La vice-présidente américaine et candidate démocrate à la présidentielle de 2024, Kamala Harris, salue son arrivée pour prendre la parole le quatrième et dernier jour de la Convention nationale démocratique (DNC) au United Center à Chicago, dans l’Illinois. Photo : AFP
Kamala Harris a affiché à Chicago une posture particulièrement ferme sur les questions de politique étrangère tout en s'essayant à un rééquilibrage sur Gaza, une stratégie qui vise avant tout à battre Donald Trump dans la course à la Maison Blanche.
Dans son discours jeudi à la convention démocrate, la vice-présidente américaine a juré qu'elle ne ferait "pas ami-ami avec les dictateurs", à l'inverse d'un milliardaire et ancien président qui "veut lui-même être un autocrate".
Elle tente ainsi d'apparaître comme plus musclée, plus capable sur la scène internationale que son adversaire républicain.
Une forme de rupture avec son président Joe Biden, qui avait fait campagne en 2020 avec la promesse de mettre un terme aux "guerres sans fin". Barack Obama avait lui aussi porté un message d'apaisement sur la scène internationale à son arrivée au pouvoir en 2008, après le belliqueux George W. Bush.
La démocrate Kamala Harris, elle, a lancé à la foule de Chicago son franc soutien à l'armée, affirmant qu'elle tenait à ce que "la force combattante et létale la plus puissante du monde" demeure américaine. Elle a aussi dit qu'elle répliquerait à toute attaque de l'Iran ou de ses soutiens au Moyen-Orient.
A grand renfort d'anciens militaires sur la scène de la convention, l'ancienne procureure a aussi martelé son soutien à l'Ukraine en guerre face à la Russie et dénoncé les attaques de Donald Trump sur l'Otan.
- Sexisme -
Pourquoi des mots si forts chez une candidate démocrate ?
"Le grand public aura toujours l'impression qu'une femme est, par essence, une dirigeante plus faible qu'un homme", estime Allison McManus, du centre de réflexion Center for American Progress, basé à Washington et plutôt à gauche.
"Donc en tant que femme, elle a besoin de faire beaucoup plus qu'un homme aurait besoin pour montrer qu'elle est forte", dit cette experte.
Cette force que projette Kamala Harris en politique étrangère ne doit pas être nécessairement comprise comme une ligne politique de va-t-en-guerre, souligne néanmoins Allison McManus.
- Gaza -
Car la question brûlante qui agite autant la diplomatie américaine que la campagne démocrate, c'est la guerre à Gaza et le solide soutien de l'administration Biden à Israël, malgré l'accumulation des victimes civiles palestiniennes. Des milliers de manifestants ont ainsi défilé dans les rues de Chicago cette semaine contre l'aide militaire américaine à Israël.
Et sur ce sujet, c'est en évoquant la souffrance des Palestiniens et en promettant de travailler à ce qu'"ils puissent accéder à leur droit à la dignité, à la sécurité, à la liberté et à l'auto-détermination", que Kamala Harris a été la plus applaudie.
L'utilisation par la candidate démocrate de l'expression d'"auto-détermination" est une étape significative, estime l'experte Allison McManus.
"Dire cela, c'est reconnaître que les Palestiniens constituent un peuple, qu'ils ont des droits et qu'ils doivent être ceux qui doivent avoir leur mot à dire pour décider de leur futur", analyse-t-elle encore.
Cela vient après sa promesse, à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu fin juillet, de ne pas "rester silencieuse" face aux souffrances des civils, elle dont son principal conseiller diplomatique, Phil Gordon, a publié un livre critique de la politique américaine au Moyen-Orient.
Mais Kamala Harris a aussi vigoureusement défendu jeudi soir "le droit d'Israël à se défendre", elle qui ne soutient pas la suspension de l'aide militaire américaine à Israël tant décriée.
"J'étais assez déçue qu'elle ne se soit pas saisie de cette occasion pour au moins essayer de faire comprendre qu'elle pourrait s'éloigner des positions actuelles" de l'exécutif américain, a déclaré Annelle Sheline, qui a démissionné en mars de la diplomatie américaine pour manifester son désaccord sur Gaza.
Elle assure cependant ne pas avoir perdu tout espoir.
Depuis longtemps aux Etats-Unis, rappelle-t-elle, s'afficher critique d'Israël était vu comme un mauvais calcul politique. Or cela, estime-t-elle, "a commencé à changer", même si "cela pourrait prendre un moment avant que la classe politique américaine" ne le comprenne.
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