Avec Mahmoud Abbas, Abbas Kamel a discuté de l’apaisement global à Jérusalem, en Cisjordanie et à Gaza, de la reconstruction et du dialogue interpalestinien. (Photo : AFP)
Le Caire à la manoeuvre. Depuis la médiation égyptienne qui a permis l’instauration d’un cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur le 21 mai, l’Egypte s’investit toujours intensément. Premièrement pour consolider la trêve sur le terrain, deuxièmement en poursuivant l’aide aux Palestiniens et en oeuvrant à la reconstruction et, enfin, en intensifiant les efforts pour relancer le dialogue pour parvenir à une solution durable. Le Caire est ainsi sur plusieurs fronts en même temps. Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a réitéré, lundi 31 mai, « le soutien total de l’Egypte aux Palestiniens », appelant les forces régionales et internationales à « soutenir les efforts égyptiens visant à la reconstruction de Gaza », mais aussi à « relancer le processus politique ».
C’est dans ce contexte que le président Sissi a dépêché cette semaine le chef des renseignements, Abbas Kamel, en Israël et dans les Territoires palestiniens, à Ramallah et à Gaza. Abbas Kamel s’est ainsi entretenu avec toutes les parties : le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, le président palestinien, Mahmoud Abbas, et les dirigeants du Hamas, ainsi que d’autres factions palestiniennes. Avec Mahmoud Abbas, Abbas Kamel a discuté de l’apaisement global à Jérusalem, en Cisjordanie et à Gaza, de la reconstruction et du dialogue interpalestinien. A ce sujet, il a été convenu de tenir un certain nombre de réunions au Caire, et ce, dans le cadre des efforts égyptiens à parvenir à une réconciliation palestinienne. Pour ce qui est du dossier de la reconstruction, Abbas Kamel a visité des sites susceptibles d’abriter des projets de reconstruction, alors que 52 camions égyptiens sont arrivés cette semaine dans l’enclave, avec à bord des aides aux Palestiniens. L’Egypte a déjà décidé d’allouer 500 millions de dollars américains à la reconstruction. L’Onu a de son côté lancé, jeudi 27 mai, un appel pour réunir 95 millions de dollars d’aide aux Palestiniens à Gaza comme en Cisjordanie, après avoir déjà débloqué 18 millions de dollars pendant le conflit.
Parallèlement à la mission du chef des renseignements, le ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a reçu, dimanche 30 mai au Caire, son homologue israélien, Gabi Ashkenazi, également afin de discuter des moyens à leur disposition pour consolider la trêve récemment conclue dans la bande de Gaza et surtout « poursuivre les consultations entre les deux pays et l’Autorité palestinienne en vue de débloquer le processus de paix », au point mort depuis 2014.
Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, les deux ministres ont convenu de continuer les consultations entre l’Egypte, Israël et l’Autorité palestinienne « afin de chercher des moyens de sortir de l’impasse dans laquelle se trouve actuellement le processus de paix ». Sameh Choukri a souligné la « nécessité de tenir compte de la sensibilité particulière (que revêt) Jérusalem-Est, la mosquée d’Al-Aqsa et tous les lieux saints musulmans et chrétiens », toujours selon le communiqué. Choukri a également insisté qu’Israël doit cesser toutes les pratiques qui conduisent à des tensions et à une escalade d’affrontements, en particulier dans les Territoires palestiniens.
Blinken plaide pour une solution à deux Etats
Ce ballet diplomatique intervient quelques jours après une tournée effectuée par le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, dans la région : en Israël, dans les Territoires palestiniens, en Egypte et en Jordanie. Blinken a appelé Israéliens et Palestiniens à créer un « meilleur environnement » pour parvenir à la solution à deux Etats, la seule option, selon Washington. « Au final, il est possible de reprendre les efforts pour parvenir à une solution à deux Etats, que nous continuons de considérer comme la seule façon d’assurer le futur d’Israël en tant qu’Etat juif et démocratique et, bien sûr, de donner aux Palestiniens l’Etat auquel ils ont le droit », a déclaré le chef de la diplomatie américaine lors d’une conférence de presse mardi 25 mai à Jérusalem.
Après des années de divorce sous l’ère de l’ancien président américain, Donald Trump, Antony Blinken a également parlé de la volonté de son pays de « reconstruire » sa relation avec les Palestiniens, ce qui se traduit par un projet de réouverture de leur consulat de Jérusalem et le déblocage d’une aide d’urgence pour Gaza. « Comme je l’ai dit au président (Mahmoud Abbas), je suis ici pour souligner l’engagement des Etats-Unis à reconstruire la relation avec l’Autorité palestinienne et le peuple palestinien, une relation fondée sur le respect mutuel », a assuré Antony Blinken lors d’une conférence de presse au siège de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée. Antony Blinken a ainsi annoncé la volonté des Etats-Unis d’« avancer sur le processus de réouverture du consulat à Jérusalem » qui s’occupait des Affaires palestiniennes et qui avait été fermé en 2019 par l’Administration Trump, malgré la réprobation internationale.
Sur le front de l’aide financière américaine, l’Administration Biden va demander au Congrès américain de débloquer 75 millions de dollars à destination des Palestiniens. Washington souhaite, en plus de cette aide destinée au développement économique, allouer 5,5 millions de dollars d’aide urgente à la bande de Gaza, et 32 millions de dollars à l’Agence de l’Onu pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).
Une rupture ? Sous la présidence de Donald Trump, Washington avait mis fin à son financement à l’Unrwa, fermé le bureau de la représentation palestinienne à Washington et fermé son consulat général à Jérusalem, qui faisait office d’ambassade de facto auprès des Palestiniens. Surtout, la solution à deux Etats semblait définitivement mise à l’écart par Washington. Les déclarations de Blinken et, avant lui, celle du président américain, Joe Biden, suscitent l’espoir, après des années de blocage. Un rééquilibrage de la position américaine qui ne garantit toutefois pas une solution définitive.
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