Al-Ahram Hebdo : Il y a déjà eu plusieurs accords de réconciliation interpalestinienne, et à chaque fois, les désaccords réapparaissent. Qu’y a-t-il de différent cette fois-ci ? Y a-t-il des garanties pour que l’accord tienne ? Et quel rôle l’Egypte a-telle joué ?
Jihad Al-Harazeen : En effet, plusieurs accords ont été préalablement conclus entre le Fatah et le Hamas, et les efforts n’ont pas cessé depuis 2007, depuis la division due à la prise du pouvoir à Gaza par le Hamas. Pendant toute cette période, l’Egypte n’a pas lésiné sur les moyens de mettre un terme à la division, fournissant d’intenses efforts pour obtenir une réconciliation. Il y a l’accord de mai 2011, suivi d’autres accords, dont celui d’octobre 2017. Pourtant, à chaque fois, les choses se compliquaient une fois qu’on passait à l’application, et ce, pour plusieurs raisons.
D’abord, l’intervention de parties étrangères qui ne veulent pas d’une réconciliation. Ensuite, le manque de maturité : les intérêts personnels prenaient le dessus sur l’intérêt général. Ce qui a conduit à la non-application des accords de réconciliation. La différence, cette fois-ci, c’est qu’il n’y a pas de nouveau texte, mais un accord sur les modalités d’application de celui d’octobre 2017. Ce dernier stipulait en premier lieu le transfert de pouvoir au gouvernement d’union nationale de Rami Hamdallah à Gaza.
Cette fois-ci aussi, nous avons noté que le Fatah et le Hamas acceptent volontiers les efforts égyptiens, d’autant plus que le président Abou-Mazen a appelé à plusieurs reprises à la nécessité que ces efforts soient couronnés de succès.
— Tout le monde est aujourd’hui conscient qu’il faut absolument parvenir à une réconciliation, mais quels sont les compromis que les uns et les autres sont prêts à faire ?
— Il est vrai que la réconciliation est indispensable, notamment au vu de la situation dans la région. Il n’y a aujourd’hui plus de place ni pour les manoeuvres, ni pour les déclarations provocantes. Les accords du Caire de 2011 et de 2017 ont proposé des solutions à toutes les questions en suspens ainsi qu’un calendrier précis. La première étape est de permettre au gouvernement d’union nationale de faire son travail à Gaza, c’est-à-dire de lui transférer les autorités qui lui sont propres. Et ce, afin notamment de pouvoir préparer des élections législatives libres et transparentes. Un scrutin que l’on attend depuis 8 ans, qui devait initialement avoir lieu en 2010, et qui n’a pas pu être tenu à cause de la division. Le Fatah, le président Abou-Mazen et le gouvernement Hamdallah sont prêts à mettre en pratique la réconciliation. Il reste au Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, de faire preuve de bonne volonté, de transférer le pouvoir au gouvernement d’union nationale et de mettre en avant l’intérêt national.
— La situation à Gaza est très tendue entre le Hamas et Israël malgré l’accord de cessez-le-feu. Une vraie réconciliation, si elle a lieu, peut-elle changer la donne ?
— A Gaza, le peuple palestinien vit dans des conditions très difficiles, pénuries d’eau et d’électricité, problèmes sanitaires et écologiques, etc. Il subit les conséquences des agressions et du blocus israéliens. Mais c’est le cas aussi en Cisjordanie et à Jérusalem où Israël viole le droit international et où les agressions contre le peuple palestinien ne cessent pas. Les conditions de vie des Palestiniens préoccupent en premier lieu la direction palestinienne. C’est de là qu’émanent les appels à mettre fin à la division, notamment afin de contraindre Israël à lever le blocus. Il est certain que la réconciliation servira les intérêts de tous.
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