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La Chine et l'Afghanistan relancent un immense projet d'extraction de cuivre

AFP , Mercredi, 24 juillet 2024

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Archives - Vue générale de la vallée de Mes Aynak, à 40 kilomètres au sud-ouest de Kaboul, en Afghanistan. Le gouvernement taliban tente d'attirer l'attention de la Chine en faisant miroiter sa richesse massive et intacte de minéraux, notamment le lithium, le métal argenté utilisé dans les batteries de téléphones portables et d'ordinateurs considérés comme essentiels à la vie moderne. Photo : AP

L'Afghanistan et la Chine ont officiellement relancé mercredi 24 juillet, un immense projet d'extraction de cuivre dans le deuxième plus grand gisement connu au monde, près de Kaboul, qui était enlisé depuis 2008 en raison de la guerre.

Les réserves du gisement de Mes Aynak, à 40 kilomètres au sud-est de la capitale afghane, ont été estimées à 11,5 millions de tonnes de cuivre, un métal très demandé dont les cours mondiaux volent de record en record.

La compagnie étatique chinoise China Metallurgical Group Corporation (MCC) en avait obtenu les droits d'exploitation pour trois milliards de dollars en 2008, sous le gouvernement du président Hamid Karzai.

Mercredi, des responsables talibans et des diplomates et hommes d'affaires chinois ont assisté à la cérémonie marquant le début de la construction d'une route de neuf kilomètres, entre l'autoroute reliant Kaboul à la province du Logar et le gisement de cuivre en qestion.

"Des travaux rapides devraient permettre de rattraper le temps qui a été perdu dans le lancement du projet", a déclaré le vice-Premier ministre afghan chargé des Affaires économiques Abdul Ghani Baradar lors de la cérémonie officielle qui s'est déroulée avec un important dispositif de sécurité.

Des responsables afghans ont indiqué qu'il faudrait au moins deux ans avant que le minerai de cuivre commence à être extrait. La route que les excavatrices ont commencé à percer mercredi devrait être terminée au début 2025.

Le projet a été paralysé par la guerre entre les insurgés talibans et les troupes de l'Otan, ainsi que la découverte sur place d'un inestimable site archéologique bouddhique, que les talibans, revenus au pouvoir en 2021, se sont engagés à protéger.

 Cours mondiaux record 

La sécurité étant globalement revenue en Afghanistan, les autorités talibanes sont soucieuses de développer l'extraction minière alors que le sous-sol afghan semble regorger de minerais et de terres rares inexploités.

Le gouvernement n'a été reconnu par aucun pays et l'économie afghane est toujours sous le coup de sanctions internationales. Mais alors que les puissances occidentales ont évacué leurs ambassades à Kaboul, plusieurs pays, Chine en tête, ont de plus en plus de relations diplomatiques et économiques avec les talibans.

La Chine est le seul pays à avoir nommé un nouvel ambassadeur à Kaboul depuis le retour de ces derniers au pouvoir, il y a près de trois ans.

"Les relations économiques et commerciales entre [nos] deux pays sont de plus en plus fortes", a déclaré à la cérémonie l'ambassadeur de Chine en Afghanistan, Zhao Xing.

La Chine représente à elle seule la moitié de la consommation mondiale de cuivre, dont les cours ont atteint des records en mai sous l'effet d'une hausse de la demande mondiale.

Le cuivre est recherché notamment dans les domaines des composants électroniques, des véhicules électriques, des énergies renouvelables telles les éoliennes et aussi de l'intelligence artificielle et des centre de données.

 "Préserver les reliques" 

Mais la sécurité des investissements en Afghanistan reste une préoccupation. Le groupe État islamique a mené diverses attaques contre des étrangers dans le pays d'Asie centrale.

En 2022, au mois cinq ressortissants chinois avaient été blessés dans l'assaut d'un hôtel fréquenté par des hommes d'affaires chinois à Kaboul.

Les responsables talibans se sont engagés à plusieurs reprises dans leur discours d'inauguration mercredi à protéger le personnel de la mine.

Lors de leur premier règne (1996-2001), les talibans avaient horrifié la planète en dynamitant les bouddhas géants de Bamiyan.

Mais depuis leur reconquête de Kaboul, ils se sont engagés à préserver ce qu'il reste des sites archéologiques du pays après plus de 40 ans de conflits armés.

Le ministre de l'Information et de la Culture, Khairullah Khairkhwa, a indiqué mercredi qu'un accord avait été passé avec MCC pour que le cuivre "soit extrait de manière à préserver les reliques".

"Il sera extrait non pas à la verticale, mais depuis les côtés", a-t-il dit sans fournir davantage de précisions.

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