Un expert judiciaire de la police travaille sur les lieux après que plusieurs personnes ont été blessées dans une attaque au couteau. Photo : AFP
La brutale attaque au couteau survenue vendredi au centre de Mannheim en Allemagne, qui a fait six blessés, illustre une montée de la violence dans le débat public national qui inquiète les autorités.
Les motifs de l'agresseur présumé, un Afghan de 25 ans selon le magazine Der Spiegel, qui s'en est pris à un rassemblement d'un mouvement anti-islam restent encore à déterminer, mais la piste islamiste est évoquée par le gouvernement.
Cette affaire tragique a relancé les inquiétudes face au recours accru à la violence dans le débat politique, dans un pays connu jusqu'ici pour sa culture du compromis et son sens de la modération dans les débats.
Le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung a ainsi déploré samedi une tendance à un "recours à la violence comme partie intégrante du conflit politique".
"Le pays se trouve dans une ambiance politiquement surchauffée", met de son côté en garde le journal local Mannheimer Morgen.
"La violence n'a pas sa place dans notre ville et ne doit jamais jouer un rôle dans le débat politique, quelles que soient les positions contradictoires", a insisté le maire de Mannheim, le conservateur Christian Specht.
"Violence inacceptable"
L'agresseur présumé s'en est pris à plusieurs membres du mouvement du Mouvement citoyen Pax Europa (BPE) qui s'apprêtaient à tenir un rassemblement. Parmi les victimes figure l'une de ses figures les plus en vue, Michael Stürzenberger, connu depuis des années comme militant anti-Islam en Allemagne et proche de l'extrême droite.
Six personnes ont été blessées, dont un policier très grièvement. L'agresseur présumé a été blessé par balle et neutralisé par un policier.
Sa vie n'est pas en danger, mais il n'était pas en mesure d'être interrogé samedi après son opération.
Le chancelier Olaf Scholz a dénoncé un "attentat" et jugé que "la violence est absolument inacceptable dans notre démocratie".
Le phénomène s'amplife pourtant si l'on en croit un récent rapport du ministère de l'Intérieur montrant que le nombre d'infractions à motif politique avait atteint un nouveau record l'an passé en Allemagne.
Les autorités ont enregistré 60.028 délits de cette nature, soit environ 1.100 de plus qu'en 2022.
Elus visés
Dans ce contexte, les infractions commises envers les élus en amont des élections européennes du 9 juin se sont également multipliées ces derniers mois en Allemagne.
Le pays a notamment été ébranlé par l'agression début mai d'un eurodéputé du parti social-démocrate (SPD), grièvement blessé alors qu'il placardait des affiches électorales à Dresde, en Saxe dans l'est de l'Allemagne, région où l'AfD est très populaire.
"Jamais nous ne devons nous habituer à la violence dans la bataille des opinions politiques", a récemment déclaré le chef de l'Etat Frank-Walter Steinmeier lors d'un discours pour le 75e anniversaire de la constitution allemande, déplorant "la brutalité" des comportements politiques.
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