
Ghassan Salamé estime toujours sa mission « difficile », mais pas « impossible ». (Photo : AFP)
Avant même de démarrer, le dialogue politique initialement prévu ce mercredi 26 février à Genève piétine. Il semble même mort-né. En effet, les deux camps rivaux présents dans la ville suisse, celui du GNA, Gouvernement d’union nationale de Fayez Al-Sarraj, et celui du maréchal Khalifa Haftar, chef de l’Armée Nationale Libyenne (ANL) et homme fort de l’Est, ont annoncé lundi 24 février suspendre leur participation aux discussions. Dans la soirée, les parlements, aussi bien du camp du GNA que de celui de l’est, ont annoncé leur défection. Le premier parce qu’il attend des avancées dans les discussions militaires, le second parce que sa délégation de 13 représentants aux pourparlers politiques n’a pas été entièrement validée par la Mission de l’Onu en Libye (MANUL). Au total, 13 membres des deux camps étaient attendus, de même qu’un nombre quasiment similaire de représentants désignés par l’émissaire de l’Onu Ghassan Salamé.
Pour autant, le dialogue démarrera bien ce mercredi, dit l’Onu. « De nombreux participants sont déjà arrivés à Genève et nous espérons que tous les (autres) participants invités emboîteront le pas », a déclaré à l’AFP Jean El Alam, porte-parole de la MANUL. Réponse du président du Conseil (parlement de l’ouest) Khaled El-Mechri : « Si la mission onusienne insiste pour organiser la réunion politique à la date prévue avant de connaître les conclusions du dialogue militaire, le Haut conseil d’Etat ne se considère pas tenu par les conclusions du dialogue politique ». C’est dire que les choses se compliquent.
Intransigeance
Mais comment se fait-il que la délégation du GNA a justifié sa non-participation par l’absence d’avancées dans les discussions militaires alors que l’Onu a affirmé le contraire ? En effet, quelques heures avant l’annonce de la suspension de la participation aux pourparlers de part et d’autre, la mission onusienne avait pourtant fait état d’une petite avancée au terme, la veille, de la seconde série de discussions indirectes de la commission militaire conjointe constituée de hauts responsables à parts égales entre les deux camps, tenue du 20 au 22 février. Un projet d’accord de cessez-le-feu a été préparé pour « faciliter le retour sûr des civils dans leurs zones », a précisé la MANUL. En cas d’arrangement, celle-ci serait chargée de surveiller le cessez-le-feu avec la commission militaire conjointe. Selon la MANUL, les deux parties ont convenu de présenter le projet d’accord à leurs dirigeants respectifs pour de nouvelles consultations et de se réunir à nouveau le mois prochain pour reprendre les discussions et achever la préparation du mandat des sous-comités chargés de la mise en oeuvre de l’accord.
Mais en marge de ces discussions militaires, la situation était tenue et laissait déjà présager de lendemains peu triomphants. Le ton de part et d’autre était en effet plus belliqueux que conciliant ; Haftar assurant qu’il s’opposerait militairement aux « envahisseurs turcs » et déclarant que les pourparlers de Genève ne pourront aboutir qu’à la condition d’un retrait des mercenaires syriens et turcs, de la fin des livraisons d’armes de la Turquie à Tripoli, et de la liquidation des groupes terroristes ; la Turquie confirmant pour la première fois la présence de combattants syriens, soutenus par Ankara en Libye pour soutenir le gouvernement de Tripoli.
Avant ces derniers développements, l’émissaire spécial de l’Onu pour la Libye, Ghassan Salamé, déclarait à l’AFP : « On m’a souvent parlé de ma mission comme d’une mission impossible, mais cela n’a jamais été mon avis. Le jour où je constaterai que ma vision est vraiment impossible, je ne serai pas là avec vous. Pour le moment, je pense que ma mission est possible, je ne dis pas qu’elle est facile. Elle est très difficile, mais elle est possible ». Salamé changera-t-il d’avis et finira-t-il par jeter l’éponge dans les jours à venir ?
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