A une semaine du premier tour des législatives françaises, le camp du président Macron cherche toujours à combler son retard sur la coalition de gauche et surtout l'extrême droite, grande favorite, en promettant "changement" et une gouvernance plus près du peuple.
"Il y aura, quel que soit le résultat, un avant et un après", a martelé dimanche le Premier ministre Gabriel Attal sur le plateau du Grand Jury RTL/M6/Le Figaro.
"(...) Dans la méthode, dans la gouvernance, on doit faire mieux (...) en allant chercher des coalitions avec les Français, avec la société civile", a détaillé le chef de file du camp présidentiel pour cette campagne électorale express.
Et d'assurer que cette inflexion a été endossée par Emmanuel Macron, élu pour la première fois en 2017 puis réélu en 2022. Il "a parfaitement compris que dans notre manière de faire, dans la méthode, sur le fond, il fallait un changement", a insisté M. Attal.
Selon deux derniers sondages, le Rassemblement national (RN, extrême droite) et ses alliés obtiendrait entre 35,5 et 36% des voix, devant le Nouveau Front populaire, alliance de partis de gauche (27 à 29,5%), et le camp présidentiel (19,5 à 20%).
Dans le même registre, la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet s'est livrée à un mea culpa sur BFMTV, consentant que les macronistes avaient été "trop verticaux": "je pense qu'on n'a pas associé les Français aux politiques que l'on a menées".
Une critique récurrente adressée à Emmanuel Macron, à laquelle il a tenté de répondre par des initiatives telles que le Grand Débat national, vaste consultation citoyenne engagée après la révolte des "gilets jaunes", qui avait vu en 2018/2019 des centaines de milliers de personnes se soulever contre sa politique économique et sociale.
Scholz "préoccupé"
Porté par la dynamique des européennes, le président du RN Jordan Bardella a lui abordé la deuxième semaine de la campagne en cherchant à jouer la carte de l'apaisement et du rassemblement.
"Moi, je veux réconcilier les Français et être le Premier ministre de tous les Français, sans aucune distinction", affirme-t-il dans une interview au Journal du dimanche, réitérant qu'il n'accepterait le poste que s'il obtenait la majorité absolue lors des législatives.
Une des figures du RN, Louis Aliot, maire de Perpignan (sud-ouest), a lui aussi insisté dimanche sur cette condition. Car à défaut, "il y aura des mesures qui ne seront pas applicables immédiatement".
Le RN doit dévoiler lundi matin ses "priorités du gouvernement d'union nationale" qu'il entend instaurer.
L'arrivée de l'extrême droite au pouvoir en France inquiète le chancelier allemand Olaf Scholz.
"Je suis préoccupé par les élections en France", a-t-il déclaré. "Et j'espère que les partis qui ne sont pas celui de (Marine) Le Pen, pour le dire ainsi, remporteront les élections. Mais c'est au peuple français de décider", a-t-il ajouté.
Qu'il se taise
L'alliance de gauche, elle, s'est de nouveau embourbée dans les spéculations autour de son candidat pour le poste de Premier ministre en cas de victoire, question très sensible au sein du Nouveau Front populaire qui s'est mis sur pied en un temps record pour faire barrage à l'extrême droite et réunit communistes, gauche radicale, écologistes et socio-démocrates, aux visions parfois très opposées.
Samedi soir, le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) a affirmé son "intention de gouverner ce pays", une ligne rouge notamment chez les socialistes.
"Si j'ai un message à faire passer, c'est que Jean-Luc Mélenchon (...), s'il veut rendre service au Nouveau Front populaire, il faut qu'il se mette de côté, qu'il se taise", a grincé en retour dimanche devant des journalistes l'ancien président socialiste François Hollande, lui-même candidat.
La décision choc d'Emmanuel Macron de convoquer des législatives anticipées après son échec aux européennes du 9 juin face au RN - qui a obtenu deux fois plus de voix à ce scrutin que son parti, Renaissance - constitue sa plus grosse prise de risque depuis son arrivée au pouvoir en 2017.
Le président français avait déjà des difficultés à mettre en oeuvre son agenda depuis qu'il a perdu la majorité à l'Assemblée nationale lors des législatives de juin 2022.
Le chef de l'Etat, dont le mandat s'achève en 2027, a exclu de démissionner quelle que soit l'issue du scrutin.
Mais dans le cas où le RN en sortirait en vainqueur clair, sa "faute morale serait absolument immense", juge Vincent Martigny, professeur de sciences politiques à l'Université de Nice (sud-est), et "on peut imaginer que la seule solution honorable serait (sa) démission".
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