La France est la seule puissance étrangère à posséder à Jérusalem quatre sites - dits "domaines nationaux" - fruits d'un long héritage historique. Outre le site de l'Eléona, dans lequel la police israélienne a pénétré jeudi, on dénombre le Tombeau des Rois, le domaine de Saint-Anne et le monastère d'Abou Gosh.
L'Eléona
Propriété de la France depuis le XIXe siècle, le domaine national de l'Eléona est situé sur le mont des Oliviers à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël depuis 1967.
Le site a été construit sur la grotte dite du "Pater", où le Christ, selon la tradition chrétienne, aurait enseigné la prière du "Notre Père" ("Pater noster", en latin) à ses disciples. Une basilique, aujourd'hui en ruines, y a été construite par Hélène la mère de l'empereur Constantin, au IVe siècle.
Longtemps interdit d'accès aux chrétiens, le domaine est racheté en 1856 par Aurélie de la Tour d'Auvergne qui y fait construire un cloître au-dessus de la grotte par Viollet-le-Duc. Elle en fait don à la France en 1874.
Des carmélites y vivent depuis 1873 sous la protection diplomatique française.
Jouissant d'une vue exceptionnelle sur la Vieille Ville, le domaine attire de nombreux touristes et pèlerins.
Le Tombeau des Rois
Longtemps considéré à tort comme le tombeau des rois de Judée, le Tombeau des rois correspond plus probablement au mausolée d'Hélène d'Adiabène, reine juive du Ier siècle enterrée avec une trentaine de notables.
Le site souterrain, également situé dans la zone disputée de Jérusalem-Est, est accessible par un escalier monumental taillé dans la pierre qui descend jusqu'à une vaste grotte où se trouvent plusieurs sarcophages dont certains ont été transportés au Louvre.
Fouillé dès 1863 par des archéologues français, le Tombeau est acheté par les frères Péreire, des banquiers français juifs, qui le cèdent à la France en 1886 pour "le conserver à la science et à la vénération des fidèles enfants d'Israël".
Des juifs ultra-orthodoxes contestent toujours ce droit de propriété. Ils se réunissent régulièrement devant le portail pour obtenir le droit d'entrer et de prier sur ce site révéré.
Le lieu a rouvert en 2019 après dix ans de travaux financés par la France.
L'église Sainte-Anne
Située dans la Vieille Ville de Jérusalem, l'église Sainte-Anne se trouve à deux pas de la porte Saint-Etienne, appelée aussi porte des Lions.
Le bâtiment original, de style roman, fut construit par les croisés au XIIe siècle sur le site présumé de la maison des parents de la Vierge (dont la mère s'appelait Anne), juste à côté de la piscine de Bethesda, où selon les Evangiles, le Christ guérit un homme paralysé.
Transformée en école coranique après la chute du Royaume latin de Jérusalem en 1291, elle est offerte à la France en 1856 par le sultan ottoman pour remercier Napoléon III de son intervention contre les Russes pendant la guerre de Crimée.
Elle est gérée depuis 1878 par les "Pères Blancs", une communauté de prêtres missionnaires au Maghreb et en Afrique sub-saharienne, chargés du dialogue avec les Eglises orientales présentes à Jérusalem.
En 2020, Emmanuel Macron avait ordonné à des policiers israéliens de sortir du domaine après que ces derniers s'en furent pris à des forces de l'ordre françaises.
L'incident le plus connu reste celui de 1996, quand Jacques Chirac s'était emporté contre des soldats israéliens qui l'encadraient de trop près, avant d'exiger leur expulsion du domaine.
Le monastère d'Abou Gosh
Situé à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Jérusalem dans un village musulman israélien, le monastère d'Abou Gosh abrite des moines et moniales bénédictins depuis 1976.
Cette ancienne commanderie avait été bâtie au XIIe siècle par l'Ordre des hospitaliers pour les pèlerins qui y faisaient étape avant de monter vers Jérusalem. Le monastère compte également une chapelle de style roman décorée de superbes fresques byzantines.
Il a été donné à la France par le sultan Abdulaziz en 1873 pour compenser la prise de l'église Saint-Georges de Lydda par les Grecs orthodoxes.
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