Les Etats-Unis ont annoncé une opération majeure pour acheminer davantage d'aide dans la bande de Gaza affamée et bombardée sans cesse par Israël, alors que les espoirs d'une trêve rapide entre l'armée israélienne et le Hamas palestinien s'amenuisent.
Après cinq mois d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre portant à 30.878 le bilan des morts à Gaza depuis le début du conflit selon le ministère palestinien de la santé à Gaza.
Les Etats-Unis mettent une pression grandissante sur Israël, leur allié, qui assiège Gaza depuis le 9 octobre et ne laisse entrer l'aide qu'au compte-gouttes depuis l'Egypte.
Selon l'ONU, sur les 2,4 millions d'habitants dans le territoire exigu, 2,2 millions sont menacés de famine avec de graves manques de nourriture et d'eau potable et 1,7 ont été déplacés par les combats et les frappes israéliennes qui ont aussi provoqué des destructions colossales et réduit le système hospitalier en lambeaux.
Face à cette catastrophe humanitaire, plusieurs pays arabes et occidentaux, dont les Etats-Unis et la France, ont effectué ces derniers jours de nombreux largages aériens de nourriture.
Mais ces parachutages ou même un acheminement d'aide par la mer ne peuvent se substituer à la voie terrestre, estime l'ONU qui met en garde contre une "famine généralisée presque inévitable" à Gaza.
"Je travaille d'arrache-pied pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat d'au moins six semaines", a déclaré le président américain Joe Biden dans son discours sur l'état de l'Union jeudi, en appelant Israël à ne pas utiliser l'aide humanitaire comme "monnaie d'échange".
Il a ajouté avoir ordonné à l'armée américaine d'établir un port à Gaza permettant "une augmentation massive" des aides.
La construction d'une "jetée temporaire" prendra plusieurs semaines et ne signifie pas le déploiement au sol de soldats américains, ont expliqué des responsables américains, précisant que les Israéliens avaient été informés.
Ursula von der Leyen à Chypre
L'aide maritime partira, selon eux, du port de Larnaca à Chypre, le pays de l'Union européenne géographiquement le plus proche de Gaza, où la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est attendue vendredi.
"La diversification des routes d'approvisionnement terrestres (...) reste la solution optimale: plus facile, plus rapide, moins chère", a souligné la coordinatrice de l'ONU chargée de l'aide pour Gaza, Sigrid Kaag jeudi après une réunion à huis clos du Conseil de sécurité.
Occupée par l'armée israélienne de 1967 à 2005, la bande de Gaza, déjà soumise à un blocus israélien depuis la prise du pouvoir par le Hamas en 2007, est bordée par Israël, l'Egypte qui garde sa frontière fermée et la mer Méditerranée.
Selon le ministère palestinien de la Santé à Gaza, au moins 20 civils, la plupart des enfants, sont morts de malnutrition et de déshydratation.
La situation est notamment critique dans le nord où l'acheminement de l'aide par voie terrestre est quasi impossible à cause des combats, destructions et pillages.
Signe d'une situation alarmante, une distribution d'aide humanitaire le 29 février à Gaza-ville (nord) a tourné au chaos avec des tirs israéliens sur une foule affamée et une bousculade, qui ont fait 115 morts selon le Hamas.
Vendredi, l'armée israélienne a affirmé que "l'examen" de ce drame a montré que les soldats "ont tiré sur un certain nombre de suspects qui s'approchaient (d'eux) et présentaient une menace".
"Tout le monde criait"
"L'armée israélienne continuera à opérer dans toute la bande de Gaza, y compris à Rafah, le dernier bastion du Hamas", a répété jeudi le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Pour parvenir à la "victoire totale", Israël dit préparer une offensive terrestre sur Rafah, dans l'extrême sud de la bande de Gaza contre la frontière fermée avec l'Egypte, où sont massés près de 1,5 million de Palestiniens selon l'ONU.
"Nous dormions quand un missile a touché la maison. Tout le monde a commencé à crier. Ma belle-soeur et ses enfants ont été tués et toutes les chambres ont été détruites. Cette maison nous hébergeait. Nous ne savons pas où aller maintenant avec nos enfants", raconte en pleurs à Rafah Jamila Abou Audeh, une déplacée de 55 ans, après avoir vu les sauveteurs retirer des corps des décombres.
Après quatre jours de négociations infructueuses au Caire, les négociations sur une trêve impliquant les pays médiateurs -Egypte, Qatar, Etats-Unis- doivent reprendre la semaine prochaine au Caire, selon le média égyptien Al-Qahera News.
Les médiateurs avaient tenté d'arracher un accord sur une trêve associée à une libération d'otages en échange de prisonniers palestiniens avant le ramadan, le mois sacré du jeûne pour les musulmans, qui commence en début de semaine prochaine.
Le Hamas réclame avant tout accord un cessez-le-feu définitif et un retrait des troupes israéliennes de Gaza, ce qu'Israël refuse.
*Article modifié par Ahraminfo
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