les membres du Conseil de sécurité de l'ONU tiennent des réunions parallèles alors qu'ils prennent une pause au siège des Nations Unies le 19 décembre 2023 à New York. Photo : AFP
Le Conseil, largement critiqué pour son inaction depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, négocie d'arrache-pied depuis plusieurs jours ce texte porté par les Emirats arabes unis.
Le vote initialement prévu lundi a été reporté plusieurs fois, la dernière mercredi à la demande des Américains qui avaient mis leur véto le 8 décembre à un précédent texte réclamant un "cessez-le-feu humanitaire" dans la bande de Gaza, suite à la guerre du 7octobre.
"La diplomatie prend du temps", a commenté mercredi l'ambassadrice des Emirats à l'ONU Lana Zaki Nusseibeh, notant que les négociations impliquaient, "au plus haut niveau, les capitales ayant du poids" dans ce dossier.
Espérant un résultat "positif" de ces négociations pour sortir de l'impasse, elle a assuré que même dans le cas contraire, "il y aura un vote".
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le Conseil n'a réussi qu'une seule fois à sortir du silence, avec la résolution du 15 novembre appelant à des "pauses humanitaires". Il a rejeté cinq autres textes en deux mois, dont deux en raison de vétos américains, le dernier le 8 décembre.
Les Etats-Unis avaient alors bloqué, malgré la pression inédite du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, l'appel à un "cessez-le-feu humanitaire".
Une possibilité que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui aussi exclue mercredi à nouveau, "jusqu'à l'élimination" du Hamas.
Alors que la situation humanitaire catastrophique à Gaza ne cesse de se détériorer, la plupart des membres du Conseil semblent vouloir éviter un nouveau véto.
La référence à une "cessation urgente et durable des hostilités" a par exemple été supprimée, à la demande des Américains, selon des sources diplomatiques.
"Attaques aveugles"
Le dernier projet de texte vu par l'AFP appelle moins directement à une "suspension urgente des hostilités pour permettre un accès humanitaire sûr et sans entrave, et à des mesures urgentes vers une cessation durable des hostilités".
Mais "l'action ne se déroule pas à New York, elle est à Washington", a commenté Richard Gowan, analyste à l'International Crisis Group.
"Si les Etats-Unis s'abstiennent, les membres du Conseil pourront pousser un soupir de soulagement et prendre des vacances pour Noël. Si les Américains mettent leur véto, tout le monde va aller vers la nouvelle année sans savoir quoi faire de plus à l'ONU pour répondre à la guerre", a-t-il ajouté.
Les Américains sont restés plutôt évasifs sur l'issue de cette négociation.
"J'espère que nous pourrons trouver une solution satisfaisante", a déclaré mercredi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, assurant que les Etats-Unis soutiennent "pleinement" l'objectif de la résolution d'accroitre l'acheminement de l'aide à Gaza.
Mais "nous voulons nous assurer que la résolution (...) ne fait rien qui pourrait nuire à l'acheminement de l'aide humanitaire et la rendre plus compliquée", a-t-il ajouté.
Le texte exige notamment que les parties au conflit facilitent l'entrée et la distribution de l'aide dans tout le territoire, "par la terre, la mer et les airs" et demande au secrétaire général de l'ONU de mettre en place un mécanisme de suivi pour s'assurer de la nature "humanitaire" des livraisons.
Comme de précédents textes fustigés par Israël et les Etats-Unis, le dernier projet ne nomme pas le Hamas. Il condamne "toutes les attaques aveugles contre les civils" et "tous les actes de terrorisme", et réclame la libération des otages.
Les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza ont fait 20.000 morts depuis le début de la guerre, dont au moins 8.000 enfants et 6.200 femmes.
*Article modifié par Ahraminfo
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