La Chine a lancé lundi 14 octobre une nouvelle série d'exercices militaires autour de Taïwan, envoyant des avions et des navires de guerre en guise de "sérieux avertissement" aux "séparatistes" de l'île.
Il s'agit de la dernière démonstration de force de Pékin qui considère Taïwan comme une partie de son territoire à réunifier un jour.
Pékin a mené d'autres opérations du même type ces dernières années:
Incursions d'aéronefs
Depuis l'élection à la présidence taïwanaise fin 2016 de Tsai Ing-wen, candidate du Parti démocrate progressiste (PDP), traditionnellement pro-indépendantiste, la Chine multiplie les incursions d'aéronefs militaires dans la zone d'identification de défense aérienne (ADIZ) de Taïwan.
Pékin déploie désormais quasi-quotidiennement des avions et navires de guerre autour de Taïwan.
Fin septembre, un total de 72 avions et huit navires de guerre chinois ont été détectés autour de Taïwan en une trentaine d'heures, dans un contexte de passage de navires militaires occidentaux par le détroit de Taïwan.
Réaction à la visite de Pelosi
Pékin a démarré ses plus importants exercices militaires autour de Taïwan en aout 2022, après une visite de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, sur l'île, dans le cadre d'une tournée asiatique.
Les exercices ont duré au moins cinq jours et ont consisté en ce que Pékin a appelé un "assaut de puissance de feu de missiles conventionnels" dans les eaux à l'est de Taïwan.
Selon le ministère de la Défense de Taipei, un nombre record de 446 avions de guerre ont pénétré dans l'ADIZ de Taïwan ce mois-là.
Un mois plus tard, les forces taïwanaises ont abattu pour la première fois un drone sur l'îlot Shihyu, rattaché au comté de Kinmen, au large de Xiamen.
La Chine a ensuite déployé 71 avions de guerre lors d'exercices militaires aux alentours de Noël la même année.
L'Armée populaire de libération a déclaré qu'il s'agissait d'un "exercice de frappes" en réponse à des "provocations" non spécifiées et à la "collusion" entre Etats-Unis et Taïwan.
Simulation de blocus
Le 8 avril 2023, Pékin annonce trois jours d'exercices militaires, après la rencontre entre le successeur de Nancy Pelosi à la Chambre des Représentants Kevin McCarthy et Tsai Ing-wen, à Los Angeles le 5 avril.
Vingt-neuf avions entrent au sud-ouest de la zone d'identification de défense aérienne (ADIZ) de Taïwan, et Pékin évoque alors le premier jour d'entraînement consacré à "l'encerclement" de Taïwan.
Ce jour-là, le ministère de la Défense taïwanais détecte au moins huit navires de guerre et 42 avions de chasse autour de Taïwan.
Lors de ces exercices, Pékin a simulé des frappes ciblées sur Taïwan et les médias d'État chinois ont rapporté que des dizaines d'avions s'étaient entraînés à un "blocus aérien".
L'un des deux porte-avions chinois, le Shandong, a également participé aux exercices qui ont été suivis d'un tir de fusée depuis le nord-ouest de la Chine.
Punition sévère
Le ministère taïwanais de la Défense a commencé à détecter des ballons chinois en train de survoler l'île un mois avant l'élection présidentielle de janvier.
Après l'investiture en mai du nouveau président Lai Ching-te, bras droit de Tsai Ing-wen, Pékin a annoncé deux jours d'exercices, en affirmant qu'il s'agissait d'une "punition sévère" contre les "séparatistes".
Auparavant Pékin, qui considère Lai Ching-te comme un "dangereux séparatiste", avait estimé que son discours d'investiture s'apparentait à une "confession de l'indépendance de Taïwan".
Dans son discours, Lai s'était engagé à défendre la démocratie et la liberté de Taïwan, tout en appelant au dialogue avec la Chine, rompu depuis 2016.
Comme son prédécesseur Tsai Ing-wen, Lai soutient que Taïwan n'a pas besoin d'une déclaration formelle d'indépendance - une ligne rouge pour la Chine - car elle est "déjà indépendante".
Le ministère taïwanais de la Défense a indiqué avoir détecté "autour de Taïwan" 111 avions chinois lors de la tenue de ces exercices, nommés "Joint Sword-2024A" ("Epées tranchantes unies-2024A").
Lai Ching-te s'est dit engagé jeudi, trois jours avant la détection d'un porte-avions au sud de Taïwan, à "résister à l'annexion" de l'île.
La Chine a réagi le jour-même, prévenant que les "provocations" du président taïwanais entraîneront un "désastre" pour son peuple.
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