Secrétaire d’État américain Antony Blinken. Photo : AP
"L'aide est en route, une partie est déjà arrivée, plus arrivera. Et cela fera une réelle différence sur le champ de bataille", a promis Antony Blinken lors d'une rencontre avec Volodymyr Zelensky.
Les Etats-Unis, sur fond de disputes intestines entre républicains et démocrates, ont mis des mois à débloquer quelque 61 milliards d'assistance promises par la Maison Blanche, si bien que l'armée ukrainienne s'est retrouvée à cours d'armements au moment où la Russie repassait à l'attaque durant l'automne et l'hiver 2023-2024.
Le président ukrainien a insisté sur la nécessité de recevoir plus de moyens de défense aérienne, réclamant deux batteries de Patriots pour la région de Kharkiv, celle-là même visée par un assaut terrestre russe depuis le 10 mai et qui a subi des bombardements intenses ces derniers mois, y entraînant notamment un rationnement de l'électricité.
Blinken, dont c'est la quatrième visite à Kiev depuis le début de l'invasion russe en février 2022, est arrivé par train de nuit dans la capitale ukrainienne en provenance de Pologne.
Trois semaines après le déblocage de l'assistance américaine, les Etats-Unis ont dégagé quelque 1,4 milliard de dollars en aide militaire à puiser sur leurs stocks, essentiellement des systèmes antiaériens Patriot et NASAMS qui font cruellement défaut à l'Ukraine, ainsi que des munitions pour l'artillerie.
'Rassurer les Ukrainiens'
Mais le flot doit considérablement s'accélérer pour rattraper les mois perdus, d'autant que la Russie a l'initiative sur le champ de bataille depuis l'automne, dispose de réserves d'hommes et d'armements et a mis en place une économie de guerre.
"Ce voyage a d'abord pour but d'envoyer un signal fort pour rassurer les Ukrainiens qui se trouvent manifestement dans une situation très difficile, à la fois en raison de l'intensification des combats sur le front de l'Est, mais aussi parce que les Russes étendent maintenant leurs attaques transfrontalières à Kharkiv", a indiqué à des journalistes un haut responsable américain à bord du train transportant le secrétaire d'Etat.
La Russie a lancé vendredi une offensive surprise contre la région de Kharkiv, dont la capitale éponyme est la deuxième ville d'Ukraine et est située près de la frontière commune.
De l'aveu de l'état-major ukrainien, la Russie remporte des "succès tactiques" et une trentaine de villages sont sous le feu ennemi. Quelque 7.000 personnes ont été évacuées.
Cette opération fait craindre une percée russe face à une armée ukrainienne manquant de ressources et qui était déjà sous forte pression sur les fronts Est et Sud. Le président Zelensky a assuré lundi soir que des "contre-attaques" avaient lieu dans la région de Kharkiv et que le secteur avait été renforcé.
Dans un entretien à l'AFP, le chef de la sécurité nationale ukrainienne, Oleksandr Lytvynenko, a indiqué que "plus de 30.000" soldats russes attaquaient dans cette zone.
'Difficile de défendre'
Il a cependant estimé que, pour l'instant, aucune "menace" ne pesait sur la grande cité de Kharkiv, située à une trentaine de kilomètres de la zone des combats et qui comptait près d'un million et demi d'habitants avant l'invasion russe.
Les forces russes sont entrées par "des villages situés à la frontière même et qu'il était difficile pour nous de défendre", a expliqué à l'AFP Volodymyr Oussov, administrateur du district militaire de Kharkiv.
"Ils sont sur un terrain élevé et nous bombardent depuis là, et avec leur nombre supérieur d'infanterie, ils lancent des assauts sur nos positions", a-t-il poursuivi à un poste de contrôle hors de Kharkiv.
Par ailleurs, dans la nuit de lundi à mardi, une frappe russe contre Kharkiv a fait deux blessés, selon les autorités locales.
L'armée de l'air ukrainienne a en outre annoncé avoir détruit dans la nuit 18 drones explosifs Shahed, de conception iranienne, lancés par la Russie sur plusieurs régions.
Du côté russe, le ministère de la Défense a annoncé que 25 roquettes RM-70 Vampire ukrainiennes avaient été interceptées par la défense aérienne dans la région de Belgorod.
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