
Le conflit a fait près de 2 000 morts et poussé plus de 545 000 personnes à quitter leur foyer.
(Photos : AP)
Malgré l’annonce de la tenue prochaine de discussions, la coalition arabe sous commandement saoudien a intensifié ses raids au Yémen, visant un QG militaire aux mains des rebelles. Ces bombardements de l’Arabie saoudite ont notamment touché le siège du commandement général de l’armée, au coeur de la capitale. Au moins quatre frappes aériennes ont visé le site, contrôlé par les miliciens chiites houthis et leurs alliés, des militaires restés fidèles à l’ancien président. Plusieurs frappes de la coalition dirigée par Riyad ont également touché Aden, la grande ville du sud, où les rebelles chiites affrontent sur le terrain des troupes restées fidèles au président en exil Abd-Rabbo Mansour Hadi. Répondant à ces raids, des accrochages ont eu lieu à la frontière saoudo-yéménite où l’armée saoudienne a envoyé des renforts en hommes et en armements, dont des chars, a rapporté la télévision satellitaire
Al-Arabiya, qui a diffusé des images montrant des colonnes de véhicules militaires transportant du matériel lourd et convergeant vers le sud du Royaume. De plus, les rebelles et leurs alliés avaient tiré un missile
Scud contre le sud du Royaume saoudien, le premier annoncé publiquement depuis le déclenchement le 26 mars de la campagne de frappes au Yémen.
Un climat de guerre totale qui va à l’encontre des efforts de paix en cours mais qui, selon les analystes, est tout à fait logique. « Malgré l’annonce de pourparlers de paix, les deux camps veulent montrer leurs forces et leurs capacités. C’est une stratégie menée par les deux parties pour entamer les négociations en position de force.
Autrement dit, les Houthis veulent occuper le plus de territoire possible, contrôler plusieurs institutions de l’Etat et différentes positions pour pouvoir dicter leurs revendications et leurs conditions. Chaque camp essaye de faire pencher la balance de son côté », explique ainsi Dr Moatez Salama, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire.
Reste donc à savoir comment se dérouleront les négociations de Genève. Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a confirmé que ces pourparlers auraient lieu à partir du 14 juin à Genève, espérant que ces réunions permettront de faire repartir un processus de transition pacifique puisque leur but est la mise en place d’un cessez-le-feu, d’un plan de retrait des rebelles des zones conquises et d’un accroissement de l’aide humanitaire. Pour réaliser ce but, Ban a réitéré son appel urgent à toutes les parties au Yémen à engager des consultations de bonne foi et sans conditions préalables. « Les Houthis ont accepté de participer aux négociations de paix, car elles se dérouleront à Genève et sous l’égide de l’Onu. En plus, Washington a appliqué la politique de la carotte et du bâton avec les rebelles lors de la rencontre entre représentants américains et houthis tenue la semaine dernière au sultanat d’Oman : ils leurs ont promis de répondre à certaines de leurs revendications, en même temps, ils ont menacé d’aider la coalition arabe », explique Dr Salama.
Manoeuvres houthies
Pour faire preuve de bonne volonté, le porte-parole des rebelles, Mohamad Abdel-Salam, a réaffirmé, dimanche dernier, que son groupe irait à Genève sans conditions préalables, ajoutant que cette position avait été notifiée à l’émissaire de l’Onu pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmad, lors d’une rencontre dans le sultanat d’Oman. Après Mascate, la délégation houthie s’est rendue à Moscou à l’invitation du ministère russe des Affaires étrangères, selon l’agence yéménite Saba, sous le contrôle des rebelles.
Et, juste avant son départ à Moscou, la délégation des Houthis a tenu des discussions avec une délégation iranienne. « Il y a un échange de points de vue et de propositions entre parties internationales et régionales sous l’égide de nos frères à Oman », a expliqué le porte-parole des Houthis. Déjà, l’ex-président Saleh avait affirmé dans un entretien à une chaîne de télévision que les Etats-Unis et l’Iran discutaient à Oman d’une possible médiation entre l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite, les deux ennemis régionaux. Ces discussions expliquent le report mené par l’Onu des pourparlers qui devaient débuter le 28 mai dans la ville suisse, car le gouvernement yéménite en exil à Riyad exigeait comme préalable à sa venue que les rebelles se retirent des territoires qu’ils ont conquis ces derniers mois. Mais la situation sur le terrain et l’avance des Houthis ont obligé le gouvernement à adoucir son ton et de renoncer à plusieurs conditions.
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