Un bâtiment de l'ambassade américaine en Irak, à Bagdad, le 14 décembre 2011. Photo : REUTERS
Des salves de roquettes avaient été tirées à l'aube du 8 décembre contre l'ambassade américaine dans la capitale irakienne sans faire de blessés, dans un contexte de tensions régionales accrues alimentées par la guerre entre Israël et le Hamas palestinien.
Jamais revendiquée, cette attaque était la première rapportée contre l'ambassade depuis que des groupes armés pro-Iran ont lancé à la mi-octobre des frappes similaires contre les soldats américains ou les forces de la coalition internationale antijihadiste, en Irak ou en Syrie voisine.
"Selon des informations préliminaires, certains" des assaillants "ont malheureusement des liens avec certains services de sécurité", a indiqué dans un communiqué un porte-parole du Premier ministre irakien, le général Yehia Rasool, évoquant l'attaque contre l'ambassade américaine.
"Les services de sécurité ont arrêté un certain nombre d'entre eux", précise le communiqué, sans fournir leur nombre ni leur identité.
Les autorités ont arrêté "ceux qui ont aidé les criminels et leur ont apporté un soutien logistique, pour arriver à la zone d'où a été menée l'attaque, puis assurer leur fuite", précise le communiqué.
Un responsable sécuritaire à Bagdad, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat en raison de la sensibilité du dossier, a fait état de 13 personnes interpellées, dont des membres des forces de sécurité.
Derrière le regain d'attaques visant la présence américaine? Les factions pro-Iran sont ulcérées par le soutien apporté par Washington à Israël dans sa guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre par une attaque meurtrière sans précédent du mouvement islamiste sur le sol israélien.
- "Réputation de l'Irak" -
Evoquant le 8 décembre, le communiqué du gouvernement estime que "de telles attaques ne peuvent être tolérées ni passées sous silence, en raison de la menace grave qu'elles représentent pour la sécurité et la stabilité du pays, et les dommages portés à la réputation de l'Irak".
Le jour de l'attaque, un porte-parole de l'ambassade américaine avait estimé qu'elle portait la marque "des milices alignées sur l'Iran, qui opèrent librement en Irak".
Au total, Washington a recensé au moins 92 attaques contre les troupes américaines et les forces de la coalition internationale en Irak et en Syrie depuis le 17 octobre, soit dix jours après le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
La plupart de ces attaques ont été revendiquées par la "Résistance islamique en Irak", formée par des combattants enrôlés dans des groupes affiliés au Hachd al-Chaabi.
Cette coalition d'anciens paramilitaires est intégrée aux forces de l'ordre.
Les arrestations annoncées jeudi interviennent deux jours après un appel téléphonique entre le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani et le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
Soudani avait réitéré "l'engagement de l'Irak à protéger les missions diplomatiques" et les conseillers de la coalition internationale, selon un communiqué de ses services.
"Les forces de sécurité ont toutes les capacités pour effectuer leur devoir et retrouver les auteurs d'attaques contre les missions diplomatiques", avait-il souligné. "Sans aucune ingérence étrangère".
Car en représailles des attaques des groupes pro-Iran, le Pentagone a effectué plusieurs frappes contre des combattants en Irak, mais aussi en Syrie contre des sites liés à l'Iran.
Porté au pouvoir par une majorité parlementaire pro-Iran, le gouvernement Soudani est contraint de se livrer à un délicat exercice d'équilibriste pour préserver les liens stratégiques unissant son pays à Washington.
Vendredi après l'attaque contre l'ambassade américaine, la coalition pro-Iran du Parlement, le Cadre de coordination, avait dénoncé ces tirs de roquettes et apporté son soutien aux procédures intentées par le gouvernement.
Washington compte environ 2.500 soldats en Irak et près de 900 en Syrie qui combattent l'organisation Etat islamique (EI) avec une coalition internationale antijihadiste lancée en 2014.
La coalition assure que son engagement en Irak se limite à un rôle d'assistance et de conseils apportés aux forces locales.
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