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Nakba : De catastrophes en catastrophes

Maha Al-Cherbini avec agences, Mardi, 19 mai 2015

L'anniversaire de la « Nakba » coïncide cette année avec la formation du gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël.

Nakba
(Photo: Reuters)

Comme chaque année, les Palestiniens ont célébré cette semaine le 67e anniversaire de la « Nakba », « catastrophe » en arabe, qui représente la création de l’Etat d’Israël en 1948. En effet, le 15 mai 1948 restera une date gravée dans la mémoire de tout Palestinien car, ce jour, au moins 700 000 Palestiniens ont quitté leurs maisons, plus de 400 villages ont été détruits et des mil­liers de Palestiniens tués. Pour com­mémorer ce souvenir noir, les Palestiniens ont organisé cette semaine de grandes manifestations au nord de la Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza, pour récla­mer le retour des réfugiés et l’unité palestinienne. Lors des manifesta­tions, de graves affrontements avec les soldats israéliens ont fait au moins 27 blessés palestiniens.

Il va sans dire que l’anniversaire de cette année revêt un caractère exceptionnel, car il coïncide avec la formation du nouveau gouverne­ment israélien de Benjamin Netanyahu, l’un des plus à droite de l’histoire d’Israël, qui a obtenu l’ap­probation de la Knesset le même jour de l’anniversaire de la Nakba. Pure coïncidence ou mauvais augure pour le processus de paix ? La seconde hypothèse semble la plus crédible, car Netanyahu a promis, pendant sa campagne électorale, de continuer la colonisation et a enterré l’idée d’un Etat palestinien. Pour les analystes, le choix d’un gouverne­ment de faucons confirme les inten­tions malicieuses du chef israélien. Dans son nouveau cabinet, on ne voit que des partis d’extrême droite nationaliste et religieuse : Likoud (droite), Koulanou (centre-droit), Foyer Juif (nationaliste religieux), Shass (ultra-orthodoxe), Torah et Judaïsme Unis (ultra-orthodoxe). Les noms mêmes des nouveaux ministres n’inspirent que pessi­misme et inquiétude. Outre Netanyahu qui a conservé le porte­feuille du ministre des Affaires étrangères, le nouveau ministre de l’Education, le chef du Foyer Juif, Naftali Bennett, est un ardent défen­seur des intérêts des colons, qui rejette la création d’un Etat palesti­nien. De plus, Moshe Yaalon, ministre de la Défense, est un faucon du Likoud et fervent partisan de la colonisation. « Ce gouvernement n’est pas un gouvernement de paix. C’est un gouvernement qui souhaite instaurer un Etat juif sur toute la Cisjordanie », déplore Nabil Chaath, membre du comité central du Fatah.

Or, ce cabinet, censé résoudre ces crises insolubles, risque sa vie juste après sa naissance car il repose sur une majorité minimale (61 sur 120 de la Knesset), ce qui met le premier ministre à la merci de la moindre défection et surtout à la merci de ses alliés radicaux. Déjà, ces derniers ont largement exploité la chance et ont imposé leurs conditions au pre­mier ministre, en demandant des postes-clés dans son gouvernement. Jusqu’au dernier moment, Netanyahu a dû mener des négocia­tions douloureuses avec des membres du Likoud pour prévenir une fronde. Il a même dû faire adop­ter une loi qui accroît le nombre des portefeuilles ministériels, de 18 à 20, pour satisfaire le plus grand nombre de ses alliés. Malgré tout, Bibi n’a obtenu que la plus étroite des marges de la confiance de la Knesset.

Outre la précarité de son cabinet, Netanyahu va confronter un autre danger de poids : la forte pression des Américains, Européens et Palestiniens de plus en plus frustrés par l’absence de progrès vers la paix, à cause de la poursuite de la colonisation. Un dossier épineux qui risque de l’isoler sur la scène inter­nationale et perturber ses relations avec le grand allié américain. Rejetant la colonisation comme obs­tacle majeur à la paix, le président américain, Barack Obama, a réaf­firmé samedi son attachement au principe de la création d’un Etat palestinien indépendant. « Je conti­nue à croire qu’une solution à deux Etats est absolument cruciale pour la sécurité d’Israël et la stabilité de la région », a insisté Obama. Envenimant de plus en plus ses rela­tions avec Wahington déjà au plus bas, Netanyahu a affirmé, dimanche, qu’il « est toujours possible de stop­per un accord nucléaire avec Téhéran ». Selon les analystes, cette persistance de Netanyahu à avorter tout accord avec Téhéran et à pour­suivre la colonisation au grand dam de Washington et de la communauté internationale risque de mettre le feu aux poudres entre les deux pays et d'isoler Tel-Aviv sur la scène internationale.

A présent, Netanyahu ne fait que tourner dans un cercle infernal. Il risque de s’isoler sur la scène inter­nationale. Il risque de perdre le grand allié américain. Et de plus, il risque de voir la nouvelle coalition fragile, dont il a tant rêvé, se dislo­quer. En décembre, Bibi a fait écla­ter sa coalition avec les travaillistes qui entravaient ses plans, selon ses propos, pour former une « coalition de faucons ». Or, cette dernière s’est vite tournée en cauchemar, de quoi pousser Bibi à tendre de nouveau la main aux travaillistes qui lui ont opposé, cette fois, une fin de non-recevoir .

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