de 1.400 morts, dont 1.200 côté libanais, en majorité des civils.

Le Hezbollah avait alors frappé Israël en profondeur, avant qu'un cessez-le-feu conclu sous l'égide des Nations unies n'installe une paix fragile.

Déjà en 1982, l'armée israélienne avait envahi le Liban et assiégé Beyrouth, pour en déloger l'Organisation de libération de la Palestine de Yasser Arafat.

Mais le départ des fedayins, les combattants palestiniens, a donné naissance à un adversaire encore plus redoutable pour Israël, le Hezbollah.

*Article modifié par Ahraminfo

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