Des Palestiniens courent dans une rue alors que l’aide humanitaire est parachutée à Gaza. Photo : AFP
Face à une situation qualifiée de "désespérée", les Etats-Unis ont annoncé vendredi qu'ils vont participer "dans les prochains jours", et pour la première fois, à des largages aériens d'aide humanitaire dans la bande de Gaza assiégée par l'armée israélienne.
"Dans les prochains jours, nous allons nous joindre à nos amis de Jordanie et d'autres pays en opérant des largages de nourriture et autres biens" sur Gaza, a affirmé le président Joe Biden en recevant à la Maison Blanche la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni.
"Des innocents sont pris au piège d'une guerre terrible, incapables de nourrir leurs familles, et vous avez vu la réponse lorsqu'ils ont essayé d'obtenir de l'aide", a-t-il dit en faisant référence à la tuerie jeudi lors d'une distribution d'aide humanitaire à Gaza, où plus de 110 personnes ont péri dans des circonstances encore imprécises entre tirs israéliens.
Le président américain a également souligné que les Etats-Unis allaient "chercher à ouvrir d'autres voies d'accès à Gaza, y compris la possibilité d'un corridor maritime pour acheminer de grandes quantités d'aide humanitaire".
"L'aide apportée à Gaza est loin d'être suffisante aujourd'hui - elle est loin d'être suffisante", a insisté Joe Biden, ce dont se plaint Washington auprès de son allié israélien depuis des semaines.
Jusqu'à présent, les Etats-Unis n'ont pas procédé à de tels largages d'aide jugeant leur efficacité limitée.
Mais alors que la bande de Gaza est menacée de famine selon l'ONU, et dans l'attente d'un accord de cessez-le-feu qui permettrait de faire arriver plus d'aide, les Etats-Unis ont visiblement évolué sur le sujet.
l'Egypte ,le Qatar, et les Etats-Unis tentent depuis des semaines d'arracher aux deux camps un compromis qui rendrait possible une trêve associée à de nouvelles libérations d'otages, mais aucune avancée concrète n'a été annoncée jusqu'à présent.
La guerre déclenchée le 7 octobre a fait jusqu'à présent 30.228 morts à Gaza, selon le ministère palestinien de la Santé.
"Extrêmement difficile"
Ce revirement sur les largages intervient en pleine campagne électorale aux Etats-Unis, où le président démocrate de 81 ans, qui se représente en novembre pour un second mandat, subit la pression de l'aile gauche de son parti et de la communauté arabo-musulmane pour son soutien à Israël.
En témoigne un vote sanction mardi lors d'une primaire démocrate dans l'Etat du Michigan (nord) où plus de 100.000 personnes ont mis l'équivalent d'un vote blanc dans les urnes, en guise de protestation.
Ce résultat est inquiétant pour le dirigeant démocrate car il avait remporté cet Etat face à Donald Trump il y a quatre ans avec quelque 150.000 voix d'avance. Chaque défection entame ses chances d'être réélu à la présidentielle de novembre.
De fait, le président américain continue de hausser le ton face à Israël.
Et ce même si Washington n'entend pas suspendre son aide militaire à son allié et a mis son veto à plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à des cessez-le-feu immédiats et durables.
"Nous allons insister auprès d'Israël qu'il facilite l'entrée de davantage de camions et qu'il augmente les voies d'accès à Gaza", a dit Joe Biden.
La Jordanie a mené plusieurs opérations de largage d'aide humanitaire et médicale depuis le début de la guerre le 7 octobre à Gaza, destinée notamment à un hôpital de campagne jordanien dans le nord du territoire palestinien.
Interrogé par des journalistes, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, a précisé peu après qu'il ne s'agira pas d'une opération unique.
"D'autres largages seront planifiés et exécutés" par le Pentagone, a-t-il affirmé, en insistant sur leur caractère "extrêmement difficile (...) dans un environnement aussi encombré que celui de Gaza, qui est très, très densément peuplé".
*Article modifié par Ahraminfo
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