
Israël mène une intense série de frappes aériennes sur Gaza. (Photo : AFP)
Plus de 222 morts et 1 600 blessés. C’est le bilan de la flambée de violence qui oppose depuis plusieurs jours Israéliens et Palestiniens à Gaza. Tout a commencé lorsque des centaines de citoyens palestiniens ont manifesté dans le quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est en solidarité avec des familles palestiniennes menacées par Israël d’expulsion au profit de colons israéliens. Les heurts avec la police israélienne font de nombreux blessés. Le 10 mai, plusieurs roquettes sont tirées par le Hamas en direction d’Israël en solidarité avec les manifestants Palestiniens. C’est l’escalade. Israël lance des frappes aériennes sur Gaza provoquant des coupures d’électricité et des centaines de bâtiments ont été endommagées. L’armée israélienne a affirmé dans un communiqué avoir ciblé 9 maisons appartenant à de hauts dirigeants du Hamas. Une information niée par le mouvement qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007.
Dimanche, l’aviation israélienne a frappé les domiciles de Yahya Sinouar, chef du Hamas à Gaza, et de son frère. Des sources sécuritaires palestiniennes ont confirmé la frappe, mais on ignore le sort de Sinouar. Les hostilités entre Palestiniens et Israéliens se sont étendues à la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et les villes mixtes, où vivent juifs et Arabes israéliens. « La vague de violence a commencé au début du Ramadan, lorsque les autorités israéliennes ont autorisé les Palestiniens à prier à l’esplanade de Bab Al-Amoud, qui fait partie de la mosquée d’Al-Aqsa, 3e lieu saint de l’islam. Les colons israéliens se sont alors mis à provoquer les fidèles à la mosquée. En plus, l’expulsion de familles palestiniennes au profit de colons juifs d’un quartier de la Ville sainte a ravivé les heurts sur l’esplanade. Il s’en est suivi plusieurs jours de vives tensions à Jérusalem-Est. Ce climat de tension a soulevé la colère des Palestiniens et les a incités à manifester contre la situation pénible dont ils souffrent », explique Dr Mohamed Aboul-Makarem, du Centre des études arabes et africaines au Caire. Il explique qu'en comparaison aux précédents soulèvements palestiniens, plusieurs choses avaient changé. D’abord, le Hamas n’est pas seul à tirer des roquettes sur Israël. Plusieurs factions et mouvements palestiniens participent à ces tirs. Le nombre de roquettes et leur portée ont augmenté, ce qui signifie que les factions à Gaza sont plus fortes et mieux équipées que par le passé. Cette évolution a inquiété l’Etat hébreu et l’a incité à revoir ses comptes. Autre changement important, les manifestations qui ont éclaté un peu partout dans le monde pour soutenir les Palestiniens.
3 440 roquettes
Les groupes armés palestiniens, comme le Hamas et le Jihad islamique, ont tiré plus de 3440 roquettes en direction d’Israël depuis le début des accrochages meurtriers. C’est le rythme le plus élevé de tirs de projectiles sur le sol israélien. La dernière grande confrontation entre Israël et le Hamas remonte à l’été 2014. Le conflit de 51 jours avait ravagé la bande de Gaza et fait au moins 2251 morts du côté palestinien, pour la plupart des civils, et 74 du côté israélien, quasiment tous des soldats. Israël a décidé de rappeler 1000 membres de la police des frontières en renfort dans les villes, théâtres d’émeutes. Plus de 400 personnes, juives et arabes, ont été arrêtées au cours des 3 derniers jours.
Essayant de trouver une issue à la crise, le Conseil de sécurité de l’Onu s’est réuni d’urgence dimanche pour discuter des tensions entre Israël et le Hamas, mais n’est parvenu à aucun résultat. Car comme d'habitude, les Etats-Unis se sont opposés, pour la troisième fois en une semaine, à l'adoption d'une déclaration du Conseil de sécurité de l'Onu sur le conflit israélo-palestinien, qui appelait à « une cessation des violences » et à « la protection des civils, notamment les enfants ». Le texte avait été remis dimanche soir aux 15 membres du Conseil de sécurité pour approbation lundi. De son côté, le porte-parole de l’Onu, Stéphane Dujarric, a souligné l’importance d’une position unie du Conseil face au conflit. L’Assemblée générale de l’Onu tiendra jeudi un débat public sur le conflit israélo-palestinien, a annoncé pour sa part le porte-parole de l’Assemblée, Brenden Varma. Cette session, qui ne devrait pas donner lieu à l’adoption d’un texte, a été demandée par le Niger et l’Algérie, en leur capacité respective de présidents en exercice de l’Organisation de la coopération islamique et du Groupe arabe à l’Onu. Le projet de texte soumis au Conseil de sécurité exprimait « la grave préoccupation » du Conseil face à la crise et dénonçait les « possibles expulsions » de familles palestiniennes à Jérusalem-Est, appelant à éviter les actions unilatérales qui aggravent les tensions. Profitant de cette situation, les autorités israéliennes ont menacé de lancer une offensive terrestre dans la bande de Gaza. Le Hamas a répliqué en affirmant qu’il « avait les moyens d’affronter l’armée israélienne ». Les Autorités palestiniennes du Fatah ont, elles, dénoncé ces déclarations et ont appelé la communauté internationale à trouver une solution à la crise. La situation à Gaza était tendue depuis plusieurs mois. Le Hamas, qui contrôle l’enclave, et le Fatah, parti laïc du président palestinien Mahmoud Abbas, qui siège en Cisjordanie occupée, s’étaient entendus sur une feuille de route pour se réconcilier après plus d’une décennie de divisions. Cette réconciliation devait passer par la tenue d’élections initialement prévues ce mois-ci. Mais Mahmoud Abbas a reporté le scrutin sine die car Israël, qui contrôle Jérusalem-Est, n’a pas donné son feu vert à des élections pour les Palestiniens de la Ville sainte. Et le Hamas, qui tenait particulièrement à ce scrutin pour regagner en légitimité, n’a pas caché son agacement. « La situation à Gaza est pénible. Il faut trouver une solution, mettre fin au blocus imposé à la bande de Gaza et sauver les Gazouis », conclut Mohamed Aboul-Makarem l
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