Des bombardements israéliens meurtriers ont de nouveau visé mercredi 10 avril la bande de Gaza, où Israël poursuit son offensive contre le Hamas malgré les pressions internationales, pendant que les pays médiateurs, le Qatar, l’Egypte les Etats-Unis, tentent sans succès d'imposer une trêve.
A l'heure où les musulmans du monde entier célèbrent l'Aïd el-Fitr, la fête marquant la fin du ramadan, des frappes mortelles ont touché pendant la nuit le nord et le centre du territoire palestinien, notamment le camp de Nousseirat, selon des témoins.
Six mois après le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre, les appels à un cessez-le-feu se font de plus en plus pressants.
Le président américain Joe Biden, l'allié le plus puissant d'Israël, a qualifié "d'erreur" la conduite de la guerre à Gaza par le premier ministre Benyamin Netanyahu, dans un entretien diffusé mardi 9 avril par la chaîne hispanophone Univision.
"Ce que je demande, c'est que les Israéliens appellent à un cessez-le-feu, qu'ils autorisent pour les six ou huit prochaines semaines un accès total à la nourriture et aux médicaments entrant dans le pays", a affirmé Joe Biden.
Cet entretien a toutefois été enregistré avant le retrait, dimanche, des soldats israéliens du sud de la bande de Gaza et l'accroissement, ces derniers jours, de l'aide humanitaire autorisée par Israël à entrer dans le territoire.
Les pays médiateurs, le Qatar, l’Egypte et les Etats-Unis, attendant à présent des réponses à une nouvelle proposition en trois étapes, soumise dimanche aux deux camps pour tenter de mettre fin à la guerre.
La première étape prévoit une trêve de six semaines, la libération de 42 otages retenus à Gaza en échange de 800 à 900 Palestiniens incarcérés par Israël, l'entrée de 400 à 500 camions d'aide alimentaire chaque jour et le retour chez eux des habitants du nord de la bande de Gaza déplacés par la guerre, selon une source au sein du Hamas.
Le Hamas a dit "étudier la proposition" avant de transmettre sa réponse aux médiateurs. Ces déclarations ont été jugées "pas très encourageantes" par la Maison Blanche.
"L'Aïd le plus triste"
Israël, de son côté, maintient son projet d'offensive terrestre sur la ville de Rafah, frontalière avec l'Egypte dans le sud de la bande de Gaza, qu'il présente comme le dernier grand bastion du Hamas, malgré la présence d'un million et demi de personnes, selon l'ONU, en majorité des déplacés ayant fui la guerre plus au nord.
"Nous achèverons l'élimination des bataillons du Hamas, y compris à Rafah. Aucune force au monde ne nous arrêtera", a encore déclaré Netanyahu mardi. Selon le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, une telle opération ne semble toutefois pas "imminente".
Israël avait annoncé dimanche le retrait de ses troupes de la grande ville voisine de Khan Younès, détruite après plusieurs mois de combats, afin de préparer l'offensive sur Rafah. Des milliers de personnes y sont aussitôt revenues, errant dans les ruines poussiéreuses à la recherche de leur maison.
A travers la bande de Gaza, les Palestiniens fêtaient tristement mercredi le premier jour de l'Aïd el-Fitr, réunis pour prier dans leurs abris de fortune, autour de quelques bonbons ou de petits gâteaux préparés malgré les pénuries.
A Jérusalem, tous avaient en tête le drame de Gaza dans la foule de dizaines de milliers de fidèles réunis sur l'esplanade des Mosquées, encadrés par les forces de l'ordre israéliennes.
"C'est l'Aïd le plus triste que nous ayons vécu. Dans la mosquée on pouvait voir la tristesse sur les visages", a témoigné Rawan Abd, une infirmière âgée de 32 ans de Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël.
"D'habitude nous venons à Al-Aqsa pour une célébration, cette année nous sommes seulement venus pour nous soutenir les uns les autres. Toutes les pensées sont tournées vers ce qui se passe à Gaza", a ajouté Zaki, un homme de 37 ans.
"Changement radical"
L’offensive israélienne a fait jusqu'à présent 33.360 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Israël, qui assiège totalement la bande de Gaza depuis le début de la guerre, est confronté à une très forte pression internationale pour laisser passer davantage d'aide humanitaire dans le territoire menacé de famine.
Le 18 mars, cinq ONG ont soumis une pétition à la Cour suprême israélienne dans l'espoir que les autorités "respectent leurs obligations de puissance occupante" en fournissant toute l'aide nécessaire à la population.
La cour a donné jusqu'à ce mercredi au gouvernement pour répondre à une série de questions sur sa politique en matière d'aide humanitaire à Gaza.
A la veille de cette échéance, les autorités ont affirmé que 468 camions étaient entrés mardi dans la bande de Gaza, le nombre le plus élevé en une journée depuis le début de la guerre.
"Nous assistons à un changement radical qui, nous l'espérons, se poursuivra et s'étendra", a déclaré mardi la cheffe de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), Samantha Power, appelant toutefois Israël à laisser entrer plus de 500 camions par jour.
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