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Calme précaire à Aden

Mardi, 20 août 2019

Suite aux pressions exercées par les pays de la coalition arabe, les forces séparatistes du Conseil de transition du sud (STC) ont évacué certains bâtiments publics qu’ils avaient occupés à Aden la semaine dernière.

Sous la forte pression de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, les forces séparatistes relevant du Conseil de transition du sud (STC) se sont retirées de plusieurs bâtiments publics qu’ils avaient occupés la semaine dernière à Aden. Selon le ministre de l’Information du gouvernement internationalement reconnu, Mouammar Al-Iryani, le siège du gouvernement, celui du Conseil suprême de la justice et celui de la Banque Centrale, le palais présidentiel ainsi que l’hôpital d’Aden ont été évacués par les séparatistes. En plus, les préparatifs sont en cours pour un retrait des séparatistes du siège du ministère de l’Intérieur et de la raffinerie d’Aden. Ces institutions seront protégées par une force militaire composée de Saoudiens et d’Emiratis. L’amorce de ce retrait avait été annoncée dans un communiqué par la coalition emmenée par l’Arabie saoudite, qui intervient au Yémen depuis 2015 contre les rebelles houthis.

De nombreux autres bâtiments d’Aden, notamment militaires, restent toujours sous le contrôle des séparatistes. Une délégation militaire saoudo-émiratie est arrivée jeudi 15 août à Aden pour trouver un règlement politique à cette situation extrêmement tendue dans la grande ville portuaire du sud du Yémen, siège provisoire du gouvernement depuis que la capitale Sanaa, au nord, a été occupée par les rebelles houthis en 2014.

Un conflit devenu plus complexe

Des combats meurtriers ont eu lieu la semaine dernière: la force Cordon de sécurité, bras armé du Conseil de transition du sud (STC, séparatistes), a pris aux forces pro-Hadi le contrôle du palais présidentiel, du siège du gouvernement et de positions militaires clés. Les combats ont fait, en quatre jours, 40 morts et 260 blessés selon l’Onu. Un bilan lourd, qui a poussé les pays de la coalition à s’engager pour stopper le bain de sang. « Il y aura des négociations de paix le mois prochain entre le gouvernement yéménite et les Houthis, mais comme les précédentes, ces négociations ne réuniront pas toutes les partis en conflit dans le pays. L’objectif immédiat du STC est d’être représenté dans ces négociations et de partager non seulement le pouvoir, mais aussi les richesses du pays. Le STC a voulu démontrer sa force et son influence. Il dispose maintenant de milices recrutées dans le sud qui lui sont fidèles », affirme Sameh Rashed, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire, ajoutant que le STC a voulu démontrer ses capacités de façon concrète pour imposer ses revendications. « Pour le STC, les combats étaient la seule solution pour imposer ses revendications », indique Rashed.

Ces combats ont rendu plus complexe le conflit qui fait rage au Yémen entre des unités progouvernementales soutenues depuis 2015 par une coalition formée principalement de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. Souvent, les deux camps opposés à Aden sont en effet théoriquement alliés dans le combat contre les Houthis. « Les récents combats à Aden menacent la relation entre l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis: l’Arabie saoudite appuie le président Hadi, qui vit d’ailleurs en exil à Riyad, tandis que les Emirats arabes unis soutiennent le STC, après avoir formé et armé les unités du Cordon de sécurité », explique Rashed.

Tentant de trouver une issue au conflit, Riyad a proposé la tenue, en Arabie saoudite, d’une réunion entre les deux camps. Le gouvernement Hadi a exigé au préalable le retrait des séparatistes des positions qu’ils occupent. Le STC s’est, lui, dit prêt à y participer pour parler de paix, sans évoquer un retrait. Il a dit aussi partager avec la coalition anti-Houthis l’objectif de lutter contre l’expansionnisme iranien dans la région. Des responsables du STC accusent régulièrement le gouvernement Hadi de corruption et d’avoir laissé le parti islamiste Al-Islah influencer ses décisions. Le Yémen du Sud était un Etat indépendant jusqu’à la réunification en 1990. Dans le sud existe toujours un fort ressentiment contre les Yéménites du Nord, accusés d’avoir imposé par la force l’unification du pays.

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