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Mort aux Etats-Unis du prédicateur turc Fethullah Gülen, ennemi juré d'Erdogan

AFP , Lundi, 21 octobre 2024

Gulen
Archives : Le religieux turc Fethullah Gulen, basé aux États-Unis, à son domicile de Saylorsburg, en Pennsylvanie (États-Unis). Photo : Reuters

Les proches du prédicateur musulman Fethullah Gülen, ennemi juré de Recep Tayyip Erdogan, ont annoncé sa mort lundi aux Etats-Unis, où il résidait depuis un quart de siècle, selon l'information largement reprise par les médias officiels turcs.

Selon la télévision publique turque TRT, le prédicateur de 83 ans, accusé par Ankara d'avoir ourdi une tentative de coup d'Etat en Turquie en juillet 2016, est décédé "la nuit dernière à l'hôpital où il avait été emmené".

C'est un compte X proche du mouvement, "Herkul", interdit en Turquie, qui a le premier annoncé le décès de M. Gülen "le 20 octobre".

"Le révérend Fethullah Gülen qui a passé chaque instant de sa vie à servir la religion bénie de l'islam et l'humanité a marché aujourd'hui (20 octobre) vers les horizons de son âme", écrit Herkul, en indiquant que "des informations détaillées sur les procédures d'inhumation seront partagées (ultérieurement) avec le public".

L'agence étatique Anadolu a aussi repris l'information, précisant que "l'entourage de Gülen et de nombreuses personnes proches de la direction de l'organisation, actives sur les réseaux sociaux, ont également affirmé que le leader était mort".

Bien qu'abondamment commentée sur les réseaux sociaux et en direct par les télévisions en Turquie, l'information n'a pas immédiatement suscité de réaction de la part des autorités ni de la classe politique.

Inspirateur du mouvement Gülen, aussi appelé "Hizmet" ("Service", en turc), à la tête d'un tentaculaire réseau d'écoles à travers le monde, Fethullah Gülen s'était installé de son plein gré en Pennsylvanie, aux Etats-Unis, depuis 1999.

Le prédicateur, accusé par le pouvoir turc de diriger un groupe "terroriste", affirmait qu'il ne s'agissait que d'un simple réseau d'organisations caritatives et d'entreprises.

"Traitre" 

En exil, il échappait ainsi aux griffes d'Ankara: autrefois allié d'Erdogan, il était accusé de terrorisme depuis qu'un scandale de corruption, orchestré par des magistrats acquis à la nébuleuse guléniste, avait éclaboussé fin 2013 des proches de l'alors Premier ministre.

La question sera de savoir si le président Recep Tayyip Erdogan, qui en fait son ennemi juré, autorisera le retour de sa dépouille en Turquie.

La Turquie, qui le considère comme un "traitre" - et qualifie le mouvement de "Fetö" (acronyme pour Organisation terroriste de Fethullah Gülen) - l'avait déchu de sa nationalité en 2017.

Après le coup raté du 15 juillet 2016, le chef de l'Etat a fait et fait encore procéder régulièrement à des vagues d'arrestations dans les rangs des gülénistes et exigeait de ses alliés l'extradition de tout membre du réseau ou proche de l'imam.

Des poursuites ont été engagées contre près de 700.000 personnes, et 3.000 d'entre elles, accusées d'avoir joué un rôle dans le putsch manqué, ont été condamnées à la prison à vie, selon les autorités turques.

Des purges de grande ampleur ont été également conduites dans les rangs de l'administration et de l'armée: plus de 125.000 personnes ont été limogées des institutions publiques, dont quelque 24.000 soldats et des milliers de magistrats.

Des établissements d'enseignement privé, des médias et des maisons d'édition ont aussi été fermés.

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