M. Modi, âgé de 73 ans, est encore très populaire après deux mandats, au cours desquels l'Inde a accru son influence diplomatique et son poids économique.
Le chantre du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP), qui brigue un troisième mandat, a été donné vainqueur par les analystes politiques bien avant le début des élections le 19 avril.
Cette perspective a été renforcée par plusieurs enquêtes criminelles visant ses principaux opposants.
Le ministre en chef de Delhi, Arvind Kejriwal, 55 ans, a été emprisonné pendant plusieurs semaines, son parti ayant été accusé d'avoir perçu des pots-de-vin en échange de licences d'alcool accordées à des entreprises privées.
Au lendemain de sa libération sous caution par la Cour suprême, M. Kejriwal avait appelé les électeurs à "sauver (le) pays de cette dictature", accusant le gouvernement d'instrumentaliser la justice pour éliminer l'opposition.
Samedi, il a renouvelé son appel. Au moment de déposer son bulletin dans l'urne à New Delhi, M. Kejriwal a invité ses compatriotes à "voter contre la dictature". "S'il vous plaît, votez, utilisez votre droit de vote et votez contre la dictature", a-t-il déclaré.
"Démonstration de force brutale"
Les enquêteurs "n'avaient aucune preuve et pourtant ils (ont) emprisonné" M. Kejriwal, a regretté samedi Yogesh Kumar, 42 ans, un électeur de l'opposition. "C'est une démonstration de force brutale", a-t-il relevé auprès de l'AFP.
M. Kejriwal est l'un des dirigeants de l'alliance d'opposition INDIA - avec Rahul Gandhi à la tête du parti du Congrès - formée pour rivaliser avec M. Modi dans ces élections.
Sous une chaleur caniculaire, M. Gandhi a lui aussi voté dans un bureau de vote de New Delhi samedi. Après avoir déposé son bulletin dans l'urne, il s'est pris en photo avec sa mère Sonia, mais ne s'est pas adressé aux journalistes.
M. Gandhi, 53 ans, dont le père, la grand-mère et l'arrière-grand-père ont tous été Premier ministre, a été brièvement écarté du Parlement l'an dernier après avoir été reconnu coupable de diffamation.
Les comptes bancaires de son parti sont gelés depuis février par le fisc indien, à la suite d'un différend sur des déclarations de revenu datant d'il y a cinq ans.
"Nous n'avons pas d'argent pour faire campagne, nous ne pouvons pas soutenir nos candidats", avait prévenu Rahul Gandhi en mars. "Notre faculté de livrer la bataille électorale a été endommagée."
Les opposants politiques de M. Modi et les groupes internationaux de défense des droits humains tirent depuis longtemps la sonnette d'alarme sur le rétrécissement de l'espace démocratique en Inde.
Le Haut-Commissaire des droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk, a pour sa part réagi avec inquiétude au sujet de ces élections, estimant qu'elles étaient biaisées.
"Alerte rouge"
Selon le groupe de réflexion américain Freedom House, le BJP "s'est de plus en plus servi des institutions gouvernementales pour s'en prendre aux opposants politiques" de la plus grande démocratie du monde.
Depuis l'arrivée au pouvoir de M. Modi, l'Inde a dégringolé au 159e rang sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) qui a jugé cette "place indigne d'une démocratie".
Au total, 968 millions d'Indiens sont appelés à élire les 543 membres de la chambre basse, soit plus que la population totale des Etats-Unis, de l'Union européenne et de la Russie réunis.
La septième et dernière phase se déroulera le 1er juin. Les bulletins de vote de tout le pays seront dépouillés le 4 juin. Les résultats sont généralement annoncés le jour même.
La participation aux élections générales est inférieure à celle de 2019, des analystes imputant ce recul à "un certain désintérêt" des électeurs pour un scrutin sans surprise, d'autres aux vagues de chaleur qui se sont succédé.
Le service météorologique indien a émis cette semaine une "alerte rouge" à la canicule pour Delhi et les Etats environnants, où des dizaines de millions de personnes votent samedi.
Prévoyant des températures au-dessus de 45°C, il a été conseillé de surveiller l'état de santé des nourrissons, des personnes âgées ou souffrant de maladies chroniques.
Selon les recherches scientifiques, les vagues de chaleur sont plus longues, plus fréquentes et plus intenses en raison du réchauffement climatique.
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