La Bourse de Paris a ouvert en chute de 2,37% lundi, au lendemain de l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président français Emmanuel Macron, ouvrant à des législatives anticipées dont l'enjeu est jugé "historique" par le ministre de l'Economie.
Le président Emmanuel Macron a répondu à la victoire historique de l'extrême droite française aux européennes dimanche par la convocation de législatives anticipées, plongeant le pays dans profond flou politique.
"J'ai confiance en la capacité du peuple français à faire le choix le plus juste pour lui-même et pour les générations futures. Ma seule ambition est d'être utile à notre pays que j'aime tant", a affirmé lundi le chef de l'Etat, dans un message posté lundi sur le réseau social X.
Trois semaines éclair s'ouvrent avant le premier tour des législatives le 30 juin puis le second le 7 juillet, à la veille des Jeux Olympiques de Paris (26 juillet - 11 août) et le Rassemblement national (RN), le parti d'extrême droite présidé par M. Bardella, n'a pas perdu de temps pour lancer sa campagne.
"Jordan Bardella a été élu député européen, donc il a déjà l'onction populaire" et " c'est notre candidat pour aller Matignon", nom de la résidence officielle du Premier ministre, a annoncé lundi le vice-président du Rassemblement national (RN), Sébastien Chenu.
La dissolution sonne comme un "coup de tonnerre" autant qu'un "coup de poker", au moment où "il y a une très forte volonté de la part des Français de sanctionner le président de la République", souligne la sondeuse Céline Bracq, directrice générale de l'institut Odoxa.
Emmenée par Jordan Bardella, la liste du RN a triomphé avec quelque 31,36% des voix, très loin devant la candidate macroniste Valérie Hayer (14,60%) et la tête de liste du Parti socialiste Raphaël Glucksmann (13,83%).
Le parti d'extrême droite ne fera pas d'alliance avec d'autres partis mais proposera une plateforme électorale qui "s'adressera à tout le monde en dehors des partis politiques", a averti Sébastien Chenu.
Le RN est "prêt à exercer le pouvoir", avait affirmé dès dimanche Marine Le Pen, avant un bureau exécutif avec Jordan Bardella, sur un format mimant un conseil des ministres.
"un autre chemin"
Emmanuel Macron a de son côté réuni le gouvernement dans la soirée. Le chef de l'Etat doit se rendre lundi à des commémorations à Tulle et Oradour-sur-Glane (centre), mais il a aussi promis de s'exprimer cette semaine pour dire "l'orientation" qu'il croit "juste pour la nation".
"Le président a pris les devants de quelque chose qui paraissait à chacun inéluctable", veut croire un membre du gouvernement, à cause du score de près de "40%" pour "l'extrême droite", souligne-t-il, en additionnant RN et Reconquête (5,47%).
"Il y avait un autre chemin", a regretté lundi la présidente sortante de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, espérant néanmoins que ces nouvelles élections permettent de constituer cette fois une "majorité solide" autour du chef de l'État, grâce à des "coalitions les plus larges possibles".
A Paris, la Bourse a ouvert en chute de 2,37% lundi. Les autres Bourses européennes reculaient aussi dans les premiers échanges mais moins fortement.
Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a estimé que les élections anticipées seraient celles qui auraient "les conséquences les plus lourdes de l'histoire de la Ve République".
Stéphane Séjourné, ministre des Affaires étrangères et patron du parti Renaissance a lancé un appel à "la mobilisation de toutes les forces républicaines". Les députés sortants issus "du champ républicain" pourront ainsi "bénéficier de notre investiture s'ils sont en accord avec le projet présenté", a-t-il annoncé.
"Il faut une dynamique nouvelle (...) nous sommes en train de travailler sur des axes que nous allons proposer aux Français dans les jours qui viennent", a annoncé lundi la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot.
Front populaire
A gauche, les tractations risquent d'être ardues entre les partis de gauche qui se sont abîmés dans ces européennes par des coups de boutoirs entre socialistes et insoumis (gauche radicale).
Lundi, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a lui rejoint la proposition du député du parti de la gauche radicale LFI, François Ruffin, de constituer un "front populaire" pour contrer l'extrême droite. Mais il avait estimé la veille que le "rapport de forces a évolué" en faveur des socialistes avec l'avance de la liste de Raphaël Glucksmann devant celle de Manon Aubry (LFI, 9,89%).
En attendant le temps est suspendu à l'Assemblée nationale. "Tout le programme est annulé. C'est un peu le coup de massue. Personne n'avait vu le coup venir", glisse une source parlementaire
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