Pas de désescalade en vue, semble-t-il. La tension est toujours pesante dans les territoires occupés, malgré les tentatives d’apaisement. L’armée israélienne a annoncé, dimanche 12 mars, avoir abattu trois Palestiniens dans la zone sous contrôle sécuritaire israélien, à l’ouest de Naplouse, en Cisjordanie occupée. Dans cette zone, l’armée israélienne multiplie les opérations depuis bientôt un an en insistant sur le fait qu’elle est un foyer de violence. Il s’agit du deuxième incident meurtrier du genre en une seule semaine. Un Palestinien soupçonné de vouloir mener une attaque a été tué vendredi 10 mars par un colon israélien, au lendemain d’un attentat palestinien qui a fait 3 blessés à Tel-Aviv. Ainsi, ces incidents meurtriers surviennent alors que le conflit israélo-palestinien semble aspiré dans une nouvelle spirale inextricable de violence depuis l’entrée en fonction, fin décembre, d’un des gouvernements les plus à droite de l’histoire d’Israël, dirigé par le premier ministre, Benyamin Netanyahu.
Depuis le début de l’année, la tension est à son comble. Et la situation n’est pas près de se calmer. « La tension peut augmenter dans les territoires occupés avec le mois du Ramadan qui approche. La violence risque d’augmenter d’autant plus que les Israéliens peuvent, comme chaque année, empêcher les Palestiniens de prier à la mosquée Al-Aqsa. Les Israéliens provoquent les Palestiniens, surtout les jeunes; ces derniers à leur tour tombent dans ce piège et commettent des actes de violence. Et puis, c’est l’escalade », explique Dr Mona Soliman, politologue.
Détourner l’attention des Israéliens
La chercheuse explique qu’il existe, cette année, d’autres raisons à l’origine des provocations israéliennes. « Le gouvernement veut détourner l’attention de la crise interne en exploitant les tensions avec les Palestiniens. Cela fait deux mois que des Israéliens manifestent toutes les semaines contre la réforme judicaire présentée par le gouvernement. Ce qui met Netanyahu dans une situation critique. Les manifestations peuvent le pousser à démissionner. Ce qui donnera lieu à de nouvelles élections législatives anticipées. Alors, pour distraire l’opinion publique, le gouvernement veut lui montrer qu’il existe d’importantes menaces et des dangers plus grands, à savoir les tensions avec les Palestiniens et les changements régionaux », explique l’analyste.
Depuis le début de l’année, le conflit israélo-palestinien a coûté la vie à 81 Palestiniens (parmi lesquels des membres de groupes armés et des civils, dont des mineurs), 12 civils (dont 3 mineurs) et un policier israéliens, ainsi qu’une Ukrainienne, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.
A cet égard, les appels au calme lancés par l’Onu et de nombreuses chancelleries étrangères ont augmenté. L’Union européenne a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue. « Il est urgent de mettre fin au cycle de violences et de désamorcer la situation », a affirmé le porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. En visite en Israël dans le cadre d’une tournée au Moyen-Orient, le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a déclaré que les Etats-Unis étaient particulièrement préoccupés par de récentes exactions commises par des colons contre des Palestiniens en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël. Austin a également insisté sur la nécessité d’une désescalade et sur le fait de baisser les tensions et de ramener le calme, tout particulièrement avant les fêtes de la Pâque juive (début avril) et du Ramadan, devant commencer fin mars. « Nous sommes particulièrement préoccupés par la violence de colons (juifs) contre des Palestiniens », a déclaré le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, au cours d’une brève visite à Tel-Aviv, dans une allusion aux exactions de colons ayant incendié fin février des dizaines de bâtiments et voitures dans le nord de la Cisjordanie, après le meurtre de deux des leurs par un membre du mouvement islamiste Hamas. Tout en réaffirmant le soutien « indéfectible » des Etats-Unis à la sécurité d’Israël, Austin a plaidé pour une « désescalade ».
Mais à part ces appels, ni les Etats-Unis ni l’ensemble de la communauté internationale n’agissent pour mettre en place une solution durable.
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