Des milliers de Mauritaniens ont manifesté contre la tenue du référendum constitutionnel.
Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, a lancé samedi dernier la campagne pour le référendum constitutionnel du 5 août. Le pouvoir ainsi que l’opposition modérée appellent les quelque 1,4 million de Mauritaniens à voter oui le 5 août. Ce n’est pas le cas de l’opposition radicale, qui a décidé de boycotter le référendum. Un scrutin également rejeté par les constitutionnalistes. Plusieurs milliers de Mauritaniens ont d’ailleurs manifesté cette semaine pour protester contre sa tenue.
La révision constitutionnelle a été décidée par le président, elle prévoit notamment la suppression du Sénat et le changement du drapeau national. Outre la suppression du Sénat, qui serait remplacé par des conseils régionaux élus, le projet prévoit celle de la Haute Cour de justice, du médiateur de la République et du Haut Conseil islamique. La réforme a été adoptée le 9 mars par les députés, mais rejetée neuf jours plus tard par les sénateurs, pourtant majoritairement favorables au pouvoir.
Malgré cela, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a décidé de passer outre le rejet du projet par la voie parlementaire en le soumettant à un référendum. Ce qui a provoqué la controverse, l’opposition et plusieurs constitutionnalistes contestant la légalité de cette procédure. Déjà, le chef de l’Etat s’est engagé à plusieurs reprises à ne pas tenter de modifier la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels, assurant qu’une Constitution ne peut être changée pour des intérêts personnels, sans parvenir à faire taire les soupçons de l’opposition à ce sujet.
Insistant sur leur position, huit composantes de l’opposition mauritanienne ont signé une déclaration portant sur la création d’une nouvelle coalition pour un « boycottage actif de ce référendum sans objet et dont les desseins cachés sont évidents », selon un communiqué de cette coalition. Parmi les signataires figurent plusieurs des formations de l’opposition radicale rassemblées au sein du Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU), ainsi que l’ONG anti-esclavagiste Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste. Selon leur communiqué, elles proclament « leur volonté inébranlable de s’opposer fermement au référendum que le pouvoir s’entête à vouloir organiser en violation de la Constitution et en dehors de tout consensus », a lancé le chef du parti islamiste Tewassoul, Jemil Ould Mansour, au cours d’une conférence de presse. La nouvelle coalition a appelé tous les Mauritaniens à « s’associer activement à la campagne de boycottage de cette mascarade qui vise à perpétuer le régime de la gabegie, de l’injustice et de l’exclusion ». Le chef du parti Tewassoul a vivement condamné des appels pour un troisième mandat lancés par le premier ministre, Yahya Ould Hademine, et le chef du parti au pouvoir.
Faisant la sourde oreille, Ould Abdel Aziz, qui a appelé à un « oui massif », a promis de se rendre dans toutes les capitales régionales pour « répondre à tous ces mensonges et mystifications développés sur la place publique » par les opposants au projet. Il a insisté sur la disposition supprimant le Sénat « qui a fait tant de mal au peuple mauritanien », manifestant ainsi son irritation envers les sénateurs, qui ont bloqué l’adoption au parlement de la nouvelle Constitution, et bloqué depuis plusieurs mois le vote des lois, dont le budget de l’Etat. L’opposition, qui continue meetings et manifestations dans tout le pays pour le boycottage du scrutin, ne pourra pas pour cette raison bénéficier du temps d’antenne accordé aux parties prenantes .
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