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Sadiq Khan, visage de la diversité, maire de Londres pour un historique troisième mandat

AFP , Dimanche, 05 mai 2024

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Sadiq Khan et sa femme Saadiya Ahmed posent pour les médias alors qu’ils arrivent pour voter à Londres. Photo : AP

Le travailliste Sadiq Khan est devenu samedi le premier élu à remporter la mairie de Londres pour un troisième mandat. Ce fils d'immigrés pakistanais, musulman pratiquant, est désormais le visage de la continuité pour la capitale britannique.

L'élu de 53 ans, fils d'un chauffeur de bus, avait pour la première fois ravi la mairie de Londres en 2016. Il était alors devenu le premier musulman à diriger une capitale occidentale.

Avec ce troisième mandat, remporté largement face à son adversaire conservatrice Susan Hall, il bat en terme de longévité son prédécesseur le conservateur Boris Johnson, élu deux fois à la mairie de Londres.

Pour son premier mandat, il avait combattu avec force le Brexit.

Cette fois, il a promis une ville "plus juste, plus sûre, plus verte pour tout le monde".

Il veut étendre son programme de repas gratuits pour les enfants des écoles publiques. Lui qui a grandi dans un logement social s'est engagé à ce que 40.000 nouveaux logements sociaux soient construits. Il a promis d'agir pour qu'il n'y ait plus de sans abri à Londres d'ici 2030.

Cet homme à la chevelure poivre et sel, au petit gabarit de 1m65, est jugé peu charismatique. Ce qui ne l'a pas empêché de devenir la bête noire de la presse conservatrice et des "Tories", au pouvoir au Royaume-Uni depuis 2010.

Ils l'attaquent sans relâche sur la sécurité. Ils l'accusent d'être responsable de l'augmentation des agressions à l'arme blanche, un fléau que Sadiq Khan attribue pour sa part à la politique d'austérité des gouvernements conservateurs qui auraient conduit à la baisse des effectifs policiers.

Les opposants de Sadiq Khan lui reprochent d'avoir étendu l'an dernier au grand Londres la taxe pour véhicules polluants, introduite en 2015 par Boris Johnson. Les conservateurs ont sauté sur cette opportunité, accusant Sadiq Khan d'avoir peu d'égard pour les Londoniens souffrant de la crise du coût de la vie.

Coran à Buckingham 

Les attaques contre lui dérapent parfois. L'ancien vice-Premier ministre des "Tories" Lee Anderson a affirmé en février que les islamistes avaient "pris le contrôle" de Sadiq Khan. "Il a donné notre capitale à ses acolytes", a dit le député qui a depuis rejoint le parti d'extrême-droite Reform UK.

Quelques années plus tôt, en 2019, l'ex-président américain Donald Trump l'avait ciblé durant une vague d'attentats jihadistes à Londres, et l'avait traité de "honte nationale" et de "loser total".

"Un seul d'entre nous est un loser, et ce n'est pas moi", avait répondu Sadiq Khan.

Le maire incarne une de ces success-stories que Londres, ville monde fière de sa diversité, où 46% des résidents s'identifient comme asiatiques, noirs, mixtes ou "autres", affectionne. Il ne rate jamais une occasion de revenir sur ses origines modestes et parle volontiers du fait qu'il respecte le jeûne du ramadan, ne boit pas d'alcool et essaie de faire ses prières tous les jours.

Sadiq Khan est né le 8 octobre 1970 dans une famille pakistanaise alors immigrée au Royaume-Uni depuis peu.

Il grandit dans un lotissement social à Tooting, quartier populaire du sud de Londres, avec six frères et une soeur.

Il fréquente le lycée public local, pas franchement réputé, et l'université de North London.

Un de ses professeurs repère son don pour les joutes oratoires et l'oriente vers des études de droit.

Enfant, il fait de la boxe pour pouvoir plus facilement impressionner ceux qui osent le traiter de "Paki".

A 15 ans, il adhère au Parti travailliste quand Margaret Thatcher est au pouvoir.

En 2005, il abandonne sa carrière d'avocat spécialisé en droits humains pour se faire élire député.

Trois ans plus tard, Gordon Brown lui offre le poste de ministre chargé des Communautés, puis celui des Transports l'année suivante. Il devient le premier musulman à siéger au cabinet d'un Premier ministre britannique.

Quand le palais de Buckingham lui a demandé sur quelle Bible il voulait prêter serment, il a proposé d'apporter son Coran. Sadiq Khan a laissé son exemplaire au palais, espérant qu'il servira "pour le suivant".

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