Les gens marchent près du bâtiment ravagé de l’hôpital al-Salam (R) à Khan Yunis. Photo : AFP
C'est une "ville fantôme" où flotte l'odeur de la mort que Maha Thaer, une mère de famille palestinienne, a découverte en revenant dimanche à Khan Younès, grande ville du sud de Gaza, après le retrait des troupes israéliennes.
"Nous n'avons plus de ville, seulement des décombres. Il ne reste absolument rien. Je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer en marchant dans les rues", confie cette femme de 38 ans, jointe par l'AFP.
"Toutes les rues ont été rasées au bulldozer. Et l'odeur... J'ai vu des gens creuser et sortir les corps", témoigne cette mère de quatre enfants dont la maison a été partiellement détruite.
Elle a fait partie des Gazaouis qui se sont aventurés dimanche dans les rues méconnaissables de la cité du sud de la bande de Gaza.
Dès que l'armée israélienne a annoncé son retrait après plusieurs mois de combats acharnés avec le Hamas, des silhouettes ont fait leur apparition dans le paysage dévasté, surtout des hommes et des garçons, à pied, sur des charrettes tirées par des ânes, des vélos, soulevant des nuages de poussière en parcourant les rues en ruines.
Ils sont passés devant la coquille calcinée de l'hôpital Al-Salam, dont presque tous les bâtiments ont été rasés, ont longé des maisons réduites à l'état de gravats, des façades noircies éventrées, des murs couverts d'impacts.
La ville comptait près de 400.000 habitants avant le début de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas contre les colonies de l’enveloppe de Gaza.
"Choquée et triste"
Lorsque les troupes israéliennes ont prolongé vers le sud de l'étroit territoire côtier leur offensive lancée dans le nord, la population a quitté Khan Younès, s'entassant dans des camps de l'extrême sud du territoire, autour de la ville de Rafah, où quelque 1,5 million de déplacés Gazaouis ont trouvé refuge.
En revenant dimanche dans son quartier de Hamad City, une zone résidentielle plutôt privilégiée avant la guerre, Maha Thaer a découvert "choquée et triste" son domicile sans mur ni fenêtre, et pourtant moins ravagé que beaucoup d'autres.
"Beaucoup de mes voisins ont trouvé leurs maisons détruites et ne savent pas où ils iront", dit-elle.
Revenir dans cet appartement, même en partie détruit, vaudra "mieux que (de vivre dans) des tentes".
Des photos de l'AFP montrent des habitants hébétés au milieu de blocs de béton fracassés, de tôles difformes et de métal tordu. Une femme pousse ses maigres possessions sur un fauteuil roulant qui s'enfonce dans le sol sableux. Deux hommes transportent un matelas dans une rue où plus un mur n'est debout.
"Ce n'est pas croyable. Nous ne nous attendions pas à l'ampleur des destructions, confie Salima Sidam, une résidente rencontrée à Khan Younès par un correspondant de l'AFP. Il n'y a pas une maison sans martyr, sans blessé ou sans destruction. Les mots ne suffisent pas à décrire la situation".
Mohammed Dahalan, un habitant de la ville, dit avoir retrouvé son domicile avec "des matériaux explosifs à l'intérieur". "Nous ne savons pas comment les manipuler", dit-il désemparé.
Après six mois de guerre dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a déclaré à l'AFP qu'elle avait retiré de Khan Younès sa 98e division de troupes terrestres pour "se préparer à de futures opérations".
Le conflit a coûté la vie à 33.175 personnes à Gaza, la plupart des civils et la majorité des 2,4 millions d'habitants y sont menacés de famine selon l'ONU.
*Article modifié par Ahraminfo
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