Des habitants de Rafah ont fait état de bombardements à l'artillerie et de tirs intenses jeudi dans cette ville du sud de la bande de Gaza où l'armée israélienne a annoncé contrôler une zone tampon stratégique entre le territoire palestinien et l'Egypte.
Le conseiller israélien à la sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, a affirmé mercredi que la guerre entre son pays et le Hamas pourrait se poursuivre "encore sept mois".
En dépit de l'indignation internationale soulevée par un bombardement meurtrier dimanche d'un camp de déplacés à Rafah, l'armée israélienne poursuit son offensive terrestre dans la ville surpeuplée du sud de la bande de Gaza, lancée le 7 mai pour éliminer les derniers bataillons du Hamas, selon elle.
Après avoir débuté des opérations dans l'est de la ville, elle a progressé ensuite vers l'ouest, entraînant l'exode en trois semaines d'environ un million de personnes, selon l'ONU, pour la plupart des déplacés à nouveau sur les routes vers des zones déjà surpeuplées du territoire assiégé.
"Tuyau d'oxygène"
Des témoins ont fait état de bombardements intenses par l'artillerie et de tirs dans des secteurs ouest et centre de Rafah. Des frappes ont aussi touché le secteur de Tel Zareb, dans l'ouest.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, le Croissant-Rouge palestinien a fait état de la mort de deux de ses secouristes dans une "frappe directe" de l'armée israélienne contre l'une de ses ambulances dans le secteur ouest de Rafah.
Dans la ville de Gaza (nord), des tirs d'artillerie ont eu lieu à Zeitoun, dans le sud-est, selon des journalistes de l'AFP.
Toujours dans le nord du territoire, l'armée a visé le camp de Jabalia et Beit Layia, avec de la fumée s'élevant au-dessus de ces secteurs, selon des témoins.
L'armée a annoncé mercredi soir avoir pris le contrôle "ces derniers jours" du couloir de Philadelphie, une zone tampon de 14 kilomètres de long qui borde la frontière égyptienne le long du sud de la bande de Gaza, près de Rafah.
"Le couloir de Philadelphie servait de tuyau d'oxygène au Hamas, par lequel il faisait transiter régulièrement des armes vers la bande de Gaza", a déclaré Daniel Hagari.
Il a ajouté que l'armée avait "découvert une infrastructure terroriste souterraine sophistiquée à l'est de Rafah d'une longueur d'un kilomètre et demi à une centaine de mètres du passage" entre l'Egypte et la bande de Gaza.
L'Egypte a démenti l'existence de tunnels sous la frontière, affirmant qu'Israël cherchait ainsi à justifier son offensive à Rafah.
L'acheminement de l'aide humanitaire par le poste-frontière de Rafah, seul point de passage entre le territoire palestinien et l'Egypte, est bloqué depuis que l'armée israélienne en a pris le contrôle, côté palestinien, au début du mois de mai.
Projet de résolution
Ce point de passage est crucial pour l'entrée de l'aide dont la population de la bande de Gaza, dévastée par bientôt huit mois de guerre, a désespérément besoin, alors que l'ONU et des ONG mettent régulièrement en garde contre un risque de famine dans le territoire, où des produits entrent au compte-goutte via d'autres passages.
La guerre du 7 octobre en Israël a entraîné la mort de plus de 36.171 Palestiniens dans la bande de Gaza, mjoritairement des enfants et des femmes, selon le ministère palestinien de la Santé.
La guerre a également déplacé, à plusierus reprises, la majorité des quelque 2,4 millions d'habitants de Gaza et provoqué une catastrophe humanitaire majeure.
Sur le plan diplomatique, l'Algérie a présenté mardi au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution exigeant un cessez-le-feu "immédiat" et l'arrêt de l'offensive à Rafah.
Le projet algérien a été distribué à l'occasion d'une réunion d'urgence du Conseil convoquée après le bombardement israélien dimanche sur un camp de déplacés de Rafah qui a fait 45 morts, selon le ministère palestinien de la Santé à Gaza.
A Pékin pour un forum réunissant la Chine et des pays arabes, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a appelé jeudi à empêcher tout déplacement de Gazaouis "par la force". Le président chinois, Xi Jinping, a plaidé pour l'organisation d'une "conférence de paix élargie" pour mettre fin au conflit, affirmant que la justice ne devait "pas être absente pour toujours".
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