
Une fois la trêve humaine finie, les combats se poursuivront.
(Photo:AP)
« La crise au Yémen ne pourra être réglée que par l’implication de tous les protagonistes et un dialogue global qui n’exclut personne ». C’est ce qu’a déclaré Ismail Ould Cheikh Ahmed, l’émissaire de l’Onu, lors d’une conférence à Riyad consacrée au conflit yéménite et boycottée par les rebelles chiites. Les partis et les représentants de la société civile au Yémen comme le diplomate mauritanien cherchent à favoriser une reprise des négociations de paix, après des semaines de guerre qui ont affecté des millions de Yéménites. L’émissaire a invité toutes les factions à participer à une future conférence « sans aucune condition préalable ».
Les rebelles chiites, eux, réclament un dialogue au Yémen et boycottent la conférence de Riyad, qui réunit pendant trois jours quelque 400 délégués. Le vice-président yéménite, Khaled Bahah, a indiqué que malgré leur absence, les Houthis pourraient prendre part à de futures négociations. « Ils ont choisi de ne pas participer à cette conférence, mais, en fin de compte, ils vont venir à de futures rencontres », a insisté Bahah.
Selon les analystes, il est en effet indispensable que toutes les parties s’assoient sur une même table de négociations. Dr Eman Ragab, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire, estime en effet que le boycott des Houthis ne durera pas longtemps. « L’absence des Houthis de cette conférence est due à deux raisons. Première raison : les déclarations saoudiennes étaient claires et directes. Avant la conférence, l’Arabie saoudite a annoncé que la rencontre n’avait pas pour objectif de lancer des négociations, mais plutôt de prendre des décisions. Elle a déclaré qu’elle avait déjà préparé un accord avec des articles précis selon lesquels les Houthis doivent céder tous leurs acquis et que ces derniers doivent le signer. Et bien sûr, les Houthis refusent de céder leurs positions sans contrepartie. Deuxième raison : les Houthis avancent sur le terrain et dominent plusieurs régions, et les raids aériens de la coalition arabe n’ont ni affecté leur avancée ni affaibli leur pouvoir », explique l’analyste.
En effet, il est aujourd’hui clair que la crise yéménite ne peut être réglée que par un dialogue politique sous l’égide de l’Onu. Les Houthis résistent toujours face aux frappes de la coalition et avancent d’un pas rapide et sûr sur la terre. Et l’Iran les soutient toujours en leur accordant des aides militaires et humanitaires.
Un jeu d’équilibriste
Déjà, Washington s’est impliqué entre l’Iran et l’Arabie saoudite cette semaine en essayant de maintenir l’équilibre entre les deux puissances. Au cours de la trêve appliquée la semaine dernière, l’Iran a voulu envoyer un cargo maritime au port yéménite. Et l’Arabie saoudite a exigé de l’inspecter avant son arrivée aux eaux nationales yéménites. Ce que Téhéran a refusé, menaçant de pénétrer dans les eaux nationales yéménites par force. Washington a alors suggéré que le cargo arrive au centre d’aide mis en place à Djibouti depuis le premier avril dernier pour aider les Yéménites à l’extérieur et à l’intérieur du pays, et qu’il soit examiné par l’Onu.
Evidemment, l’affaire dépasse la question du cargo. C’est l’une des manifestations de l’affrontement entre les deux puissances. « Cette affaire est liée au conflit durable entre les deux pays rivaux. Chacun voulant s’imposer face à l’autre. Et c’est justement dans ce cadre qu’entre le conflit yéménite », explique Dr Eman. Conscient de cette situation, les autorités américaines ont insisté, lors de la conférence du Camp David avec les pays du Golfe, sur la nécessité de trouver une solution pacifique et le dialogue pour sauver ce pays. L’objectif est donc désormais d’organiser une nouvelle conférence dans les semaines à venir. L’appel a d’ores et déjà été lancé par le vice-président. Reste à savoir quand et comment cette conférence aura lieu. Et surtout si les vrais acteurs de ce conflit, à savoir l’Arabie saoudite et l’Iran, sont prêts à la paix.
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