Le président du Conseil européen, Charles Michel. Photo : AFP
Les choix de l'Union européenne ne doivent pas dépendre du résultat de l'élection américaine, juge le président du Conseil européen Charles Michel.
"Il y a des différences entre (Kamala) Harris et (Donald) Trump, c'est évident", a souligné M. Michel dans cette interview réalisée jeudi avec l'European Newsroom, qui regroupe des agences de presse européennes dont l'AFP.
"A court terme, ce sera différent. Mais à moyen terme, à long terme, est-on certain que ce sera fondamentalement différent ?" s'est-il interrogé.
Les pays européens attendent avec fébrilité le résultat de l'élection présidentielle américaine du 5 novembre, qui pourrait conduire au retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Ils redoutent que la relation transatlantique en soit bouleversée au moment où l'Europe doit faire face à la menace russe et à la guerre en Ukraine.
Le milliardaire américain tempête contre les mauvais payeurs de l'Alliance, menace de suspendre l'aide militaire de Washington à l'Ukraine et d'imposer de nouveaux droits de douane contre l'Europe.
"En ce qui concerne le partenariat économique, est-ce que vous croyez que, avec ou sans Harris, ou avec ou sans Trump, les Etats-Unis ne seront plus un pays protectionniste ? a-t-il interrogé. Les Etats-Unis "sont un pays protectionniste et je regrette cette situation", a-t-il affirmé.
Dans ce contexte, les Européens ne devraient pas "réfléchir en ayant peur de qui sera le prochain président des Etats-Unis", a encore expliqué M. Michel.
"Je ne veux pas que mes enfants dépendent de qui sera le prochain président des Etats-Unis, qui sera le prochain président de la Chine ou de la Russie", a-t-il ajouté. "Je veux que mes enfants aient le contrôle de leur destin, parce que c'est en Europe que nous décidons de notre avenir et de notre destin", a encore affirmé le dirigeant européen.
M. Michel, ancien Premier ministre belge, est à la tête du Conseil européen, qui rassemble les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 pays de l'UE. Il doit être remplacé par le Portugais Antonio Costa d'ici la fin de l'année.
Revenant sur ses cinq années à la tête du Conseil européen, il a dit regretter que l'Europe ne se montre pas capable de jouer un plus grand rôle au Moyen-Orient.
Les pays de l'UE sont profondément divisés sur l'attitude à adopter face à Israël depuis l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.
"Nous sommes les premiers partenaires économiques d'Israël, d'un côté, et nous sommes le premier partenaire en termes de développement du peuple palestinien, de l'autre côté", a souligné M. Michel. "Nous devrions être plus ambitieux en ayant recours aux outils dont nous disposons des deux côtés pour assurer davantage de stabilité".
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