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Les Slovaques élisent leur président dans un pays divisé sur l'Ukraine

AFP , Samedi, 23 mars 2024

​Les Slovaques votent samedi au premier tour de l'élection présidentielle, un scrutin aux allures de confrontation entre un représentant du camp au pouvoir proche de la Russie et un candidat favorable à l'Ukraine, soutenu par l'opposition.

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Président du parti politique "Voice" (Hlas) et candidat aux élections slovaques, Peter Pellegrini a voté au premier tour des élections présidentielles slovaques. Photo : AFP

Selon les sondages, le président du Parlement Peter Pellegrini est crédité de 37% des intentions de vote contre 36% pour Ivan Korcok, un ancien ministre des Affaires étrangères et diplomate chevronné.

Si aucun des neuf candidats en lice n'obtient plus de 50% des voix, un second tour sera nécessaire, le 6 avril.

Le vote se termine à 22H00 (21H00 GMT). Aucun sondage à la sortie des bureaux de vote n'est attendu.

M. Pellegrini, ex-chef de gouvernement, a le soutien de l'actuel Premier ministre populiste Robert Fico, qui refuse de fournir une aide militaire à l'Ukraine, a remis en question la souveraineté de ce pays et appelé à la paix avec la Russie.

Après avoir voté, il a souligné que la Slovaquie resterait ancrée dans l'Union européenne et l'Otan, malgré les déclarations de M. Fico.

"Même si nous parlons d'une politique étrangère plus souveraine, cela ne signifie pas que le cours de la politique étrangère de la Slovaquie devrait changer", a-t-il dit.

M. Korcok défend en revanche la cause ukrainienne. Il a des opinions similaires à celles de la présidente sortante Zuzana Caputova, une virulente critique du gouvernement, qui a décidé de ne pas briguer de second mandat.

"Les gens savent ce que je défends. Maintenant, c'est à eux d'aller voter", a déclaré M. Korcok après avoir glissé son bulletin dans l'urne.

Votant dans la ville de Pezinok, à l'est de Bratislava, Mme Caputova a déclaré qu'elle espérait que son successeur "représenterait bien notre pays à l'étranger".

- "Fico 2.0" -

Parmi les autres candidats en lice, l'eurosceptique Stefan Harabin, 66 ans, qui a ouvertement fait l'éloge du président russe Vladimir Poutine, arrive en troisième position dans les sondages.

A Bratislava, Tomas Gubala, ingénieur en informatique, a voté pour M. Korcok, "la seule option viable", selon lui, "car Pellegrini est essentiellement un Fico 2.0".

Juraj Jankovich, retraité de Bratislava, a jugé que M. Pellegrini "mettrait de l'ordre en Slovaquie". "Il est franc et n'a jamais laissé tomber les gens. Il a été un Premier ministre calme et sage et il sera un bon président", a-t-il ajouté.

Les analystes estiment qu'un président soutenu par M. Fico pourrait renforcer la politique étrangère anti-ukrainienne du gouvernement de ce pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'Otan et de l'UE.

"Pellegrini (...) agira très probablement comme un allié" du gouvernement de M. Fico, a déclaré à l'AFP l'analyste Pavol Babos, basé à Bratislava, alors qu'Ivan Korcok sera très probablement son "contrepoids". "Il utilisera divers outils pour corriger leurs tendances antidémocratiques", a-t-il ajouté.

La guerre en Ukraine voisine a divisé les Slovaques pendant la campagne électorale.

Lors du dernier débat avant le scrutin, M. Pellegrini, 48 ans, a réclamé "un cessez-le-feu immédiat et l'ouverture de négociations de paix" entre Kiev et Moscou.

Une position dénoncée par M. Korcok, 59 ans.

"La Fédération de Russie a piétiné le droit international (...). Je ne pense pas que l'Ukraine doive renoncer à une partie de son territoire pour parvenir à la paix", a-t-il affirmé à l'AFP. "La paix ne peut pas être synonyme de capitulation", a-t-il encore martelé.

- Corruption -

M. Korcok est soutenu par l'opposition qui considère qu'une victoire de M. Pellegrini ouvrirait la voie à l'octroi d'une grâce présidentielle pour des alliés du pouvoir coupables de corruption.

Au fil des années, Robert Fico a permis à M. Pellegrini d'accéder à divers postes, dont celui de président du Parlement.

Ce dernier est lui-même devenu Premier ministre après la chute du gouvernement Fico en 2018, à la suite du meurtre du journaliste d'investigation Jan Kuciak et de sa fiancée.

Cette affaire avait déclenché de grandes manifestations qui avaient forcé Robert Fico à démissionner, le journaliste ayant travaillé sur les liens entre son parti Smer-SD et la mafia italienne.

Bien que ses fonctions soient essentiellement protocolaires, le chef de l'Etat slovaque ratifie les traités internationaux, nomme les principaux juges et est le commandant en chef des forces armées.

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