L’espoir d’un retour à la paix en Centrafrique, pays ravagé par des années de conflit, est à nouveauné cette semaine à Khartoum :le gouvernement de Centrafrique et 14 groupes armés qui en contrôlent la majorité du territoire ont conclu un accord de paix samedi 2 février à la capitale soudanaise, a annoncé le porte-parole de la présidence à Bangui. L’accord obtenu a été confirmé par le commissaire de l’UA à la paix et la sécurité, Smaïl Chergui. Ce dernier, qui a supervisé les négociations, a annoncé dans un tweet que l’accord « permettra au peuple centrafricain de s’inscrire sur la voie de la réconciliation, la concorde et le développement ». L'un des porte-paroles des groupes armés, Igor Lamaka, avait lui aussi affirmé, samedi soir, qu’un « compromis » venait d’être trouvé « au nom de l’unité, de la concorde et de la réconciliation nationale. C’est la paix qui agagné », a-t-il dit. Aboubakar Sidik, un porteparolede l’un des principaux groupes armés, le Front Populaire pour la Renaissance de la Centrafrique (FPRC), a déclaré de son côté :« Nous nous félicitons qu’un consensus aitété trouvé sur les points de blocage qu’étaient l’amnistie et un gouvernement inclusif ».
Cela dit, l’accord devra encore être formellement signé « dans les prochains jours » à Bangui, à une date non précisée, a indiqué le porte-parole de la présidence. En fait, les négociations de paix de Khartoum ont été lancées le 25 janvier à l’initiative de l’UA et de l’Onu, et ont rassemblé les principaux chefs des groupes armés et une importante délégation gouvernementale. Cependant, aucun détail sur le contenu de l’accord obtenu n’a été divulgué. D’importants points de désaccord, en particulier sur la question de l’amnistie des responsables de crimes et d’exactions, avaient pourtant entraîné, jeudi 31 janvier, une suspension des pourparlers qui ont été repris de nouveau.
Sous la pression de ses partenaires occidentaux, Bangui a toujours refusé une amnistie des chefs de guerre, dont plusieurs sont sous sanctions on usiennes ou cités pour violations des droits de l’homme dans des rapports d’ONG. Par ailleurs, le chemin de la paix n’est pas du tout facile en Centrafrique, pays de 4,5 millions d’habitants en guerre depuis 2013 et sombré dans la violence, alimentée par des luttes entre groupes armés musulmans et chrétiens, après le renversementen 2013 de l’ex-président François Bozizé.
La Centrafrique, ancienne colonie française classée parmi les pays les plus pauvres au monde, est cependant riche en diamants, oret uranium. Les groupes armés qui contrôlent de 70 à 80 % du territoire, s’y affrontent pour le contrôle de ces richesses. Ils s’opposent régulièrement aux quelques 12 000 soldatset policiers de la Mission de l’Onu en Centrafrique (Minusca) qui tente en vain d’empêcher les violences. Pas moins de septaccords de paix ont été signés en cinq ans, sansq u’aucun n’aboutisse au retour de la stabilité.
L’initiative de paix de Khartoum n’a pas mis fin à toutes les violences sur le terrain. Depuisle 24 janvier, le groupe armé Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC) a mené plusieurs attaques dans la préfecture de la Ouaka, dans le centre du pays. Un élément du groupe armé, alcoolisé, a notamment ouvert le feu dans la nuit précédant l’ouverture des négociations, tuant 18 personnes selon l’Onu. Il a été exécuté jeudi par le « comzone », chef local de l’UPC.
Des attaques à Bambari, dans le centre, et sur l’axe Bambari-Tagbara attribuées au même groupe armé ont aussi été enregistrées depuis jeudi 31 janvier, selon l’Onu.
Malgré cette instabilité, cet accord de paix, qui est le 8e, suscite un nouvel espoir, mêmesi pour l’instant il n’a pas été rendu public. Selon plusieurs sources, le fait que le texteait abordé des questions très sensibles commecelle de l’amnistie, d’un gouvernement desortie de crise, de la création de brigades mixtes de sécurité, ou encore le problème de la transhumance, est un pas positif.
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