Contenir la coalition de gauche du Nouveau front populaire, nommer un Premier ministre, composer un gouvernement, préparer la rentrée, le budget... Accusé de tergiverser, Emmanuel Macron, qui reçoit les forces politiques à partir de vendredi, est attendu au tournant, six semaines après l'élection d'une majorité née de sa dissolution.
Le président français, qui avait invoqué une "trêve politique" pendant les Jeux olympiques (26 juillet-11 août), a laissé passer les commémorations des 80 ans de la Libération de Provence avant de convoquer les leaders politiques et parlementaires à l'Elysée, alors qu'approchent les Jeux paralympiques (28 août-8 septembre).
La France connaîtra-t-elle la semaine prochaine son nouveau Premier ministre ? Plus de six semaines après le second tour des législatives, Gabriel Attal est toujours à la tête du gouvernement.
Chargé, depuis le 16 juillet, d'expédier les affaires courantes, il vient d'envoyer les lettres-plafond octroyant les crédits aux ministères, afin, selon ses services, que la prochaine équipe gouvernementale puisse présenter un budget. "Un pur scandale", "hallucinant", "un coup de force", tempête la gauche, en dénonçant la poursuite d'une politique "d'austérité".
Jamais un président n'avait pris autant de temps pour nommer un chef de gouvernement au terme d'élections législatives. Mais jamais non plus l'Assemblée, fragmentée, n'avait aussi peu laissé entrevoir de majorité. "Une Assemblée qui rompt totalement avec les habitudes de la Ve République. Personne ne sait trop comment l'appréhender", observe l'un des négociateurs.
Vendredi matin, la coalition de partis de gauche du Nouveau front populaire et sa candidate pour Matignon, Lucie Castets, une haut fonctionnaire inconnue du grand public, ouvriront le bal tandis que la droite de Laurent Wauquiez se présentera dans l'après-midi.
Les leaders d'extrême droite Marine Le Pen et Jordan Bardella, comme celui du parti de droite Les Républicains (LR) Eric Ciotti, qui a fait alliance avec eux, entraînant sa formation politique dans une profonde crise, seront reçus lundi. Ils n'ont aucune intention de participer à un quelconque gouvernement de coalition.
La nomination d'un Premier ministre "interviendra dans le prolongement de ces consultations, et de leurs conclusions", ont fait savoir les services présidentiels.
Budget pour début octobre
A gauche, ces rencontres interviennent au moment des traditionnelles universités d'été. Lucie Castets s'exprimera la veille chez les écologistes, puis le soir même de sa rencontre avec le président chez les communistes et le samedi chez La France insoumise (LFI, gauche radicale).
Une tribune adéquate pour tenter d'accentuer la pression sur Emmanuel Macron, sans oublier les divergences stratégiques au sein du Nouveau front populaire avec la menace, guère goûtée par ses partenaires, de destitution du président brandie par la figure de proue du parti LFI Jean-Luc Mélenchon.
Si le président campe sur son refus du NFP - la censure d'un gouvernement Castets comprenant des ministres insoumis "est acquise, c'est arithmétique", répète-t-on au sommet de l'exécutif -, qui pour occuper le poste de Premier ministre ?
Au centre, le camp présidentiel n'ose s'avancer. A droite, Les Républicains ont nettement écarté la perspective d'un accord de gouvernement.
D'autres sont plus ouverts. Et des noms circulent... jusqu'au centre-gauche. "Le président a testé auprès d'interlocuteurs" les noms d'anciens ministres tels que Xavier Bertrand, Jean-Louis Borloo, Michel Barnier et Bernard Cazeneuve, affirme un cadre du camp présidentiel.
Le président devra composer pendant au moins un an avec cette Assemblée. Où tous les regards sont déjà braqués sur le budget qui doit, Constitution oblige, impérativement être présenté début octobre au Parlement. Ce qui suppose une présentation préalable en Conseil des ministres fin septembre. Et donc un gouvernement.
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