Les manifestants pro-palestiniens devant l’Institut d’études politiques à Paris. Photo : AFP
La mobilisation pro-palestine se poursuit vendredi matin à Sciences Po Paris, une université française de renom, où des étudiants ont passé la nuit dans le bâtiment historique de l'école et entrepris de bloquer sa principale entrée, a constaté l'AFP.
Keffiehs sur la tête, drapeaux palestiniens accrochés aux balustrades et slogans en faveur de la lutte palestinienne, des étudiants ayant passé la nuit sur place étaient visibles vendredi matin aux fenêtres de l'école.
Des poubelles et du matériel de chantier obstruent l'entrée principale de Sciences Po Paris, dont le vaste campus dans le centre de la capitale est scindé en plusieurs implantations. Quelques dizaines d'étudiants sont présents dans la rue.
Contactée, la direction de l'établissement ne pouvait être jointe jusqu'à présent.
Une conférence de presse du comité Palestine de Sciences Po est prévue ce vendredi.
Ce dernier réclame notamment "la condamnation claire des agissements d'Israël par Sciences Po" et "la fin des collaborations" avec toutes "les institutions ou entités" jugées complices "de l'oppression systémique du peuple palestinien". Il demande en outre l'arrêt de "la répression des voix pro-palestiniennes sur le campus".
Mercredi soir, une dizaine de tentes avaient été installées dans la cour d'un autre bâtiment de l'établissement, avant que la police ne vienne déloger les étudiants.
Ce mouvement intervient alors que plusieurs universités américaines sont prises dans la tourmente provoquée par le conflit à Gaza.
"Qu'on fasse preuve de solidarité à l'égard des Palestiniens, qu'on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c'est naturel, c'est même digne et c'est noble", a jugé Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de son mouvement Place publique aux européennes, sur BFMTV.
"Après, dans quelle atmosphère on le fait ? Est-ce qu'on est inclusif ? Est-ce qu'on tolère le débat ? Est-ce qu'on est capable d'organiser des discussions avec ceux qui ne partagent pas le point de vue ? Et jusqu'ici, jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas le cas. Et donc on a un problème. Et la direction de Sciences Po a le droit de décider d'évacuer", a complété M. Glucksmann, lui-même ancien élève de l'établissement.
Hormis Sciences Po Paris, les contestations étudiantes n'essaiment pas à ce stade dans les autres universités françaises.
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a souligné vendredi sur la chaîne LCI que la mobilisation en France ne concernait que "quelques dizaines d'étudiants".
"C'est dangereux car l'université a une fonction symbolique dans nos sociétés", a-t-il toutefois dit.
"Ce qui se passe dans les universités (...) rayonne sur l'ensemble de notre vie politique et intellectuelle et produit des effets sur une génération", a-t-il ajouté en évoquant des entraves à "la liberté académique" et "un climat de terreur intellectuelle" pesant sur certains étudiants juifs.
L'armée isrélienne mène des opérations à la bande siégée et affamée de Gaza qui a fait plus de 34.000 de morts, en majorité des enfants et des femmes.
la Cour internationale de justice (CIJ) avait appelé Israël en 29 mars à "veiller sans délai" à ce que soit assurée "sans restriction et à grande échelle, la fourniture par toutes les parties intéressées des services de base et de l'aide humanitaire requis de toute urgence".
Saisie par l'Afrique du Sud, la juridiction avait ordonné en janvier à Israël de faire tout son possible pour empêcher un "génocide" dans le territoire palestinien, Israël jugeant "scandaleuses" de telles accusations.
*Article modifié par Ahraminfo.
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