En Slovaquie le récent attentat contre le Premier ministre Robert Fico pèse sur les élections européennes, conduisant à accroître la sécurité et renforçant, selon les sondages, le soutien à son camp aux penchants pro-Poutine, dans un climat tendu par la guerre en Ukraine.
La présence policière sera étoffée lors du cinquième scrutin européen auquel participe la Slovaquie, un pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'UE et l'Otan depuis 2004 et qui doit élire 15 eurodéputés, sur 720 membres du Parlement européen, a annoncé le ministère slovaque de l'Intérieur.
Blessé le 15 mai par quatre balles tirées à bout portant, le chef du gouvernement populiste slovaque a publié samedi sur Facebook une photo le montrant à l'hôpital, appuyé sur une béquille, déposant son bulletin de vote dans une urne.
Dans un pays déchiré par les divisions entre un gouvernement favorable au Kremlin et une opposition pro-occidentale, M. Fico, 59 ans, en a profité pour accuser une nouvelle fois l'Occident d'attiser les tensions avec la Russie.
Il a ainsi critiqué les pays occidentaux "qui ont permis à l'Ukraine d'utiliser des armes occidentales pour attaquer des cibles sur le territoire russe", et réitéré sa promesse de "ne pas entraîner la Slovaquie dans de telles aventures militaires".
Samedi, deux policiers patrouillaient aux abords d'un bureau de vote à Rusovce, une banlieue de la capitale Bratislava, installé dans un bâtiment scolaire décoré des drapeaux slovaque et européen.
- Effet attentat -
Selon les derniers sondages, l'attentat manqué contre M. Fico, pour lequel un poète slovaque âgé de 71 ans a été écroué et inculpé de tentative de meurtre avec préméditation, a fait grimper en flèche le taux de soutien à son parti Smer-SD.
"C'est un scandale", lance Michal Tvarovsky à la sortie du bureau de vote. "On n'est pas obligé d'être d'accord avec ce que fait M. Fico, mais ce n'est pas une raison pour le tuer", déclare à l'AFP ce technicien informatique de 51 ans, originaire de Bratislava.
Sans dévoiler pour qui il a voté, M. Tvarovsky assure que "ce n'était pas les progressistes", les principaux rivaux du Smer-SD.
En revanche Kristina Morhacova, une étudiante de 20 ans originaire de Bratislava, a voté pour le Parti progressiste (PS), "non seulement parce que je ne veux pas que Smer et Co aient tous les pouvoirs dans ce pays, mais je pense que (...) les principes des progressistes sont plus proches des miens".
Vainqueur des élections européennes en 2019, le PS arrivait en tête des sondages jusqu'à l'attentat contre M. Fico, mais des enquêtes montrent que le Smer-SD aurait depuis, repris l'avantage -une conséquence de cette agression, estiment des analystes.
- Abuser de la peur -
Le Smer-SD a lancé depuis le slogan électoral: "Pour Robert Fico, pour la Slovaquie". "C'est un parti fondé sur une personnalité, et son leader a été attaqué", souligne Tomas Koziak, analyste politique à l'Université des affaires internationales ISM.
"Les politiciens du Smer-SD ont réussi à utiliser et à abuser de l'émotion de la peur", dit-il à l'AFP.
Selon lui, les électeurs qui ne se sentent plus en sécurité, "accorderont leur voix à des partis populistes comme le Smer-SD, dans l'espoir de se voir défendre par les politiciens".
Dans son premier message vidéo après l'attentat, publié trois jours avant le scrutin, M. Fico avait accusé ses adversaires d'être à la source de cette agression dont l'auteur s'était fait, selon lui, simple "messager du mal et de la haine politique" entretenus par l'opposition.
Très proche allié de M. Fico, le président slovaque récemment élu, Peter Pellegrini, a de son côté dressé sa vision des objectifs que devrait désormais adopter l'Union européenne, après avoir voté à Banska Bystrica (centre).
"Elle devra parler d'une nouvelle politique de défense ou de la manière dont elle arrêtera l'effondrement de son industrie, de son économie et de sa compétitivité afin de revenir dans les premières zones économiques du monde, où elle est en train de perdre son statut", a-t-il déclaré.
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