En dépit des nombreux efforts diplomatiques, rien ne semble pouvoir mettre un terme aux hostilités entre Israël et Hamas entrées dans leur quatrième mois, alors que l'ONU tire la sonnette d'alarme sur les conditions de vie désastreuses de la population dans le territoire assiégé.
Dans le cadre d'une tournée régionale, M. Blinken, dont le pays est le principal allié d'Israël, a rencontré mardi plusieurs responsables israéliens, notamment le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
"Nous savons que faire face à un ennemi qui se cache parmi la population civile, se planque dans des écoles et des hôpitaux pour tirer, rend les choses incroyablement difficiles. Mais le prix payé chaque jour par les civils à Gaza, notamment les enfants, est bien trop élevé", a-t-il déclaré.
La guerre contre Gaza a fait environ 1.140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien.
En représailles, Israël a juré de "détruire" le Hamas au pouvoir à Gaza et lancé une offensive dans ce territoire palestinien qui a fait au moins 23.210 morts, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, a indiqué mardi le ministère de la Santé palestinien à Gaza, avant de faire état de "plus de 70 morts" dans des frappes dans différents secteurs de la bande de Gaza au cours de la nuit de mardi à mercredi.
Un abri de MSF frappé
Un journaliste de l'AFP a fait état de bombardements intenses dans les villes de Khan Younès et Rafah, dans le sud.
L'armée israélienne a parlé elle d'opérations dans les secteurs de Maghazi (centre) et Khan Younès, avec "plus de 150 cibles touchées", et 15 tunnels découverts.
Médecins Sans Frontières (MSF) a condamné mercredi "avec la plus grande fermeté" une frappe contre un abri de MSF à Khan Younès, qui a entraîné la mort de la fille d'un de ses employés.
"Un obus a traversé (lundi) le mur du bâtiment où plus de 100 membres du personnel de MSF et leurs familles avaient trouvé refuge", indique l'ONG dans un communiqué. "Bien que MSF ne soit pas en mesure de confirmer l'origine de l'obus, celui-ci semble similaire à ceux utilisés par les chars israéliens".
La bande de Gaza a besoin de recevoir "plus de nourriture, plus d'eau, plus de médicaments", a reconnu mardi M. Blinken en exhortant aussi Israël à "cesser de prendre des mesures qui sapent la capacité des Palestiniens à se gouverner eux-mêmes".
M. Gallant avait dévoilé jeudi son premier plan pour "l'après"-guerre à Gaza qui prévoit une gouvernance locale qui ne soit "ni le Hamas", classé groupe terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, "ni une administration civile israélienne", mais dirigée par des Palestiniens qui ne sont "pas hostiles" à Israël.
Des ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu plaident pour une recolonisation de Gaza, tandis que Washington souhaite, selon de nombreux analystes, revoir sur place l'Autorité palestinienne mais réformée.
Améliorer la gouvernance
En 2007, l'Autorité palestinienne avait perdu le contrôle de Gaza au profit du Hamas pour n'exercer son pouvoir, limité, qu'en Cisjordanie, territoire occupé par Israël.
"L'Autorité palestinienne a la responsabilité de se réformer, d'améliorer sa gouvernance. Ce sont là des enjeux que je vais aborder avec le président Abbas" mercredi, a déclaré M. Blinken.
Mahmoud Abbas doit aussi rencontrer mercredi en Jordanie le roi Abdallah II et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour discuter d'un "cessez-le-feu immédiat" et de la livraison ininterrompue d'aide humanitaire, selon Amman.
Les organisations internationales alertent sur le désastre sanitaire à Gaza, où 85% de la population a été déplacée et où l'aide humanitaire arrive au compte-gouttes.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré mardi voir sa capacité à venir en aide aux habitants de Gaza se "réduire", parlant de "catastrophe humanitaire".
"A cause du manque d'eau, nous ne nous douchons qu'une fois par mois, nous souffrons psychologiquement et les maladies se sont répandues partout", témoigne auprès de l'AFP Ibrahim Saadat, un Palestinien déplacé par la guerre.
100 ans
"Ce n'est pas 100 jours (de guerre), mais on a l'impression que cela fait 100 ans", déplore à ses côtés Abdelaziz, un autre déplacé rencontré à Rafah, à la pointe sud du territoire où des centaines de milliers de personnes ont trouvé refuge.
"Nous avons perdu tous nos rêves (...) Les enfants peuvent perdre des années de leur vie en vivant ici. Certains allaient à l'école (...) tout cela n'a servi à rien, tout est perdu", souffle Hadeel Shehata, une Gazaouie de 23 ans également déplacée dans le sud du territoire.
Israël frappe désormais surtout le centre et le sud de la bande de Gaza après avoir bombardé massivement le nord du territoire. Le gouvernement israélien a accepté le principe d'une "mission d'évaluation" de l'ONU sur la situation dans le nord de Gaza en vue d'un retour des déplacés, a souligné mardi M. Blinken, sans donner de détails.
Le secrétaire d'Etat américain a débuté la semaine dernière une tournée au Moyen-Orient visant notamment à essayer d'éviter un débordement du conflit dans la région, où le Hamas compte plusieurs alliés, avec des groupes armés soutenus par l'Iran au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen.
Mercredi, le gouvernement britannique a indiqué que les armées britannique et américaine avaient repoussé dans la nuit en mer Rouge "la plus importante attaque" à ce jour des rebelles yéménites Houthis qui disent agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza.
Cet article a été modifié par Ahraminfo
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