Le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte Macron avec le président allemand Frank-Walter Steinmeier et l’épouse du président allemand Elke Buedenbender marchent avec Uwe Neumaerker, directeur de la Fondation Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe, Ils visitent le Mémorial de l’Holocauste. Photo : AFP
Macron et son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier, accompagnés de leurs épouses, ont déposé deux gerbes aux couleurs des drapeaux français et allemand au milieu du dédale des blocs gris du mémorial, et se sont longuement recueillis à la mémoire des six millions de juifs assassinés par les nazis.
Avec eux pour cette visite, Serge Klarsfeld, qui avec son épouse allemande Beate a traqué les nazis restés impunis après la Seconde guerre mondiale, a souligné l'importance de ce moment alors que l'antisémitisme revient en force en Europe, alimenté par l'hostilité à l'offensive israélienne à Gaza en réaction à l'attaque du groupe islamiste Hamas contre Israël le 7 octobre.
"C'est très bien que le président de la République se retrouve avec le président allemand devant ce monument, surtout à un moment tragique pour la communauté juive mondiale", a déclaré M. Klarsfled, évoquant "la tragédie qui se déroule en Israël".
En visite d'Etat pour trois jours en Allemagne, M. Macron avait planté le décor dès son arrivé dimanche : la démocratie est en "crise", bousculée par la "montée" des extrêmes, une "fascination pour l'autoritarisme", et il a appelé à se rendre aux urnes pour la "défendre".
Il poursuit ainsi depuis l'Allemagne sa campagne pour les européennes, alors que la liste de son camp est loin derrière celle du Rassemblement national français (RN, extrême droite) dans les intentions de vote le 9 juin.
"Ouvrir les yeux"
Les époux Klarsfeld sont aujourd'hui controversés pour leurs prises de position en faveur du RN de Marine Le Pen, dont ils saluent l'engagement contre l'antisémitisme, après avoir longtemps combattu la formation de son père Jean-Marie Le Pen, le Front national, fondé par des partisans du régime collaborationniste de Vichy.
Mais l'heure n'était pas à la polémique. "Vous avoir ensemble inséparables, ici à Berlin aujourd'hui, en cette visite d'Etat est comme une évidence", a déclaré M. Macron avant de remettre les insignes de Grand-Croix de la Légion d'Honneur à Serge, et Grand-Officier à Beate lors d'une cérémonie à l'ambassade de France. Il a salué le combat d'une vie pour forcer à "ouvrir les yeux" sur le travail de mémoire en Allemagne, mais aussi en France durant la collaboration.
M. Macron est désormais en route pour Dresde (est), la capitale de l'Etat régional de Saxe, où il prononcera un discours en fin d'après-midi devant l'église Notre-Dame (Frauenkirche), symbole des tourments du XXe siècle dont on attend qu'une partie soit lu en allemand.
L'édifice, détruit en février 1945 par des bombardements américano-britanniques, est resté à l'état de ruines durant le régime communiste de la RDA et a été reconstruit après la réunification allemande en 1990.
"Ni vieux, ni jeune"
La ville de Dresde est emblématique de la renaissance économique de cette partie de l'ex-Allemagne de l'Est aujourd'hui connue sous le nom flatteur de "Silicon Saxony".
Mais l'ex-RDA est aussi une terre de conquête du parti d'extrême droite AfD (Alternative pour l'Allemagne), qui surfe sur la peur du déclassement et des étrangers dans ces régions longtemps coupées de l'Ouest.
Emmanuel Macron, premier président français à se rendre dans l'est de Allemagne depuis François Mitterrand en 1989, prendra la parole devant des jeunes Allemands, mais aussi des pays voisins, Tchèques, Polonais.
A Dresde, les deux présidents évoqueront les moyens de renforcer la compétitivité de l'Europe face à la Chine et aux Etats-Unis, notamment en matière d'intelligence artificielle.
Mardi, M. Macron recevra le prix international de la paix de Westphalie à Münster (ouest) pour son "engagement européen", avant de retrouver le chancelier Olaf Scholz à Meseberg, près de Berlin, pour un conseil des ministres franco-allemand.
Les deux tenteront de nouveau de mettre à plat leurs différends concernant le soutien à l'Ukraine et l'avenir de l'Europe, et de booster le couple franco-allemand, qui demeure le moteur de l'UE.
"Ce couple en est un, il n'est vieux ni jeune, il est vivant, exigeant, ambitieux pour nos deux pays, ambitieux pour notre Europe", a assuré Emmanuel Macron.
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