
LesUkrainiens de Kiev ont voté en masse, alors que l'Est séparatiste semble coupé de la présidentielle.
(Ph0to:Reuters)
Après six mois d’une grave crise politique qui a tourné à la confrontation entre Russie et Union Européenne, une partie des Ukrainiens ont élu dimanche dernier un nouveau président. Celui-ci souhaite mettre fin à l’insurrection séparatiste pro-russe dans l’est, normaliser les relations avec la Russie et redresser une économie en ruines.
En revanche, les régions séparatistes de l’est ont refusé cette présidentielle : rues vides, bureaux de vote fermés et tirs sporadiques. Pour ces régions séparatistes, l’Ukraine est maintenant « un autre pays » et cette élection ne les concerne pas.
Sans surprise, le milliardaire pro-occidental Petro Porochenko a remporté la présidentielle dès le premier tour avec près de 56 % des voix, devançant largement Ioulia Timochenko, égérie de la Révolution orange et ex-première ministre avec 13 % des voix.
Juste après sa victoire, M. Porochenko a affirmé que ses priorités seraient de « pacifier l’Ukraine en trois mois », de normaliser ses relations avec Moscou et de mener le pays sur la voie de l’« intégration à l’Europe ». « Mon premier voyage sera dans le Donbass », le bassin minier de l’est de l’Ukraine qui réunit les deux régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk, a affirmé M. Porochenko.
Soutien des contestataires du Maïdan, M. Porochenko avait mis ses ressources financières et médiatiques au service de Maïdan, haut-lieu de la contestation pro-européenne qui a abouti à la destitution, en février dernier, du président pro-russe Viktor Ianoukovitch.
Porochenko est loin d’être un novice en politique : il a été ministre de l’Economie du président déchu Ianoukovitch, l’un des fondateurs de son parti, ministre des Affaires étrangères et puissant chef du Conseil de sécurité nationale sous la présidence du pro-occidental Viktor Iouchtchenko, dont il est proche.
Un pays déchiré
Sera-t-il pour autant capable d’unir un pays qui se déchire, alors qu’au lendemain de son élection, les séparatistes de l’est ont rejeté son pouvoir et affirmé poursuivre leur combat pour l’indépendance ? La tâche semble difficile, car la question dépasse les frontières de l’Ukraine et incarne le bras de fer qui oppose Moscou à l’Occident.
M. Porochenko a affirmé qu’il serait capable de trouver un compromis avec le président russe, Vladimir Poutine, dans tous les domaines « à l’exception de deux dossiers cruciaux » : le statut de la Crimée qui, selon lui, « est et restera ukrainienne » et « l’orientation pro-européenne de l’Ukraine ». Mais ces deux pommes de discorde sont un frein à toute solution à la crise.
La plupart des analystes estiment que, quel que soit le nom du nouveau président, le drame ukrainien ne prendra pas fin tant que les vrais protagonistes de la crise persistent à poursuivre leur guerre sur les zones d’influence. L’Europe et les Etats-Unis tiennent à « arracher » l’Ukraine à la Russie pour élargir leurs zones d’influence, et Poutine ne semble pas près d’y renoncer.
Pour Moscou, l’Ukraine est une question « de vie ou de mort ». Pourtant, Poutine a décidé récemment de changer de tactique et a adopté une politique davantage bienveillante pour éviter l’imposition de nouvelles sanctions. Poutine s’est employé cette semaine à justifier sa position sur l’Ukraine et a jugé « impossible » d’isoler la Russie dans une nouvelle guerre froide. Tout en affirmant sa détermination à ne pas céder sur l’Ukraine, Poutine a fait plusieurs gestes d’apaisement en assurant que les troupes russes déployées près de la frontière de l’Ukraine retourneraient dans leurs casernes au cours des vingt prochains jours.
Autre geste : le président russe a affirmé « respecter » le choix des Ukrainiens lors des présidentielles. « En vertu de la Constitution, il ne peut y avoir d’élection car Ianoukovitch est le président. Mais nous voulons que le calme revienne en Ukraine, alors nous respectons le choix du peuple ukrainien », a-t-il ajouté, assurant que Moscou « travaillerait avec les nouvelles autorités ».
Ces gestes d’apaisement ont été accueillis « avec prudence » par l’Occident et les Etats-Unis sceptiques qui ont demandé des « actes concrets » .
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