Le monde célèbre, le 3 mai, la Journée mondiale de la liberté de la presse. A cette occasion, plusieurs événements ont eu lieu dans le monde.
L’Organisation des Nations unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO), a décerné son prix de la liberté de la presse à tous les journalistes palestiniens de la bande de Gaza. « En ces temps sombres et désespérés, nous aimerions partager un message de solidarité et de reconnaissance avec les journalistes palestiniens qui couvrent cette crise dans des circonstances tragiques », a affirmé le Président du jury international Mauricio Weibel en décernant le prix.
Le décernement du prix coïncide cette année avec la guerre lancée par Israël à Gaza et qui dure depuis sept mois, engendrant la mort de 135 professionnels des médias depuis le 7 octobre. Selon l’agence de presse palestinienne WAFA, les forces d’occupation ont arrêté 100 journalistes depuis le début de la guerre, dont 45 sont toujours en détention, administrative pour la plupart. 4 journalistes sont portés disparus, affirme l’agence onusienne.
La planète en danger
Outre ce geste envers les journalistes Palestiniens, l'Unesco s’est penchée cette année sur le thème de l’environnement en publiant un rapport alarmant intitulé « La presse et la planète en danger ». Dans son rapport, l’organisation indique avoir mené, en mars, une enquête auprès de 905 journalistes couvrant des événements ayant trait à l’environnement. Celle-ci a dévoilé que 70% d'entre eux déclarent avoir été la cible « d'attaques, de menaces ou de pressions » en lien avec leur travail. Deux sur cinq journalistes disent avoir subi des violences physiques, selon le rapport.
Quelque 85% des journalistes disent avoir fait l'objet de menaces ou de pressions psychologiques, 60% ont été victimes d’harcèlement en ligne, 41% d'agressions physiques et 24% ont déclaré avoir été attaqués en justice.
Près de la moitié (45%) disent s'autocensurer par crainte de représailles, de voir leurs sources dévoilées, ou parce qu'ils sont conscients que leurs articles sont en conflit avec les intérêts des différentes parties concernées.
Les données montrent également que les femmes journalistes sont plus exposées que les hommes au harcèlement en ligne.
Les journalistes, explique le rapport onusien, sont confrontés à d’importants défis lorsqu’ils cherchent et diffusent des informations sur des questions d’actualité, telles que les problèmes se rapportant aux chaînes d'approvisionnement, aux migrations climatiques, aux industries extractives, à l'exploitation minière illégale, à la pollution, au braconnage, au trafic d'animaux, à la déforestation ou au changement climatique.
L'agence des Nations unies appelle à un renforcement du soutien aux journalistes spécialisés dans les questions environnementales car « sans informations scientifiques fiables sur la crise environnementale en cours, nous ne pourrons jamais espérer la surmonter », a indiqué la directrice générale de l'Unesco, Audrey Azoulay, citée dans le rapport. Elle souligne que « la désinformation liée au climat est omniprésente sur les réseaux sociaux ».
L’enquête, révélée lors d’une conférence tenue à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse à Santiago au Chili, souligne que « le problème est mondial ».
Les guerres et la liberté de la presse
Toujours à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, Reporters Sans Frontières (RSF) a publié vendredi son classement 2024 de la liberté de la presse.
Selon le RSF les guerres et les conflits régionaux ont affecté négativement la liberté de la presse et la sécurité des journalistes. « La guerre à Gaza a été marquée par un nombre record d’exactions commises contre les journalistes depuis octobre 2023 », explique l’organisation dans un communiqué publié à l'occasion.
Au total, plus de 100 reporters palestiniens ont été tués par l’armée israélienne, dont au moins 22 dans l’exercice de leurs fonctions. La Palestine occupe à ce titre la 157e place (sur 180 pays) du classement, perdant ainsi une place par rapport à l’année précédente.
Le classement de RSF est basé sur cinq indicateurs contextuels, qui permettent d'appréhender la liberté de la presse sur un territoire dans sa complexité : contexte politique, cadre légal, contexte économique, contexte socioculturel et sécurité. Globalement, selon l'ONG, les conditions d'exercice du journalisme sont mauvaises dans les trois quarts des pays.
La carte montre le recul d'Israël en 2023, qui a rétrogradé de 4 places pour figurer au 101e rang mondial. En Israël, le statut de la liberté de la presse passe de « problématique » à « difficile ». Le Qatar figure à la 84ème place mondiale devenant ainsi le premier pays arabe en matière de liberté de la presse en 2023
L’Ukraine est la grande surprise de ce classement. Le pays a gagné 18 places et figure à la 61ème place. RSF explique cette progression par « l’amélioration des indicateurs sécuritaires et politiques ». La Russie, elle, classée 162ème cette année, a gagné deux places.
En dépit des troubles politiques en Tunisie depuis 2011, ce pays a réussi à gagner trois places et figure au 118 ème rang mondial. Bien que la Tunisie ait perdu plusieurs places dans les indicateurs politiques et sécuritaires, elle a largement progressé au niveau des indicateurs économiques, sociaux et législatifs.
La Syrie figure en queue de classement des pays de la région. Son indicateur politique a chuté cette année ce qui la place au 179ème rang (sur 180).
L'Egypte est 170 ème, précédée par le Maroc, le Yémen, l'Iraq, le Soudan et les pays du Golfe.
Qu'est-ce que la journée mondiale de la liberté de presse ?
Le 3 mai a été proclamé Journée mondiale de la liberté de la presse par l'Assemblée générale des Nations Unies en 1993, suivant la recommandation adoptée lors de la vingt-sixième session de la Conférence générale de l'UNESCO en 1991. Ce fut également une réponse à l'appel de journalistes africains qui, en 1991, ont proclamé la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l'indépendance des médias.
Le 3 mai rappelle les gouvernements à respecter leurs engagements en faveur de la liberté de la presse. C'est aussi une journée de réflexion entre professionnels des médias sur les questions de liberté de la presse et d'éthique professionnelle.
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